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https://doi.org/10.11588/diglit.3234#0044
DU ROYAUME DE NAPLES. t*t
VAchradine. Cette muraille fut élevée par Denys : il y employa, dit-on, soixante
mille hommes pendant vingt jours, Ô£ la fit construire en entier avec des pierres
de taille énormes qui en rendoient la construdion d'une extrême solidité. On en
voit encore les ruines, qui suivent} de même que du côté de Neapolis, toutes
les sinuosités du Rocher (i).
Ce fut près de ces murailles que Marcellus posa son camp, & c'esfc par ce
cote qu'il entra dans la Ville. C'en: de là aussi, que l'on peut, ainsi que ce grand-
Homme , pleurer sur Syracufe, en pensant à la derlruétion, à l'anéantiisement
presque total dans lequel est réduite aujourd'hui une des Villes ks plus magnifiques
& une des plus célèbres de l'antiquité. Elle étoit si vaste qu'on se faisoit la guerre
dans son enceinte > & qu'on se la disputoit comme un Royaume. Denys le jeune
dans YOrtigie> les Carthaginois dans le Port, Hycetas dans YAchradine 3 &L Timoléon
dans le reste de la Ville. Chacun avec un intérêt différent, étoit seul contre tous,
s'observoit, se retranchoit , Ô£ faisoit tous les mouvemens d'une campagne. Cette
Ville enfin, que le règne & Hier on avoit portée au plus haut point de richene &C
de grandeur, est tellement ruinée & détruite qu'on la chescheroit dans elle-même
sans pouvoir la trouver, si le sol même de la Ville, 6c la nature du Rocher sur
lequel elle étoit bâtie 5 ne retraçoient encore son enceinte.
Nous redescendîmes dans la Neapolis, &c revînmes passer près du Théâtre,
dans l'endroit où l'on dit quHiéron fit élever un Temple qui avoit une stade de
longueur. C'est des ruines de ce Temple que furent enlevées , à ce que l'on
assure, ces belles Colonnes de granit que nous admirons encore au Portail de
la Rotonde à Rome. Il ne reste plus aujourd'hui dans tout l'emplacement de
l'antique Syracufe qu'un bien petit nombre de ces Monumens respe&ables faits
( i ) Malgré l'état de destru&ion de l'antique
Syracuse, il est aisé de voir que sa situation sur la
plate-forme d'un Rocher naturellement cscarpé &
presque de tous côtés, étoit une des plus avan-
tageuses que l'on pût desirer, & c'étoit sans doute
la raison pour laquelle nous voyons dans Tite-Live
que Marcellus craignoit d'en entreprendre le liège.
Quamquam ne vi capi videbat pqsse inexpugnabilem terrejîri
ac mariûmo situ Vrbem 3 nec samé 3 quam prope liberi ab
Carthagine commeatus alerent. Indépendamment de
ces remparts naturels, Syracuse étoit entourée par
de fortes murailles soutcnues de distance en dis-
tance par des Tours que ses différons Princes
avoient fait élever. L'on trouve à ce sujet dans
Diodore une description curieuse des travaux pro-
digieux que Denys l'ancien avoit ordonnés avant
de déclarer la guerre aux Carthaginois & auxquels
il présidoit lui-même pour encourager & animer
les Travailleurs par sa présence. Tanta operantïum
multïtudo magnam speclantibus admiraûonem ajserebat
dum quïsque designatum sibi munus gnaviter exfequi laboratl
Etenim Dionyjîus 3 ut alacrïtatem operarum excltaret
magna hic Architeclis3 illic Fabrïs , istic operariis donct
propofuerat. Ipfepr&terea cum amicïs per totos dies operutn
inspectioni adherebat 3 ubique fefe oftendens & dcsatigatos
fubinde relevans : tandem fepojita Imperii majejlate, privâti
perfonam induit 3 & gravijsimis fe ministerus ducem & ma„
gistrum prxbens 3 communes cum aliis quibusvis arumnas
in fi receptas fuftinuit 3 quo sactura 3 ut certatim quiquc
labori incumberent, & diurnis nonnulli operibus etiam noclis
partem adjicerent : tara ambitiofa multitudinem consum-
mandi operis cupiditas incesserat.
