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A N [TA С HI R( )N - M R( )Z( )W S К A

LA COLLECTION DE MINIATURES DU ROI STANISLAS AUGUSTE

(Résumé)

Les miniatures jouaient au XVIIIe siècle un rôle considérable dans la vie des gens aisés, servant, enchâssées plus ou moins
richement,de motif central aux bijoux, boîtes, ou différents accessoires, mais également de décor dans certains intérieurs à caractère
privé. Le roi Stanislas Auguste ne dérogea pas à cette règle. Sa collection de miniatures, qui en large partie était accrochée en quatre
panneaux dans son cabinet de travail du Château royal de Varsovie, est aujourd'hui disparue. Cependant, les différents inventaires
conservés, tant ceux rédigés du vivant du roi, en 1783, 1787, 1795, 1796 et celui de Marcello Bacciarelli, peintre favori du roi et
directeur de son équipe artistique et de ses collections, que ceux dressés ultérieurement afin de recenser les biens du dernier roi de
Pologne, constituent une source précieuse. Leur comparaison fournit une vision que l'on peut considérer comme étant la plus
complète, permet de recréer un inventaire "idéal" et de suivre l'évolution de la collection. Cette comparaison a toutefois certaines
limites, notamment quant à l'identification des personnages ou des thèmes. Ainsi, par exemple, nous ne saurons jamais si Madame
de la Vallière représentait la célèbre favorite de Louis XIV ou sa petite-nièce par alliance, fort prisée pour sa beauté et amie de
Stanislas Auguste. De même, qui peut savoir si la miniature intitulée La Touteville et son enfant, notée dans l'inventaire de 1787,
est la même que celle intitulée Une mère sauvant son enfant qui se noye, mentionnée dans l'inventaire de Marcello Bacciarelli. On
pourrait citer encore quelques exemples de ce type.

En 1795 lorsque sera dressé le dernier et le plus complet des inventaires faits du vivant du roi, le nombre de ses miniatures
atteignait 276. Toutefois, si l'on prend en compte les suvres mentionnées dans les inventaires précédents qui ne figurent pas dans
celui-ci, car vraisemblablement données à des proches, leur nombre se monte à 300.

La collection de miniatures de Stanislas Auguste peut être divisée en deux grands groupes iconographiques : d'une part les
portraits qui y sont dominants et d'autre part les sujets religieux et profanes. On peut partager les portraits en deux catégories : les
souverains historiques et contemporains tant polonais qu'étrangers et les personnalités autres. Il convient de souligner que dans ce
dernier ensemble, à côté de quelques membres de sa famille, d'hommes célèbres, la plus grande partie représentait des femmes
certaines plus ou moins intimes du roi, mais généralement connues pour leur beauté. Le manque de conséquence qui apparaît dans
le choix, comme par exemple en ce qui concerne la propre famille du roi, permet de supposer qu'il avait reçu, voire acheté, les
miniatures. Car, en effet, il aurait pu facilement commander les maillons manquant aussi bien pour les souverains que pour les
membres de sa famille.

Parmi les sujets, hormis quelques thèmes religieux, dont une majorité de Vierge à l'Enfant, il faut remarquer un grand nombre
de sujets mythologiques, en particulier Venus et les Grâces, mais aussi quelques thèmes tirés de la littérature, des scènes de genre,
des paysages, des scènes de batailles et même des représentations considérées par les inventaires comme obscènes.

La collection de Stanislas Auguste avait un caractère personnel et certainement sentimental. Sa composition, qui ne se différencie
guère de celles des aristocrates de son temps, reflète, toutefois, ses goûts personnels, comme ses faiblesses pour le beau sexe ou
encore son estime pour Stanislas Leszczyński. On peut enfin remarquer que ce n'est certainement pas la valeur marchande des
suvres qui décida de leur entrée dans la collection royale. En effet, la miniature estimée la plus chère atteignait 200 ducats, alors
que l'on sait par ailleurs que certaines tabatières ornées du portrait du roi, et certainement très richement enchâssées, étaient
évaluées à 3000 ducats.

Après le troisième et définitif partage de la Pologne en 1795, Stanislas Auguste fut obligé d'abdiquer et de se rendre à Grod-
no. Gardant, toutefois, l'espoir d'un exil romain, il fit emballer en confidence une partie de ses collections qu'il comptait emmener
avec lui et parmi celles-ci la quasi totalité de ses miniatures, ce qui traduit, à n'en pas douter, son attachement pour elles. Nous ne
savons pas quand ces suvres, qui furent entreposées dans une remise de la résidence d'été du dernier roi de Pologne à Łazienki,
revinrent à leur place. On sait cependant que la caisse contenant les miniatures était de retour au Château Royal de Varsovie en
novembre 1799.

L'inventaire de 1819 permet de constater que malgré quelques pertes et quelques ventes, réalisées entre 1815 etl819, la
majeure partie de la collection existait encore. Elle fut vendue avec le reste des tableaux et du mobilier qui n'avait pas trouvé
preneur par la nièce et héritière du roi, Maria Teresa Tyszkiewicz le 27 octobre 1821 à un italien, un certain Antonio Fusi. L'en-
semble de cette transaction, très favorable à l'acquéreur, puisqu'il ne paya qu'un quart de la valeur, semble peu claire. Il ressort des
différents documents adressés au Président de Varsovie et au directeur de la douane que la destination finale des suvres se trouvait
être en Russie. Leur sort ultérieur nous est inconnu et nous ne savons pas quelles voies ont empruntées les quelques miniatures
présentes actuellement dans des collections polonaises et dont on peut supposer qu'elles ont appartenues à Stanislas Auguste.

Est-il possible de reconstituer réellement cette collection qui semble avoir été dispersée, du moins en partie, à la fin du XIXe
siècle. Cela paraît peu probable. En effet, malgré la comparaison des différents inventaires les informations sont minces, les auteurs
des miniatures étant très rarement mentionnés, alors que l'on peut supposer qu'une partie d'entre elles pouvait être signée, il en va
de même pour les sources, la technique et le format. Le seul titre suivi de dimensions se révèle alors insuffisant et il est probable
que les belles amies du dernier roi de Pologne gardent leur anonymat figurant dans quelque collection, à moins de ne trouver
d'autres sources qui permettraient de suivre le sort de la collection après 1821.

Anita Chi ro n - M rozow s к a
 
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