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Rocznik Historii Sztuki, tom XXIX
Wydawnictwo Ncriton. 2004

A la mémoire de Jacques Merle du Bourg (1938-2004)

ALEXIS MERLE DU BOURG

LES RUBENS ET DUC DE RICHELIEU.
NOUVEAUX DOCUMENTS, NOUVELLES PERSPECTIVES

Armand-Jean de Vignerod du Plessis, deuxième duc de Richelieu (Le Havre-de-Grâce, 1629-Paris,
1715), fait assez pâle figure si on le compare à son grand-oncle ou même à son fils, le sémillant maréchal
de Richelieu. Séduisant, spirituel (Saint-Simon le range parmi les « gens à boutades »') mais insignifiant,
tant du point de vue politique que militaire, le duc ne paraît guère se distinguer dans le siècle. Héritier de
la gigantesque fortune amassée par son grand-oncle, grevée par des dettes énormes, il se débattra la plus
grande partie de sa vie dans des problèmes juridiques et financiers que son inconséquence transformera en
désastre2.

Le deuxième duc de Richelieu (Fig. I), qui porta un vif intérêt aux arts et singulièrement à la peinture,
doit d'abord sa notoriété à ses activités de «patron» (Nicolas Poussin, Charles Le Brun, Charles de La Fosse
et Antoine Coypel travaillèrent pour lui) et davantage encore au fait qu'il compte parmi les principaux
curieux du règne de Louis XIV. On sait que cet amateur fameux de tableaux de Poussin1 se mua au milieu
des années 1670 en un collectionneur acharné de Rubens, ce qui paraissait symboliser l'évolution du goût
français du Grand Siècle. Il constitua un cabinet exclusivement composé d'œuvres du maître flamand, véritable
anthologie de la peinture rubénienne unique dans le siècle, dont Roger de Piles assura la publicité en le
décrivant au gré de ses remaniements. Nous reviendrons ailleurs, sur la constitution et sur la composition de
cet ensemble exceptionnel, jadis étudié par B. Teyssèdre4 et sur lequel nous avons récemment tâché de faire
la lumière". Nous voudrions nous intéresser ici à la question, longtemps mystérieuse, du sort du cabinet
Richelieu après que Roger de Piles eut cessé d'en rendre compte.

Rappelons tout d'abord brièvement l'historique du cabinet - il faudrait dire des cabinets - composé de
tableaux de Rubens réunis par Richelieu. Nos sources principales sont les lettres échangées entre 1674 et le

' Mémoires, éd. de la Pléiade (établie et annotée par G. Tru с). I. 1953. p. 143-144.

2 J. В e r g i n (Cardinal Richelieu, Power and the Pursuit of Wealth, New Haven et Londres. 1985. éd. utilisée : Pouvoir et
Fortune de Richelieu, Hachette-Pluriel, 1988, ehap. VIII, p. 240 et s.) se montre toutefois exagérément sévère à propos de la gestion
de son patrimoine par le duc. Il méconnaît le fait qu'un système de normes et de valeurs très exigeant financièrement s'imposait
à Richelieu, duc, pair et héritier d'un nom illustre. N. E 1 i a s (Die hbfische Gesellschaft. Neuwied et Berlin. 1969, éd. utilisée: La
société de cour, Flammarion, 1985) a jadis évoqué avec pertinence les dépenses considérables consenties par les grandes maisons
aristocratiques, parfois jusqu'à la ruine, dans le cadre d'une consommation de prestige ou consommation ostentatoire, signe de leur
rang et condition de leur maintien au sommet de la hiérarchie sociale.

1 Voir Cl. Fe r raton, La collection du duc de Richelieu au Louvre, ,.Gazette des Beaux-Arts", juin 1949. p. 437-448 et
A. S с h n a p p e r, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle. II - Œuvres d'art. Paris.
1994, p. 241-242.

4 В. Te y s s è d r e. Une collection de Rubens au XVIIe siècle: le cabinet du duc de Richelieu décrit par Roger de Piles
( 1676-1681), „Gazette des Beaux-Arts", novembre 1963, p. 241-300 et Supplément à l'article le cabinet du duc de Richelieu décrit
par Roger de Piles 1676-1681, „Ga/ette des Beaux-Arts", octobre 1964, p. 198.

s Peter Paul Rubens et la France, Presses Universitaires du Septentrion. 2004.
 
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