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Saint-Non, Jean Claude Richard de
Voyage Pittoresque Ou Description Des Royaumes De Naples Et De Sicile (Band 4,2): Contenant La Description De La Sicile — Paris, 1786 [Cicognara, 2708-3]

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https://doi.org/10.11588/diglit.3234#0011
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*6% VOYAGE PITTORESQUE
Dès que notre lest fut chargé, Se la nuit s'approchant, nous commençâmes
à ramer à petit bruit en doublant toutes les pointes de l'Isle, non sans prendre
garde à ne pas nous laisTer intercepter &C à tomber dans quelque embuseade.
Nous traversâmes une petite Anse appellée Cala di San Giuliano , ô£ vînmes
aborder à celle de la Madalena, sous le canon du Fort. Comme nous n'étions
pas plus curieux que nos Mariniers d'aller faire un tour à Maroc ou à Alger,
nous mîmes à terre dans cet endroit, afin d'y attendre la nuit , & nous nous
prêtâmes avec la, plus grande obéissance à tout ce qu'ils voulurent pour la sureté
commune (i).
Nous remîmes à la mer dès que la nuit fut bien fermée. Nos Bateliers ramoient
en silence ce" sans faire le moindre bruit ; une barque pareille à la nôtre, ô£ qui
voguoit avec la même précaution, nous rencontra à quelque distance de là, de
il est à croire que la surprise, l'inquiétude &C la frayeur furent réciproques des
deux côtés.
Nous continuâmes notre route, en traversant la Cala di San Paolo jusqu a la
pointe de la Melleha, où nous jettâmes l'ancre sous le vent, résolus d'y pasTer la
nuit, &: peut-être la journée du lendemain, si le vent persistoit à ne pas nous
devenir plus favorable. Heureusement vers les trois heures du matin , un vent
de terre s'étant élevé, nos Bateliers se déterminèrent à mettre à la voile, pour
prendre le large &: faire canal. A la pointe du jour, nous apperçûmes les quatre
galères de la Religion : cette rencontre rendit Ci bien le courage à nos gens,
qu'ils ne se souvinrent même plus de la peur de la veille, &C qu'ils nous assurèrent
que jamais les Esperonares Maltais ne craignoient les bâtimens Turcs, de quelque
espèce qu'ils fussent.
Le vent cala au jour, Se la bonace nous obligea d'avoir encore recours à la
rame jusqu'à midi, que le vent du ponent nous arrêta tout court. Ce vent nous
occasionna de plus un roulis insupportable , qui commençoit à nous chagriner
beaucoup j mais la rôtie à l'ail des Matelots nous donna appétit, nous avions
imaginé de changer nos provisions contre les leurs, &: nous nous en trouvâmes
à merveille. Sur le soir, un vent frais nous fit faire un assez bon chemin, & après
avoir enfin perdu de vue l'Isse de Malte & celle de Got^o , nous entendîmes de
loin les cris d'une innombrable troupe de Courlis , qui nous annonçoient les
approches de la Sicile. Efièdivement à la petite pointe du jour du 19 s nous
apperçûmes la pointe délia Secca, terre aussl basse que sèche, mêlée de sables &C

(1) Les Matelots Maltais craignent infiniment les Corsaires Turcs ou Algériens, parce que s'ils viennent
à être pris, ils ne peuvent s'attendre qu'à être mis aux fers, esclavage d'autant plus dur pour eux,
qu'il règne de tous les temps une haine implacable entre les deux Nations.
 
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