ASIE MINEURE.
55
Prusias, obligé de rendre à Eumène
les provinces conquises, entreprit le
voyage de Rome, pour tâcher de se
concilier, par sa présence, les intérêts
du sénat. Mais l’attitude suppliante
qu’il prit en abordant Je Capitole, la
bassesse de ses supplications, lui furent
plus défavorables auprès des fiers répu-
blicains que la conduite hardie qu’il
avait tenue en attaquant leurs alliés.
Renvoyé avec mépris, il revint en Bi-
thynie pour se venger sur les rois de
Pergame, et déclara de nouveau la
guerre à Attale II, successeur d’Eu-
mène; il le vainquit, et s’empara de sa
capitale ; mais les Romains le forcèrent
de nouveau à restituer cette ville à son
souverain légitime. Des soulèvements
survenus en Bithynie forcèrent Prusias
à s’enfuir à Nicomédie ; son fils Nico-
mède vint l’attaquer, à la tête des ré-
voltés, dans son dernier refuge. Après
l’avoir fait assassiner, il fut proclamé
roi, et reçut le surnom de Philopator.
Les premières années de son règne se
passèrent dans une paix profonde.
NICOMÈDE II.
L’alliance de ces monarques avec les
rois grecs, et leurs relations continuel-
les avec les princes asiatiques les plus
renommés par leur faste, donnent lieu
de croire que la cour des rois de Bithy-
nie n’était pas moins brillante que celle
des Attale et des Séleucides. Mais la
Bithynie a été trop souvent envahie et
saccagée, pour qu’on puisse espérer d’y
retrouver quelque monument impor-
tant qui date de l’époque où elle n’était
pas soumise à la domination étrangère.
NICOMÈDE III.
L’alliance que contracta Nicomède
avec Mithridate lui attira la haine des
Romains, mais ne l’empêcha pas de
conquérir la Cappadoce et la Paphla-
gonie, qu’il partagea avec son allié. Les
Romains, appelés pour arbitres dans un
différend qui s’éleva entre eux, s’em-
parèrent de la Cappadoce pour venger
le roi Ariarathe assassiné par Mithri-
date (1). Le même sort ne tarda pas à
(i) Appian., Bell, Mithr., c. 7-20,
atteindre Nicomède, qui laissa cepen-
dant son trône à un fils du même nom.
Ce prince, sous le nom de Nicomède III,
soutint d’abord une guerre contre son
frère Socrate, protégé par Mithridate ;
ce motif seul lui valut l’alliance des
Romains, qui le rétablirent plusieurs
fois sur son trône. Depuis ce moment
la Bithynie fut acquise aux Romains,
et, quelques années plus tard, Nico-
mède, en mourant, les institua ses hé-
ritiers. Cependant, ils n’entrèrent pas
sans combattre en possession de leur
héritage, et Mithridate mit une nom-
breuse armée en campagne pour dé-
fendre la Bithynie, qui fut soumise,
malgré ses efforts, par Silanus, Lu-
cullus et Cotta. Ce dernier avait établi
son quartier général à Chalcédoine,
pendant que Lucullus assiégeait Apamée
et Pruse: cerné dans la ville par Mithri-
date, qui avait armé une flotte nom-
breuse , il fut secouru à temps par son
collègue (1).
La dynastie des rois de Bithynie doit
donc être établie de la manière sui-
vante :
Bias,
Zipœtès,
Nicomède 1er,
Prusias (Zelas)
Prusias Ier,
Prusias II,
Nicomède II,
Nicomède III,
avant J.-C.
régna de 378 à 328
— 328 à 281
—
281
à 246
—
246
à 232
— 232 à 192
—
192 à
149
—
149 à
92
—
92 à
75
LA BITHYNIE REDUITE EN PROVINCE
ROMAINE.
Dès lors, ce pays, converti en pro-
vince romaine , tombe sous le gouver-
nement des proconsuls et des préteurs,
et rentre dans l’administration générale
de l’empire. Décrétée province du peuple
romain (2), la Bithynie fut gouvernée
par des proconsuls tirés au sort. Plu-
sieurs empereurs la visitèrent, et sou-
vent. son territoire devint le champ de
bataille où les prétendants à l’empire
firent valoir leurs droits.
(1) 71 av. J.-C.
(2) Pline, ép. IV, 9; V, 20; VI, 5; VII,
6 et 10.
