DU ROYAUME DE NAPLES- 67
.Defultores (i) & de ceux qui dévoient difputer le prix de la Courfe à pied.
Enfuite venoienc les Prêtres, les Sénateurs Ô£ les Magiftrats qui préfidoient aux
Jeux, & après eux les Athlètes, les Danfeurs & des Troupes de Saltinbanques
déguifés en Faunes & en Satyres. Toute cette Marche étoit entremêlée de Chœurs
deMufîciens qui, lorfque la Pompe étoit fortie, alloient fe placer fur les terraffes
qui couvraient les Loges ( Carceres ), pour engager & animer la célébration par
le fon de leurs Inftrumens.
Quelquefois on y faifoit palier en revue les dépouilles des Nations vaincues
expofées fur des chars dans un ordre &C un appareil magnifique, &C ce n'étoit
pas ce qui intérelfoit le moins les Romains. » Gardez-vous ( dit Ovide dans fon
» Art d'aimer) daller parler d'amour à une jeune Fille, pendant que curieufe,
jj attentive, elle parcourt d'un œil avide les dépouilles de l'ennemi étalées dans
" le Cirque aux yeux du Peuple (z) «. Mais ce qui dans ces Pompes attiroit le
plus l'attention & les refpecTrs des Romains, c'étoit les ilmulacres des Dieux qui
y paroilfoient fur de fuperbes chars traînés ordinairement par des chevaux ou
des mules, & fouvent par des cerfs ou des biches, des chameaux, des éléphans
& même par des animaux féroces, tels que des tigres, des panthères ou des
lions. A l'alped des Divinités , les Spectateurs applaudifloient ou adreffoient
leurs prières à celles qu'ils vouloient fe rendre propices.
Ovide nous a tranfmis dans une de fes Elégies des détails intéreffans fur ces
Cirques, & qu'on y retrouve avec d'autant plus de plaifîr qu'il nous retrace
tout ce qui fe paifoit alors. Le Poète fe fuppofe être au Cirque avec fa Maitrelfe,
on le voit empreffé autour d'elle, il eft occupé de toutes fortes de foins pour
qu'elle foit placée commodément, fans être preffée par ceux qui l'environnent.
Il commence par envier le fort du Conducteur de chars auquel il feint de croire
qu elle prend intérêt, 8c" lui dit que s'il étoit à fa place, animé par le defir de
lui plaire , il furpalferoit tous [es Concurrens ; mais que fi dans fa courfe il
rencontroit fcs yeux attachés fur lui , oubliant toute fa gloire & ne penfant
plus qu'à elle, les rênes des chevaux tomberoient de fes mains.
Si mihi currenti fueris confpetta, morabor ;
Deque meis manibus lora remiffa fluent.
53 Mais voici la Pompe qui paroît, dit le Poète, foyons tous attentifs «. Il fait
(i) On nommoit Defultores des Gens qui "montoient & couraient fur deux ou trois chevaux à la fois,
voltigeant de l'un fur l'autre avec beaucoup d'adrefle & de légèreté, comme nous en avons vu plufieurs de
nos jours &c très-récemment.
(2,) Sed Regum expofltas circus habcbit opes,
Differ opus. &c. Artis amat. Lib. I, V. 408.
.Defultores (i) & de ceux qui dévoient difputer le prix de la Courfe à pied.
Enfuite venoienc les Prêtres, les Sénateurs Ô£ les Magiftrats qui préfidoient aux
Jeux, & après eux les Athlètes, les Danfeurs & des Troupes de Saltinbanques
déguifés en Faunes & en Satyres. Toute cette Marche étoit entremêlée de Chœurs
deMufîciens qui, lorfque la Pompe étoit fortie, alloient fe placer fur les terraffes
qui couvraient les Loges ( Carceres ), pour engager & animer la célébration par
le fon de leurs Inftrumens.
Quelquefois on y faifoit palier en revue les dépouilles des Nations vaincues
expofées fur des chars dans un ordre &C un appareil magnifique, &C ce n'étoit
pas ce qui intérelfoit le moins les Romains. » Gardez-vous ( dit Ovide dans fon
» Art d'aimer) daller parler d'amour à une jeune Fille, pendant que curieufe,
jj attentive, elle parcourt d'un œil avide les dépouilles de l'ennemi étalées dans
" le Cirque aux yeux du Peuple (z) «. Mais ce qui dans ces Pompes attiroit le
plus l'attention & les refpecTrs des Romains, c'étoit les ilmulacres des Dieux qui
y paroilfoient fur de fuperbes chars traînés ordinairement par des chevaux ou
des mules, & fouvent par des cerfs ou des biches, des chameaux, des éléphans
& même par des animaux féroces, tels que des tigres, des panthères ou des
lions. A l'alped des Divinités , les Spectateurs applaudifloient ou adreffoient
leurs prières à celles qu'ils vouloient fe rendre propices.
Ovide nous a tranfmis dans une de fes Elégies des détails intéreffans fur ces
Cirques, & qu'on y retrouve avec d'autant plus de plaifîr qu'il nous retrace
tout ce qui fe paifoit alors. Le Poète fe fuppofe être au Cirque avec fa Maitrelfe,
on le voit empreffé autour d'elle, il eft occupé de toutes fortes de foins pour
qu'elle foit placée commodément, fans être preffée par ceux qui l'environnent.
Il commence par envier le fort du Conducteur de chars auquel il feint de croire
qu elle prend intérêt, 8c" lui dit que s'il étoit à fa place, animé par le defir de
lui plaire , il furpalferoit tous [es Concurrens ; mais que fi dans fa courfe il
rencontroit fcs yeux attachés fur lui , oubliant toute fa gloire & ne penfant
plus qu'à elle, les rênes des chevaux tomberoient de fes mains.
Si mihi currenti fueris confpetta, morabor ;
Deque meis manibus lora remiffa fluent.
53 Mais voici la Pompe qui paroît, dit le Poète, foyons tous attentifs «. Il fait
(i) On nommoit Defultores des Gens qui "montoient & couraient fur deux ou trois chevaux à la fois,
voltigeant de l'un fur l'autre avec beaucoup d'adrefle & de légèreté, comme nous en avons vu plufieurs de
nos jours &c très-récemment.
(2,) Sed Regum expofltas circus habcbit opes,
Differ opus. &c. Artis amat. Lib. I, V. 408.