asie mineure.
63
mède l’orna de monuments somptueux
et l’éclat de sa cour attira dans ses États
non-seulement les princes ses voisins,
mais séduisit le plus illustre des Ro-
mains, qui dut regretter plus d’une fois
letroplongséjourqu’ilfitchezNicomède.
Les empereurs romains , maîtres de
la Bithynie, traitèrent les habitants
plutôt en alliés qu’en peuples conquis.
Des routes somptueuses furent ou-
vertes dans toutes les directions, des
ports furent creusés , des canaux même
entrepris pour mettre les provinces
en rapport direct avec les villes mari-
times. L’exploitation des forêts qui
couvraient la Rithynie fut un des points
qui attirèrent le plus l’attention des
préteurs. Le luxe des constructions
commençait à se répandre dans Rome,
et l’Europe ne suffisait plus à fournir
les matériaux précieux dont les patri-
ciens embellissaient leurs riches villas.
L’île de Proconnèse offrait une mine
inépuisable de marbre blanc; mais la
passion des roches précieuses et rares
augmentait à mesure qu’elle se trouvait
satisfaite. Les arsenaux de Nicomédie ,
riches en matières premières, fournis-
saient des navires qui transportaient
jusqu’en Italie les marbres de prix, les
jaspes colorés et les métaux qui ser-
vaient pour la décoration. Nicomédie
profitait, pour ses constructions, du
voisinage de tant de carrières magni-
fiques : le mont Dindymène de Cvzique
lui fournissait des granits, la vallée du
Sangarius des jaspes, les terrains vol-
caniques de Lybissa des matériaux plus
grossiers, mais non moins solides. La
pierre calcaire employée dans les con-
structions était tirée des montagnes qui
sont en face , de l’autre côté du golfe,
car le sol de la ville et les environs ne
sont composés que de grès.
Pline, nommé préteur de Rithynie
sous le règne de Trajan, parle avec les
plus grands éloges de Nicomédie (1),
ch. XIII), et Pline l’appelle la- ville illustre
(liv. V, in fine').
(r) Lorsque la Bithynie fut réduite en
province romaine, Nicomédie devint le siège
des gouverneurs, dont quelques-uns lui pro-
curèrent de grands avantages. Pline l’orna
d’une place publique et y construisit un
aqueduc. Lettres 16, 4.0, 42, 5o.
qui avait reçu des embellissements con-
sidérables, et l’on voit dans ses lettres
à l’empereur quelle était sa sollicitude
pour le bien-être de la province qu’il
administrait. Parmi les projets de tra-
vaux publics que le préteur de Bithynie
soumettait à Trajan, il en est un qui est
exposé en détail dans une de ses lettres
à l’empereur (1). Pline songeait à joindre
à la mer par un canal le lac de Sabandja,
éloigné de Nicomédie d’une distance
d’environ trente kilomètres; d’autre
part ce lac aurait pu être joint au fleuve
Sangarius, et la navigation aurait pu se
faire directement entre la mer Noire et
le golfe de Nicomédie sans avoir à passer
le Bosphore. Le chemin était abrégé de
tout le circuit de la presqu’île des Thy-
niens. Ce projet avait reçu de la part
d’un roi de Bithynie un commencement
d’exécution; mais il paraît, malgré l’ap-
probation que Trajan envoie à Pline (2),
qu’aucun travail ne fut exécuté.
Pendant que Pline visitait quelques
villes de son gouvernement, un violent
incendie éclata à Nicomédie et détruisit
non-seulement plusieurs maisons par-
ticulières, mais encore deux édifices
publics, le temple d’Isis et la Gérousie
ou palais du sénat. A cette occasion
Pline proposé à Trajan d’établir une
communauté de surveillants pour pré-
venir les incendies; mais l’empereur,
auquel les conférences des chrétiens
étaient déjà suspectes, refuse l’autori-
sation, en faisant remarquer combien
cette province à déjà été troublée par
des sociétés de ce genre (3). En effet,
à peine les premiers chrétiens eu-
rent-ils prêché la doctrine du Christ
dans ces contrées, que de nombreux
adeptes se réunirent à eux. Pline, qui
résidait à Nicomédie, usa avec modé-
ration du pouvoir que lui donnait l’em-
pereur pour poursuivre les sectateurs
de la nouvelle doctrine.
Il mentionne dans ses lettres les
bains, les aqueducs, les forums et les
temples qu’elle renfermait. C’est à cette
époque que Nicomédie fut ravagée par
le terrible incendie qui détruisit ses
monuments publics. Soit par flatterie,
(1) Pline le Jeune, liv. X, let. L.
(2) Ibid., let. LI.
