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https://doi.org/10.11588/diglit.3234#0043
*94 VOYAGE PITTORESQUE
Nous en comptâmes jusqu'à douze qui vraisemblablement autrefois distribuoient
l'eau a tous les quartiers de Syracuse par des canaux qui se divisoient &; se
coupoient dans tous les sens. Il y a Heu de croire que Ton avoit pratiqué dans
un grand nombre des maisons de la Ville des puits particuliers qui y répondoient,
car l'on en voit plusieurs encore existants. Ces puits sont fort étroits 8c forés
comme un canon > mais ce qu'il y a de vraiment étonnant, c'est la solidité
de ces anciens Aqueducs sbuterrains qui dans beaucoup d'endroits paroissent
parfaitement conservés, quoiqu'ils aient été construits l'un au-deiîous de l'autre
jusqu a trois étages, & sans s'élever au-dessus du niveau du sol.
A côté &C sur la gauche de ce Fauxbourg de Ticha , on entre dans celui de
Neapolis. Nous nous approchâmes des murailles antiques & de l'enceinte de ce
quartier , en suivant les sinuosités de la Roche qui y formoit une fortification
naturelle. Ces murailles plus ou moins fortes & plus ou moins élevées, sélon la
nécessité du terrein , étoient bâties de grosses pierres quarrées , 6c posées à sec les
unes sur les autres : il y a encore plusieurs endroits où il en reite jusqu a quatre
Asiises bien entières. Enfin nous arrivâmes aux ruines d'un Château qui terminoit
ces deux Fauxbourgs dans la partie la plus élevée de la Ville, que l'on appelloit
Epipole.
L'on esl incertain de savoir, comme nous l'avons déjà observé, si Epipole étoit
un cinquième quartier de Syracuse , ou seulement le nom d'une Fortereiîe qui
m'en faisoit point partie, Ô£ qui étoit, suivant les apparences , autrefois séparée
du reste de la Ville, puisque Cicéron n'en fait point mention. Elle étoit construite
sur la partie la plus élevée du Rocher, qui se termine au point, &: dans le lieu
où est actuellement un Hameau appelle Belvédère. L'on ignore si l'enceinte où
étoit l'ancienne Forterene s'appelloit Eurïale, ou bien si Euriale étoit le Château
même. Quoi qu'il en soit, il en reste encore une ruine asïez apparente, pour
juger de son étendue &C de sa forme : c'étoit sans doute le poste le plus avantageux
que les Romains eulTent pu prendre pour assiéger Syracuse, puisque de là on
découvrait non-seulement tous les mouvemens qui pouvoient se faire dans les
différens quartiers de la Ville, mais dans tout son territoire, dans ses deux Ports
6c jusqu'en pleine mer. Cependant Marcellus négligea, à ce que dit l'Historien,
de s'en emparer, & l'on voit dans le récit qu'il fait de ce siége célèbre, qu'après
avoir emporté le Fauxbourg de Ticha, il fit retirer {es Troupes, dans la crainte
fans doute d'être enveloppé entre YAchradine ôc" la Garnison du Château qu'il
laissoit derrière lui à la puiisance de l'ennemi.
C'étoit à un des Châteaux de cette Forteresse qu'aboutinoit cette fanieuse
muraille de trente slades de longueur qui enfermoit Ticha & une "partie de
Nous en comptâmes jusqu'à douze qui vraisemblablement autrefois distribuoient
l'eau a tous les quartiers de Syracuse par des canaux qui se divisoient &; se
coupoient dans tous les sens. Il y a Heu de croire que Ton avoit pratiqué dans
un grand nombre des maisons de la Ville des puits particuliers qui y répondoient,
car l'on en voit plusieurs encore existants. Ces puits sont fort étroits 8c forés
comme un canon > mais ce qu'il y a de vraiment étonnant, c'est la solidité
de ces anciens Aqueducs sbuterrains qui dans beaucoup d'endroits paroissent
parfaitement conservés, quoiqu'ils aient été construits l'un au-deiîous de l'autre
jusqu a trois étages, & sans s'élever au-dessus du niveau du sol.
A côté &C sur la gauche de ce Fauxbourg de Ticha , on entre dans celui de
Neapolis. Nous nous approchâmes des murailles antiques & de l'enceinte de ce
quartier , en suivant les sinuosités de la Roche qui y formoit une fortification
naturelle. Ces murailles plus ou moins fortes & plus ou moins élevées, sélon la
nécessité du terrein , étoient bâties de grosses pierres quarrées , 6c posées à sec les
unes sur les autres : il y a encore plusieurs endroits où il en reite jusqu a quatre
Asiises bien entières. Enfin nous arrivâmes aux ruines d'un Château qui terminoit
ces deux Fauxbourgs dans la partie la plus élevée de la Ville, que l'on appelloit
Epipole.
L'on esl incertain de savoir, comme nous l'avons déjà observé, si Epipole étoit
un cinquième quartier de Syracuse , ou seulement le nom d'une Fortereiîe qui
m'en faisoit point partie, Ô£ qui étoit, suivant les apparences , autrefois séparée
du reste de la Ville, puisque Cicéron n'en fait point mention. Elle étoit construite
sur la partie la plus élevée du Rocher, qui se termine au point, &: dans le lieu
où est actuellement un Hameau appelle Belvédère. L'on ignore si l'enceinte où
étoit l'ancienne Forterene s'appelloit Eurïale, ou bien si Euriale étoit le Château
même. Quoi qu'il en soit, il en reste encore une ruine asïez apparente, pour
juger de son étendue &C de sa forme : c'étoit sans doute le poste le plus avantageux
que les Romains eulTent pu prendre pour assiéger Syracuse, puisque de là on
découvrait non-seulement tous les mouvemens qui pouvoient se faire dans les
différens quartiers de la Ville, mais dans tout son territoire, dans ses deux Ports
6c jusqu'en pleine mer. Cependant Marcellus négligea, à ce que dit l'Historien,
de s'en emparer, & l'on voit dans le récit qu'il fait de ce siége célèbre, qu'après
avoir emporté le Fauxbourg de Ticha, il fit retirer {es Troupes, dans la crainte
fans doute d'être enveloppé entre YAchradine ôc" la Garnison du Château qu'il
laissoit derrière lui à la puiisance de l'ennemi.
C'étoit à un des Châteaux de cette Forteresse qu'aboutinoit cette fanieuse
muraille de trente slades de longueur qui enfermoit Ticha & une "partie de