Diod. de Sic. L. XIV, chap. XIX.
VAchradine. Cette muraille fut élevée par Denys : il y employa, dit-on, soixante
mille hommes pendant vingt jours, Ô£ la fit construire en entier avec des pierres
de taille énormes qui en rendoient la construdion d'une extrême solidité. On en
voit encore les ruines, qui suivent} de même que du côté de Neapolis, toutes
les sinuosités du Rocher (i).
Ce fut près de ces murailles que Marcellus posa son camp, & c'esfc par ce
cote qu'il entra dans la Ville. C'en: de là aussi, que l'on peut, ainsi que ce grand-
Homme , pleurer sur Syracufe, en pensant à la derlruétion, à l'anéantiisement
presque total dans lequel est réduite aujourd'hui une des Villes ks plus magnifiques
& une des plus célèbres de l'antiquité. Elle étoit si vaste qu'on se faisoit la guerre
dans son enceinte > & qu'on se la disputoit comme un Royaume. Denys le jeune
dans YOrtigie> les Carthaginois dans le Port, Hycetas dans YAchradine 3 &L Timoléon
dans le reste de la Ville. Chacun avec un intérêt différent, étoit seul contre tous,
s'observoit, se retranchoit , Ô£ faisoit tous les mouvemens d'une campagne. Cette
Ville enfin, que le règne & Hier on avoit portée au plus haut point de richene &C
de grandeur, est tellement ruinée & détruite qu'on la chescheroit dans elle-même
sans pouvoir la trouver, si le sol même de la Ville, 6c la nature du Rocher sur
lequel elle étoit bâtie 5 ne retraçoient encore son enceinte.
Nous redescendîmes dans la Neapolis, &c revînmes passer près du Théâtre,
dans l'endroit où l'on dit quHiéron fit élever un Temple qui avoit une stade de
longueur. C'est des ruines de ce Temple que furent enlevées , à ce que l'on
assure, ces belles Colonnes de granit que nous admirons encore au Portail de
la Rotonde à Rome. Il ne reste plus aujourd'hui dans tout l'emplacement de
l'antique Syracufe qu'un bien petit nombre de ces Monumens respe&ables faits
( i ) Malgré l'état de destru&ion de l'antique
Syracuse, il est aisé de voir que sa situation sur la
plate-forme d'un Rocher naturellement cscarpé &
presque de tous côtés, étoit une des plus avan-
tageuses que l'on pût desirer, & c'étoit sans doute
la raison pour laquelle nous voyons dans Tite-Live
que Marcellus craignoit d'en entreprendre le liège.
Quamquam ne vi capi videbat pqsse inexpugnabilem terrejîri
ac mariûmo situ Vrbem 3 nec samé 3 quam prope liberi ab
Carthagine commeatus alerent. Indépendamment de
ces remparts naturels, Syracuse étoit entourée par
de fortes murailles soutcnues de distance en dis-
tance par des Tours que ses différons Princes
avoient fait élever. L'on trouve à ce sujet dans
Diodore une description curieuse des travaux pro-
digieux que Denys l'ancien avoit ordonnés avant
de déclarer la guerre aux Carthaginois & auxquels
il présidoit lui-même pour encourager & animer
les Travailleurs par sa présence. Tanta operantïum
multïtudo magnam speclantibus admiraûonem ajserebat
dum quïsque designatum sibi munus gnaviter exfequi laboratl
Etenim Dionyjîus 3 ut alacrïtatem operarum excltaret
magna hic Architeclis3 illic Fabrïs , istic operariis donct
propofuerat. Ipfepr&terea cum amicïs per totos dies operutn
inspectioni adherebat 3 ubique fefe oftendens & dcsatigatos
fubinde relevans : tandem fepojita Imperii majejlate, privâti
perfonam induit 3 & gravijsimis fe ministerus ducem & ma„
gistrum prxbens 3 communes cum aliis quibusvis arumnas
in fi receptas fuftinuit 3 quo sactura 3 ut certatim quiquc
labori incumberent, & diurnis nonnulli operibus etiam noclis
partem adjicerent : tara ambitiofa multitudinem consum-
mandi operis cupiditas incesserat.
Diod. de Sic. L. XIV, chap. XIX.