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Prusias, obligé de rendre à Eumène
les provinces conquises, entreprit le
voyage de Rome, pour tâcher de se
concilier, par sa présence, les intérêts
du sénat. Mais l’attitude suppliante
qu’il prit en abordant Je Capitole, la
bassesse de ses supplications, lui furent
plus défavorables auprès des fiers répu-
blicains que la conduite hardie qu’il
avait tenue en attaquant leurs alliés.
Renvoyé avec mépris, il revint en Bi-
thynie pour se venger sur les rois de
Pergame, et déclara de nouveau la
guerre à Attale II, successeur d’Eu-
mène; il le vainquit, et s’empara de sa
capitale ; mais les Romains le forcèrent
de nouveau à restituer cette ville à son
souverain légitime. Des soulèvements
survenus en Bithynie forcèrent Prusias
à s’enfuir à Nicomédie ; son fils Nico-
mède vint l’attaquer, à la tête des ré-
voltés, dans son dernier refuge. Après
l’avoir fait assassiner, il fut proclamé
roi, et reçut le surnom de Philopator.
Les premières années de son règne se
passèrent dans une paix profonde.
NICOMÈDE II.
L’alliance de ces monarques avec les
rois grecs, et leurs relations continuel-
les avec les princes asiatiques les plus
renommés par leur faste, donnent lieu
de croire que la cour des rois de Bithy-
nie n’était pas moins brillante que celle
des Attale et des Séleucides. Mais la
Bithynie a été trop souvent envahie et
saccagée, pour qu’on puisse espérer d’y
retrouver quelque monument impor-
tant qui date de l’époque où elle n’était
pas soumise à la domination étrangère.
NICOMÈDE III.
L’alliance que contracta Nicomède
avec Mithridate lui attira la haine des
Romains, mais ne l’empêcha pas de
conquérir la Cappadoce et la Paphla-
gonie, qu’il partagea avec son allié. Les
Romains, appelés pour arbitres dans un
différend qui s’éleva entre eux, s’em-
parèrent de la Cappadoce pour venger
le roi Ariarathe assassiné par Mithri-
date (1). Le même sort ne tarda pas à
(i) Appian., Bell, Mithr., c. 7-20,
atteindre Nicomède, qui laissa cepen-
dant son trône à un fils du même nom.
Ce prince, sous le nom de Nicomède III,
soutint d’abord une guerre contre son
frère Socrate, protégé par Mithridate ;
ce motif seul lui valut l’alliance des
Romains, qui le rétablirent plusieurs
fois sur son trône. Depuis ce moment
la Bithynie fut acquise aux Romains,
et, quelques années plus tard, Nico-
mède, en mourant, les institua ses hé-
ritiers. Cependant, ils n’entrèrent pas
sans combattre en possession de leur
héritage, et Mithridate mit une nom-
breuse armée en campagne pour dé-
fendre la Bithynie, qui fut soumise,
malgré ses efforts, par Silanus, Lu-
cullus et Cotta. Ce dernier avait établi
son quartier général à Chalcédoine,
pendant que Lucullus assiégeait Apamée
et Pruse: cerné dans la ville par Mithri-
date, qui avait armé une flotte nom-
breuse , il fut secouru à temps par son
collègue (1).
La dynastie des rois de Bithynie doit
donc être établie de la manière sui-
vante :
Bias,
Zipœtès,
Nicomède 1er,
Prusias (Zelas)
Prusias Ier,
Prusias II,
Nicomède II,
Nicomède III,
avant J.-C.
régna de 378 à 328
— 328 à 281
—
281
à 246
—
246
à 232
— 232 à 192
—
192 à
149
—
149 à
92
—
92 à
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LA BITHYNIE REDUITE EN PROVINCE
ROMAINE.
Dès lors, ce pays, converti en pro-
vince romaine , tombe sous le gouver-
nement des proconsuls et des préteurs,
et rentre dans l’administration générale
de l’empire. Décrétée province du peuple
romain (2), la Bithynie fut gouvernée
par des proconsuls tirés au sort. Plu-
sieurs empereurs la visitèrent, et sou-
vent. son territoire devint le champ de
bataille où les prétendants à l’empire
firent valoir leurs droits.
(1) 71 av. J.-C.
(2) Pline, ép. IV, 9; V, 20; VI, 5; VII,
6 et 10.