ASIE MINEURE.
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même chaîne. Pline (1) ne lui en
donne pas moins de vingt différents,
parmi lesquels les plus connus sont l’I-
maüs, le Paropamisus, le Pariadrès,
le Caucase. Strabon le divise en cinq
groupes parmi lesquels il compte le
mont Zagros de Perse. Ammien Mar-
celin et Paul Orose lui donnent cinq
noms qui diffèrent de ceux des autres
géographes. Ptolémée ne lui en donne
pas moins de vingt-deux dans l'étendue
de son parcours et Pomponius Mêla
dit sagement que les Grecs avaient
l’habitude d’appeler ces montagnes les
monts Cérauniens.
Depuis que la géographie de ces con-
trées est mieux étudiée, on a reconnu
que cette longue suite de montagnes
n’appartenait pas à la même chaîne ;
mais pour les anciens c’était toujours
le Taurus, c’est-à dire le pays monta-
gneux par excellence, et sous ce rap-
port ils étaient dans le vrai.
Pour le continent qui nous occupe, le
mont Taurus prend naissance dans la
province de Lycie au sud ouest de l’A-
sie, c’est-à-dire dans le groupe de Cragus
qui domine la baie de Telmissus, et qui,
de nos jours, porte le nom de Akdagh
(la montagne Blanche). Le mont Mas-
sicytus s’élève à l’ouest de cette monta-
gne et fait partie intégrante du groupe.
Des vallées presque inextricables se croi-
sent en tous sens dans ces hautes ré-
gions ; la plus longue et la mieux dessi-
née est celle du fleuve Xanthus que les
habitants appellent Kodja tchaï, la maî-
tresse riviere. On sait combien, dans
ces régions, les nomenclatures géogra-
phiques données par les habitants sont
arbitraires et incertaines ; les montagnes
changent de nom presque dans chaque
district; les fleuves dix fois dans leur
parcours. Ce sont presque toujours des
dénominations prises de la couleur des
roches ou des eaux : la montagne blan-
che , rouge , jaune ; aucun souvenir des
noms historiques n’est resté dans le
pays; et il n’est pas rare que les habi-
tants d’un même village n’aient plu-
sieurs noms pour désigner la même
montagne. Aussi serait-il à désirer que
les géographes européens conservas-
sent autant que possible les dénomina¬
tions anciennes qui ont beaucoup plus
de précision. Le nom même du Taurus
est aujourd’hui complètement oublié, et
chaque groupe porte un nom particu-
lier.
CRAGUS.
.ik dagh.
A l’ouest de la vallée du Xanthus s’é-
lève le massif gigantesque del Akdagh,
le Cragus, qui domine tome la Lycie
et dont la hauteur atteint 3,000 mètres.
Son sommet est presque toujours cou-
vert de neige et ses rameaux s’étendent
dans une direction diagonale selon le
nord-ouest et le sud-est. Au nord il
fait sa jonction avec le mont Cadmus
au moyen d’un plateau qui n’a pas
moins de 600 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer. Il se relie, à l’ouest,
avec le mont Massicytus qui domine la
baie de Telmissus ou de Macri, et ses
acrotères méridionaux forment les caps
de Phinéca et de Chélidonia.
Pour bien classer ce groupe lycien
d’après l’ancienne géographie, nous
éprouvons une certaine difficulté, pré-
cisément à cause des documents variés
que nous ont laissés les géographes.
Ainsi Strabon (1), Pline (2). Sénèque (3)
n’hésitent pas à placer le mont Chi-
mère dans le Cragus même et dans le
mont Solyme, qui en est proche.
D’après la description de Strabon, il
faudrait donner le nom de Cragus à
tout le massif qui est à l’est du fleuve
Xanthus, et toutes les autres monta-
gnes qu’il nomme ne seraient que des
différentes régions du groupe principal.
Toute la région qui est à l’ouest du
golfe de Macri appartenait aux Rho-
diens ; c’est la région appelée Peræa et
que Scylax appelle le pays des Rho-
diens.
La ville et le mont Dædala appar-
tenaient aux Rhodiens(4); mais la mon-
tagne faisait partie de la Lycie, c’est-à-
dire qu’elle est regardée comme appar-
tenant au Taurus.
(1) Strabon, XIV, 665.
(2) Pline , V, 27.
(3) Sénèque , ep. ;g.
(4) Strab., XIV, 664.
