Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0141
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE.

131

bouleversés par quelque commotion sou-
terraine et que le granit qui recouvrait
la formation calcaire n’était autre chose
qu’une masse énorme déplacée par ce
tremblement de terre. Les vallées orien-
tales de la montagne sont en partie
granitiques et en partie composées de
trapps, dont les formations acquièrent
une grande étendue. Du côté de l’ouest
on reconnaît, surtout aux abords des
eaux chaudes, des grès rouges tertiaires
dont quelques-uns offrent des teintes
entremêlées de veines plus pâles , et qui
pourraient être employés dans les cons-
tructions, s’ils étaient susceptibles d’ac-
quérir un certain poli. En somme cette
masse énorme ne présente que très-
peu de ressources comme carrière de
pierres à bâtir. Les pierres employées
dans la construction des mosquées sont
apportées du bord de la mer ; le sol n’of-
fre qu’un travertin de qualité médiocre,
qui est employé pour les remplissages
des murs, et il est peu d’édifices publics
pour lesquels on n’ait emprunté le se-
cours de la brique, comme offrant plus
de durée et sans doute plus d’économie
que toutes les pierres que produit le
pays.
Le marbre même qui a servi à la cons-
truction de plusieurs mosquées n’est pas
tiré des vallées de l’OIympe; il est ap-
porté de l’île de Marmara, carrière iné-
puisable qui a servi déjà a bâtir plusieurs
villes et qui servira encore pendant plu-
sieurs siècles.
La forme générale de l’OIympe se
présente topographiquement comme un
cône à base elliptique couronné par un
double sommet.
Du côté du sud, les contreforts s’a-
planissent pour former de vastes pla-
teaux où se réunissent les eaux de tous
ces versants, pour former deux fleuves
et plusieurs lacs. De ce côté, les acro-
tères de la montagne sont beaucoup
plus prononcés ; la nature avait besoin
de soutenir cette immense masse grani-
tique; ce sont autant de petites chaînes
qui descendent du sommet dans la
plaine et forment dans leur intervalle
des vallées arrosées par des cours d’eau
perpétuels, dont la source est dans les
neiges de l’OIympe. Couvrez ce sol
vierge de l’humus des végétaux accumu-
lés pendant des milliers de siècles, vous

pourrez imaginer de quelle fertilité doi-
vent être les vallées, et comment les
forêts peuvent s’y multiplier avec une
luxuriante majesté.
Aussi on peut dire que peu de forêts
peuvent être comparées à celles de l’O-
Iympe pour la richesse des essences et
la belle venue des arbres. Le chêne et
le hêtre y acquièrent des proportions
inusitées ; le châtaignier y réussit moins
bien quoiqu’il se multiplie avec abon-
dance. Mais le hêtre offre à chaque pas
au voyageur qui veut s’aventurer dans
ces solitudes presque impraticables des
sujets d’une merveilleuse beauté. Ce
fait est très-remarquable au point de vue
de la persévérance des espèces végétales
dans les régions qui leur sont propices.
En effet il y a deux mille ans déjà que
c’était une observation antique : on pré-
tendait que les Mysiens qui étaient ve-
nus s’établir en Bithynie, alors terre
phrygienne, avaient donné à la contrée
le nom de Mysie, parce qu’en leur lan-»
gue mysos signifiait un hêtre.
Parcourons maintenant la montagne ;
visitons ses vallées, ses pâturages et ses
sauvages habitants.
Broussa étant située sur le penchant
même de l’OIympe, on ne peut sortir
de la ville du côté du sud sans se trou-
ver immédiatement dans une des val-
lées, qui remonte presque jusqu’au som-
met. Cependant il n’y a qu’une seule
route fréquentée pour arriver au som-
raetde la montagne, c’est celle de Gœuk-
déré (le vallon céleste), qui coupe la
ville en deux’ parties du côté de l’est.
Après être sorti de ce côté, à peine
a-t-on fait une demi-heure de marche,
qu’on se trouve au milieu d’un majes-
tueux amphithéâtre de rochers caché
par l’ombre épaisse d’arbres séculaires,
parmi lesquels on distingue le noyer,
le chàtaigner, le hêtre, et le chêne. Le
chemin serpente le long d’un ravin pro-
fond et dangereux ; c’est la dépression
supérieure du Gœuk-déré, la vallée la
plus célèbre de l’OIympe, celle dont
l’aspect est le plus grandiose, surtout
au moment de la fonte des neiges lors-
que les torrents roulent avec les blocs
de granit les troncs des arbres déra-
cinés. En continuant à monter environ
une heure, on arrive à un plateau ou-
vert de trois côtés, et dominé au sud
9.
 
Annotationen