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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0064

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LES CITÉS ROMAINES DÉ LA TUNISIE.

doute bon d'examiner, si l'on écrivait l'histoire détaillée et par-
ticulière de chaque cité, mais qu'il suffit de mentionner briève-
ment et d'indiquer pour mémoire dans une étude d'ensemble
sur la vie municipale. Les raisons générales, scientifiquement
dégagées de l'examen minutieux d'un grand nombre de faits,
ont seules ici une valeur et une portée vraiment historiques.

Si l'on veut comprendre pourquoi les villes sont situées ici
plutôt que là, il faut remonter jusqu'à leur origine ; il faut s'ef-
forcer de retrouver quel rôle leur a été, pour ainsi dire, assigné
dès leur naissance, dans quelles circonstances, dans quelles
conditions et pour quelles fins elles ont été fondées.

Parmi les cités qui, dans l'Afrique proconsulaire, ont atteint,
au second et au troisième siècle de l'ère chrétienne, leur plus
haut degré de prospérité, les unes, anciennes colonies de Car-
tilage, étaient bien antérieures à la conquête romaine; d'autres,
au contraire, ne furent créées ou ne prirent leur essor qu'au
moment où les empereurs, fidèles à la politique inaugurée par
César et par Auguste, cessèrent d'abandonner l'Afrique comme
une proie sans défense à l'avidité des proconsuls, et commen-
cèrent à la coloniser activement. D'origine punique ou d'ori-
gine romaine, ces villes eurent plus d'un trait commun.

Lorsque les compagnons de la princesse tyrienne Elissar dé-
barquèrent, au neuvième siècle avant J.-C, sur les rivages de
la péninsule qui s'allonge entre le lac de Tunis, la Sebkha en
Rouan et la Méditerranée: lorsqu'ils y fondèrent, sur l'empla-
cement d'un ancien comptoir ruiné, la Ville-Neuve, Kart-
Hadasch, Carthage, l'intérieur du pays était occupé, s'il faut
accorder quelque créance aux récits des historiens grecs et la-
tins, par des populations libyques, auxquelles s'étaient déjà
mêlés, à deux reprises différentes, des éléments orientaux,
chananéens (1). Pendant quelque temps Carthage dut payer
tribut aux rois indigènes. Mais peu à peu, grâce à sa merveil-
leuse situation, la cité phénicienne grandit et prit des forces. De
tributaire devenue conquérante, elle remonta les vallées de la
Medjerdah et de l'O. Miliane. Très différente des autres colonies
de Sidon et de Tyr, qui n'étaient que des ports de commerce,
elle se constitua un véritable empire territorial, dans les limites
duquel le calme de la vie sédentaire et agricole remplaça la tur-
bulente mobilité des pasteurs et des cavaliers libyens. Les pre-
mières cités qui naquirent dans cette contrée furent les colonies

(1) Justin, XVIII, 5 et 6.
 
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