(*) v, a7-
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même chaîne. Pline (1) ne lui en
donne pas moins de vingt différents,
parmi lesquels les plus connus sont l’I-
maüs, le Paropamisus, le Pariadrès,
le Caucase. Strabon le divise en cinq
groupes parmi lesquels il compte le
mont Zagros de Perse. Ammien Mar-
celin et Paul Orose lui donnent cinq
noms qui diffèrent de ceux des autres
géographes. Ptolémée ne lui en donne
pas moins de vingt-deux dans l'étendue
de son parcours et Pomponius Mêla
dit sagement que les Grecs avaient
l’habitude d’appeler ces montagnes les
monts Cérauniens.
Depuis que la géographie de ces con-
trées est mieux étudiée, on a reconnu
que cette longue suite de montagnes
n’appartenait pas à la même chaîne ;
mais pour les anciens c’était toujours
le Taurus, c’est-à dire le pays monta-
gneux par excellence, et sous ce rap-
port ils étaient dans le vrai.
Pour le continent qui nous occupe, le
mont Taurus prend naissance dans la
province de Lycie au sud ouest de l’A-
sie, c’est-à-dire dans le groupe de Cragus
qui domine la baie de Telmissus, et qui,
de nos jours, porte le nom de Akdagh
(la montagne Blanche). Le mont Mas-
sicytus s’élève à l’ouest de cette monta-
gne et fait partie intégrante du groupe.
Des vallées presque inextricables se croi-
sent en tous sens dans ces hautes ré-
gions ; la plus longue et la mieux dessi-
née est celle du fleuve Xanthus que les
habitants appellent Kodja tchaï, la maî-
tresse riviere. On sait combien, dans
ces régions, les nomenclatures géogra-
phiques données par les habitants sont
arbitraires et incertaines ; les montagnes
changent de nom presque dans chaque
district; les fleuves dix fois dans leur
parcours. Ce sont presque toujours des
dénominations prises de la couleur des
roches ou des eaux : la montagne blan-
che , rouge , jaune ; aucun souvenir des
noms historiques n’est resté dans le
pays; et il n’est pas rare que les habi-
tants d’un même village n’aient plu-
sieurs noms pour désigner la même
montagne. Aussi serait-il à désirer que
les géographes européens conservas-
sent autant que possible les dénomina¬
tions anciennes qui ont beaucoup plus
de précision. Le nom même du Taurus
est aujourd’hui complètement oublié, et
chaque groupe porte un nom particu-
lier.
CRAGUS.
.ik dagh.
A l’ouest de la vallée du Xanthus s’é-
lève le massif gigantesque del Akdagh,
le Cragus, qui domine tome la Lycie
et dont la hauteur atteint 3,000 mètres.
Son sommet est presque toujours cou-
vert de neige et ses rameaux s’étendent
dans une direction diagonale selon le
nord-ouest et le sud-est. Au nord il
fait sa jonction avec le mont Cadmus
au moyen d’un plateau qui n’a pas
moins de 600 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer. Il se relie, à l’ouest,
avec le mont Massicytus qui domine la
baie de Telmissus ou de Macri, et ses
acrotères méridionaux forment les caps
de Phinéca et de Chélidonia.
Pour bien classer ce groupe lycien
d’après l’ancienne géographie, nous
éprouvons une certaine difficulté, pré-
cisément à cause des documents variés
que nous ont laissés les géographes.
Ainsi Strabon (1), Pline (2). Sénèque (3)
n’hésitent pas à placer le mont Chi-
mère dans le Cragus même et dans le
mont Solyme, qui en est proche.
D’après la description de Strabon, il
faudrait donner le nom de Cragus à
tout le massif qui est à l’est du fleuve
Xanthus, et toutes les autres monta-
gnes qu’il nomme ne seraient que des
différentes régions du groupe principal.
Toute la région qui est à l’ouest du
golfe de Macri appartenait aux Rho-
diens ; c’est la région appelée Peræa et
que Scylax appelle le pays des Rho-
diens.
La ville et le mont Dædala appar-
tenaient aux Rhodiens(4); mais la mon-
tagne faisait partie de la Lycie, c’est-à-
dire qu’elle est regardée comme appar-
tenant au Taurus.
(1) Strabon, XIV, 665.
(2) Pline , V, 27.
(3) Sénèque , ep. ;g.
(4) Strab., XIV, 664.
(*) v, a7-