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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0589
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ASIE MINEURE.

.579

CHAPITRE II.
LES PA.ULIC1ENS.
Les victoires de Justinien remportées
sur les peuples de l’Isaurie avaient valu
à l’Asie orientale quelques années de
tranquillité ; mais si la paix régnait dans
le monde politique, la guerre régnait
dans le monde moral. La Cappadoce,
qui avait embrassé avec ardeur les doc-
trines du christianisme, était devenu le
centre des controverses théologiques les
plus acharnées ; toutes les sectes s’é-
taient donné rendez-vous dans cette
province, et, par une singulière coïnci-
dence, c’était la petite Arménie qui était
choisie comme lieu d’exil des évêques
proscrits par la cour de Byzance. Le
plus célèbre de ces prélats, Chrysos-
tome, fut exilé en 415 à Cueusus, ville
de la petite Arménie, sur les bords de
l’Euphrate. Depuis le règne d’Arcadius
jusqu’à l’invasion musulmane, chaque
année était troublée par quelque sédi-
tion fomentée par les sectes religieuses,
parmi lesquelles surgirent les Pauli-
ciens, dont le chef Silvanus prétendait
suivre la doctrine religieuse enseignée
par saint Paul. Les Manichéens d’Ar-
ménie se convertirent à la voix de ce
sectaire. Il prêcha avec succès dans le
Pont et la Cappadoce. La nouvelle secte
se répandit dans les provinces situées à
l’orient de l’Euphrate; la ville de Colo-
nia, dans le Pont, fut le centre auquel
aboutissaient les six sections qui por-
taient les noms des villes auxquelles
saint Paul avait adressé des épîtres;
mais leurs doctrines étaient trop voi-
sines de celles des Manichéens pour
trouver grâce devant les orthodoxes, et
Justinien II commença la persécution
qui mit les armes à la main à toute
cette population fanatisée. Michel Ier et
Léon l’Arménien poursuivirent, par es-
prit d’orthodoxie, une secte qui prenait
tous les jours de plus grands dévelop-
pements.
Au neuvième siècle, les Pauliciens,
chassés de toutes les autres provinces,
se réfugièrent dans les montagnes les
plus inaccessibles de l’Arménie et de
la Cappadoce. Cachés dans les grottes
qui avoisinent le mont Argée, ils médi-
taient leurs projets de vengeance. Cor-

béas, qui commandait les gardes du
Præsès de l’Orient, réunit cinq mille
Pauliciens, et se ligua avec l’émir des
Sarrasins ; fort de cette alliance, il s’em-
para de la ville de Téphrice, aujourd’hui
Devrighi, située à l’est de Sivas sur un
affluent de l’Euphrate. Les Pauliciens,
occupant les montagnes des environs,
se maintinrent pendant plusieurs an-
nées, soutenus par les armées musul-
manes. Basile le Macédonien marcha
en personne contre les Pauliciens; mais
quand il fut arrivé devant les murs de
Téphrice, il n’osa pastenter une attaque,
et revint à Constantinople. Vers le mi-
lieu du huitième siècle, Constantin Co-
pronyme entreprit une dernière expé-
dition contre les Pauliciens qui occu-
paient Mélitène et Théodosopolis.
11 passa avec eux un traité par lequel
un grand nombre de familles allèrent
s’établir à Constantinople et dans lq
Tbrace, où on les retrouve florissantes
au treizième siècle.
Les fortifications des places frontières
ordonnées par Justinien n’arrêtèrent
pas un moment les hardis musulmans
qui, sous les ordres de Alp-Arslan, en-
vahirent l’Arménie sans s’arrêter à faire
le siège des villes. Césarée, mal défen-
due, tomba en son pouvoir, et fut li-
vrée au pillage. Le sultan acheva la
conquête de l’Arménie et de la Géorgie ;
les orthodoxes de Constantinople virent
sans chagrin les populations des bords
de l’Euphrate tomber sous le joug des
musulmans. Cette brillante campagne
des sectateurs de Mahomet se termina
par la défaite de l’empereur Romanus
Diogène. Mais les princes de la haute
Arménie, les Pagratides d'Ani, ne lais-
sèrent pas sans combat une contrée
qu’ils regardaient comme l’héritage de
leurs ancêtres; ils occupaient plusieurs
châteaux dans lel’aurus, où ils se main-
tinrent jusqu’à l’arrivée des croisés. Les
chefs des chrétiens, appelés par les prin-
ces arméniens,s’établirentdansle sud de
l’Arménie, occupèrent Marasch, Tarse,
et Malmistra. Vers le même temps, Beau-
doin, franchissant l’Euphrate pour aller
secourir un prince arménien, s’empara
de la ville d’Édesse et fonda la première
principauté des Francs, qui subsista pen-
dant un demi-siècle.
Durant toute cette période de troubles,
37.
 
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