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Saint-Non, Jean Claude Richard de
Voyage Pittoresque Ou Description Des Royaumes De Naples Et De Sicile (Band 4,2): Contenant La Description De La Sicile — Paris, 1786 [Cicognara, 2708-3]

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https://doi.org/10.11588/diglit.3234#0012
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DU ROYAUME DE NAPLES. *&9
de roches, avec quelques palmiers nains, mais ou nous ne découvrîmes encore
aucunes habitations. Nous suivîmes la rive avec un si petit vent, qu'il falloit
l'aider de la rame. Toujours bien portants, nous étions tous raccommodés avec
la mer, & grâces à la cuisine c£ à l'ail des Matelots Maltais, contents de notre
navigation, nous étions loin de prévoir ce qu elle alloit avoir de funeste.
Nous passâmes devant Camarïna, ancienne Ville trahie dans le temps de sa
gloire par Denys le Tyran. L'on voit dans l'histoire que Denys en emmena les
Habitans lors du siége de Gela, &: la livra aux Carthaginois, qui de leur côté
renoncèrent au siége de Syracufe, à condition que cette dernière Ville resteroit
au pouvoir du Tyran. Camarïna, sans fortifications ni murailles , fut détruite
depuis &: maintenant est enterrée sous le sable. Tout son territoire appartient
au Prince de Biscaris, qui, dans les fouilles qu'il a fait faire à plusieurs reprises,
y a trouvé nombre d'antiquités intéressantes , principalement plusieurs beaux Vases
grecs, les plus précieux de son Cabinet, & peut-être les plus beaux que l'on
connoisse.
Après avoir palsé un endroit appelle Iscogliette, nous découvrîmes le Château
de Biscaris dans l'éloignement. Le vent devint contraire , mais à force de rames 3
nous vînmes à bout de gagner la Côte, &: nous amarrâmes sous Terranuova 3
qui est bâtie sur la hauteur.
Nous n étions occupés que du projet d'y retrouver, lorsque nous aurions mis
pied à terre , la véritable situation de l'antique Ville de Gela , une des plus
puissantes de la Sicile, & dont on nous avoit assûté qu'il existe encore quelques
Ruines , entre autres une Colonne dorique entière , quoique renversée. Nous
devions ensuite paner à Calata Girone, que l'on dit être l'ancienne Hybla Hxrea,
où l'on trouve encore des Médailles antiques , & de là regagner la célèbre
Syracuse , que nous regardions comme le terme de nos travaux , lorsqu'au
moment de toucher à Terranuova, nous entendîmes crier de la rive, Speronara
di Moka y alla larga. Nous répondîmes que nous étions pleins de santé , que
nous en rapportions de Malte les certificats les plus authentiques ; alla larga,
alla larga fut toute la réponse que l'on nous fit.
Nous voulûmes répliquer ; mais nous ne trouvâmes plus à parler qu'a des
canons de fusils braqués contre nous par quelques misérables Gardes-Côtes, qui
profitoient de Imitant où ils pouvoient être impunément insolents & nous braver
sans danger. Il nous étoit cependant bien disficile d'obéir ; nous craignions encore
moins leurs fusils que la mer &: la faim, & nous n'avions pas quatre livres de
pain pour treize que nous étions, 6c pas une goutte d'eau.
Nous demandâmes le Gouverneur, auquel nous étions adressés ; mais il nous
 
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