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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0591
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ASIE MINEURE.

58 f

renseignement sur la fondation d’Ana-
zarba, Ptolémée et Pline se contentent
de la mentionner, Étienne de Byzance
suppose qu’elle prit le nom de la mon-
tagne voisine ou celui de son fondateur.
Les orientalistes pensent que ce nom
est composé de deux mots sémitiques,
Ain zarba, la fontaine jaune. Cette ville
fut la patrie de Dioscoride et d’Appien,
poète grec du second siècle qui com-
posa un poème sur la chasse, l’empe-
reur Caracalla fut si charmé de cet ou-
vrage qu’il fit présent à l’auteur d’un
écu d’or pour chaque vers.
Anazarba est située au pied d’un
grand rocher calcaire, isolé au milieu
de la plainedu Pyramus. La situation de
cette ville est exactement semblable à
celle de Van ; c’est pour nous un indice
certain d’une origine commune. Nous
retrouvons dans le grand rocher d’A-
nazarba des ouvrages creusés au ciseau
pour assurer les murailles, comme ceux
que nous avons remarqués à Van : l'uneet
l’autre ville nous paraissent de fondation
assyrienne.
Il existe encore dans le pays une tra-
dition qui attribue à Sémiramis la cons-
truction de plusieurs châteaux et no-
tamment celui qui porte le nom de Cha-
mihram kalé si, le château de Sémira-
mis. Satrabon mentionne dans la Catao-
nie (1) plusieurs ouvrages attribués a
cette reine, qui fonda la ville de Van. Ceux
qui voudront examiner les plans de ces
deux villes, la nature des lieux, la per-
fection des forteresses et en un mot tout
le système de défense, trouveront iden-
tité parfaite entre les deux villes, et
comprendront qu’elles doivent avoir une
origine commune.
Les souvenirs delà domination assy-
rienne se retrouvent dans la province.
Le baron de Moltke a observé au vil-
lage d’Isoglou, sur la rive gauche de l’Eu-
phrate, une inscription cunéiforme de
quarante lignes, gravée sur un tableau
de deux mètres de hauteur et un mètre
de largeur.
Anazarba fut si souvent exposée aux
ravages des tremblements deterre qu’on
ne peut s’étonner de n’y trouver aucun
reste des monuments du temps archaï-
que ; quatre fois la ville fut renversée. La
(ij XX Strabon, XII, 537.

dernière catastrophe eut lieu sous le
règne de Justin ; l’empereur fit de gran-
des dépenses pour la restaurer, et en sa
qualité de nouveau fondateur il lui
donna le nom de Justinopolis. L’an-
cien nom prévalut ; il est encore connu
des indigènes, qui disent tantôt Aïn-
varza, tantôt Anavarza. La table de
Peutinger marque Anazarba, à onze
milles de Mopsuestia, sur la grande roule
deCésarée en Syrie passant par Cucusus
et Flaviopolis et à dix-huit milles de
cette dernière ville, ce qui permet del’i-
dentifier avec la ville moderne de Sis.
Anazarba est aujourd’hui complète-
ment déserte; la ville s’étend dans la
plaine au nord du grand rocher ; ses
murailles qui subsistent encore en entier
trompent de loin le voyageur, qui croit
avoir devant lui une ville populeuse;
elles forment une enceinte quadrangu-
laire défendue par cinquante-six tours
carrées, espacées de trente-cinq mètres
d’axe en axe, c’est la mesure d’une demi-
portée de trait; elles ont dix mètres de
côté. En avant des murailles est le
fossé; le mur de l’agger est défendu
par des tours, mais celles-ci sont pres-
que toutes tombées. Les murailles et
les tours sont bâties en grandes pierres
de taille, elles sont intactes, mais nous
n’y découvrîmes aucune inscription
grecque. La porte de l’est, qui se com-
pose d'une arcade fort simple, est aujour-
d’hui murée, on entre par une poterne
qui est attenante.
L’intérieur de la ville n’est plus au-
jourd’hui qu’un vaste champ couvert
de gazon dans lequel on ne voit pas
même les éminences formées par des
édifices détruits. De loin en loin quel-
ques lignes de colonnes brisées indi-
quent la trace d’un portique qui formait
une large rue; les colonnes sont en pierre
calcaire. Le seul débris d’édifice qui
existe dans l’intérieur de la ville, con-
siste en une église du moyen-âge, dont
la construction ne remonte pas au delà
du douzième siècle, à cette époque la
ville étant entre les mains des princes
arméniens.
La ville avait quatre portes, l’une à
l’est, deux autres font face au nord-est
et au nord-ouest; la quatrième porte,
qui fait face à l’ouest, a un caractère
monumental : c’est un arc de triomphe
 
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