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ASIE MINEURE.

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CHAPITRE XXXIX.
TEMPLE DES BRANCHYDES.
Lorsque les Ioniens arrivèrent sur la
côte d’Asie, ils trouvèrent le culte des
dieux de la Grèce répandu dans la
contrée, et le secours des oracles an-
tiques ne leur fut pas inutile pour s’é-
tablir dans leur nouvelle patrie. Apollon
et Diane étaient particulièrement ho-
norés dans le pays, et les plus célèbres
temples de l’Asie étaient consacrés à
ces deux divinités. Claros, Éphèse , Ma-
gnésie, Ortygie, Milet, rivalisaient
pour orner leurs temples des plus riches
offrandes, des objets d’art les plus pré-
cieux. L’antiquité de ces oracles se per-
dait dans les ténèbres delà fable, et tous
les peuples de l’Asie se soumettaient a
leurs décrets.
Le temple des Branchydes, consacré
au culte d’Apollon, Didyinéen , était un
des plus célèbres de la contrée; il do-
minait celui de Claros, et ne le cédait
en importance qu’à celui de Delphes.
Il était établi sur la côte d’Ionie, Don
loin du cap Posidium, à vingt stades de
la mer, et appartenait au territoire de
Milet ; il était éloigné de cent quatre-
vingts stades de cette ville (I).
Les Grecs font remonter l’établisse-
ment de cet oracle au héros Branchus,
favori d’Apollon, qui avait reçu de ce
dieu des témoignages non équivoques
d’affection. Il descendait de Macharéus
le Delphien, qui avait tué Néopto-
lème (2). La prêtrise du temple était
restée dans cette famille; c’est de là que
l’oracle a pris le nom de Branchyde,
sous lequel il était connu. La mère de
Branchus ayant eu pendant sa gros-
sesse un songe dans lequel le soleil lui
était apparu et lui était entré dans le
sein , donna à son fils le nom de Bran-
chus (Ppay/oç, la gorge). Étant devenu
jeune homme, il rencontra dans un
bois Apollon, qui lui donna un baiser
et lui accorda le don de prophétie; il
éleva à ce dieu un temple, qui fut appelé
Branchyde. Quant au surnom donné a
Apollon, les historiens ne l’expliquent
pas d’une manière très-claire : les uns
(i) Pline, liv. V, ch. xxvi.
(9.) Strabon, IX, 421.
22e Livraison. (Asie Mineure.)

le rapportent à deux jumeaux aimés
d’Apollon (àfêup.01); d’autres à une mon
tagne du nom de Didyme, parce qu elle
avait deux sommets, et qui n’est pas
éloignée du cap Posidium. L’oracle
établi par Apollon fut accepté par les
habitants, et des jeux didyméens furent
institués et se célébrèrent à Milet pen-
dant plusieurs siècles. L’héritage du
pouvoir prophétique ne resta pas dans
la famille de Branchus. Léodamas, Mi-
lésien de race royale, ayant été faire la
guerre aux Carystiens, rapporta, avec
les offrandes qu’il consacra à Apollon,
une femme captive qui était mère.
Branchus adopta cet enfant, et lui con-
féra le don de prédire : il l’appela
Évangélus. C’est de lui que descendait
la famille milésienne des Évangélides.
Toutes ces traditions remontaient à une
antiquité très-reculée; mais comme ce
sont des mythes purement grecs, il est
douteux quelles soient antérieures à la
guerre de Troie. Macharéus vivait 1171
ans avant Jésus-Christ. La réputation
de cet oracle s’était étendue jusqu’en
Égypte, et le roi Néchao fit hommage
a Apollon d’une partie du butin qu’il
avait conquis sur la ville de Cadytis en
Palestine, 616 ans avant Jésus-Christ (1).
Crésus envoya au trésor des Bran-
chydes des offrandes aussi magnifiques
que celles qu’il avait envoyées a l’oracle
de Delphes; elles s’étaient déjà telle-
ment accrues au moment où les Milé-
siens se révoltèrent contre les Perses,
qu’elles pouvaient seules suffire pour
équiper une flotte. Hécatée de Milet,
après avoir énuméré le nombre et la
puissance des nations que Darius pou-
vait leur opposer, proposa d’employer
les richesses du temple pour armer des
vaisseaux; mais sa proposition fut re-
jetée (2). Après la soumission des Mi-
lésiens, Darius donna l’ordre d’incen-
dier ce temple. Peut-être fut-il restauré
à cette époque; mais sa ruine complète
fut consommée par ordre de Xerxès,
fils de Darius, qui incendia tous les
temples de l’Ionie. Les Branchydes li-
vrèrent à Xerxès les trésors du temple;
et pour se dérober à la vengeance des
Grecs, ils s’enfuirent en Perse. Le roi
(1) Hérodote, II, i5g.
(2) Hérodote, liv. V, chap. xxvr.
T. II.

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