(3) Plin. liv. X, lett. XLII, XLIII,
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mède l’orna de monuments somptueux
et l’éclat de sa cour attira dans ses États
non-seulement les princes ses voisins,
mais séduisit le plus illustre des Ro-
mains, qui dut regretter plus d’une fois
letroplongséjourqu’ilfitchezNicomède.
Les empereurs romains , maîtres de
la Bithynie, traitèrent les habitants
plutôt en alliés qu’en peuples conquis.
Des routes somptueuses furent ou-
vertes dans toutes les directions, des
ports furent creusés , des canaux même
entrepris pour mettre les provinces
en rapport direct avec les villes mari-
times. L’exploitation des forêts qui
couvraient la Rithynie fut un des points
qui attirèrent le plus l’attention des
préteurs. Le luxe des constructions
commençait à se répandre dans Rome,
et l’Europe ne suffisait plus à fournir
les matériaux précieux dont les patri-
ciens embellissaient leurs riches villas.
L’île de Proconnèse offrait une mine
inépuisable de marbre blanc; mais la
passion des roches précieuses et rares
augmentait à mesure qu’elle se trouvait
satisfaite. Les arsenaux de Nicomédie ,
riches en matières premières, fournis-
saient des navires qui transportaient
jusqu’en Italie les marbres de prix, les
jaspes colorés et les métaux qui ser-
vaient pour la décoration. Nicomédie
profitait, pour ses constructions, du
voisinage de tant de carrières magni-
fiques : le mont Dindymène de Cvzique
lui fournissait des granits, la vallée du
Sangarius des jaspes, les terrains vol-
caniques de Lybissa des matériaux plus
grossiers, mais non moins solides. La
pierre calcaire employée dans les con-
structions était tirée des montagnes qui
sont en face , de l’autre côté du golfe,
car le sol de la ville et les environs ne
sont composés que de grès.
Pline, nommé préteur de Rithynie
sous le règne de Trajan, parle avec les
plus grands éloges de Nicomédie (1),
ch. XIII), et Pline l’appelle la- ville illustre
(liv. V, in fine').
(r) Lorsque la Bithynie fut réduite en
province romaine, Nicomédie devint le siège
des gouverneurs, dont quelques-uns lui pro-
curèrent de grands avantages. Pline l’orna
d’une place publique et y construisit un
aqueduc. Lettres 16, 4.0, 42, 5o.
qui avait reçu des embellissements con-
sidérables, et l’on voit dans ses lettres
à l’empereur quelle était sa sollicitude
pour le bien-être de la province qu’il
administrait. Parmi les projets de tra-
vaux publics que le préteur de Bithynie
soumettait à Trajan, il en est un qui est
exposé en détail dans une de ses lettres
à l’empereur (1). Pline songeait à joindre
à la mer par un canal le lac de Sabandja,
éloigné de Nicomédie d’une distance
d’environ trente kilomètres; d’autre
part ce lac aurait pu être joint au fleuve
Sangarius, et la navigation aurait pu se
faire directement entre la mer Noire et
le golfe de Nicomédie sans avoir à passer
le Bosphore. Le chemin était abrégé de
tout le circuit de la presqu’île des Thy-
niens. Ce projet avait reçu de la part
d’un roi de Bithynie un commencement
d’exécution; mais il paraît, malgré l’ap-
probation que Trajan envoie à Pline (2),
qu’aucun travail ne fut exécuté.
Pendant que Pline visitait quelques
villes de son gouvernement, un violent
incendie éclata à Nicomédie et détruisit
non-seulement plusieurs maisons par-
ticulières, mais encore deux édifices
publics, le temple d’Isis et la Gérousie
ou palais du sénat. A cette occasion
Pline proposé à Trajan d’établir une
communauté de surveillants pour pré-
venir les incendies; mais l’empereur,
auquel les conférences des chrétiens
étaient déjà suspectes, refuse l’autori-
sation, en faisant remarquer combien
cette province à déjà été troublée par
des sociétés de ce genre (3). En effet,
à peine les premiers chrétiens eu-
rent-ils prêché la doctrine du Christ
dans ces contrées, que de nombreux
adeptes se réunirent à eux. Pline, qui
résidait à Nicomédie, usa avec modé-
ration du pouvoir que lui donnait l’em-
pereur pour poursuivre les sectateurs
de la nouvelle doctrine.
Il mentionne dans ses lettres les
bains, les aqueducs, les forums et les
temples qu’elle renfermait. C’est à cette
époque que Nicomédie fut ravagée par
le terrible incendie qui détruisit ses
monuments publics. Soit par flatterie,
(1) Pline le Jeune, liv. X, let. L.
(2) Ibid., let. LI.
(3) Plin. liv. X, lett. XLII, XLIII,