Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0136

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
122

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

lossale de Lucilla qui provient de Garthage et qui est au Musée
du Louvre : toutes ces œuvres sont largement traitées ; le mo-
delé en est sobre et ferme ; le style en est encore vigoureux.
Que l'on compare ces trop rares morceaux avec les sculptures de
la fin du deuxième et du troisième siècle, en particulier avec
une tête de Septime Sévère et avec quelques portraits d'inconnus
exposés au Musée Alaoui ; l'on sentira et l'on comprendra aussi-
tôt que dans l'Afrique romaine l'art de la statuaire a subi la
même évolution, a passé par les mêmes phases qu'à Rome et en
Italie. Les sculpteurs de cette province n'ont pas eu plus de style
personnel que d'inspiration originale.

Quant aux mosaïques, le nombre en est déjà considérable, et
chaque année il s'accroît par suite de découvertes sans cesse
renouvelées. L'art de la mosaïque aurait-il donc été plus ré-
pandu, plus populaire, et partant plus perfectionné dans l'Afri-
que romaine que partout ailleurs ? Ce serait là une conclusion
inexacte. La coutume d'orner de mosaïques le pavé ou les pa-
rois intérieures des maisons semble être née sous les Diado-
ques, dans les pays de civilisation hellénistique. Sosos, dont
nous avons parlé plus haut, vécut à Pergame. Sous l'empire ro-
main, le goût de la mosaïque était répandu dans tout l'Occident,
à Rome, en Italie, en Gaule et jusque dans les régions voisines
du Rhin. D'autre part, quel que soit le lieu dans lequel le mo-
saïste travaille, qu'il exécute son œuvre ici ou là, sous les cieux
brumeux du Nord ou sous le brûlant soleil d'Afrique, il est
forcé, par la technique même de son art, si toutefois il est un
véritable artiste, d'opter entre deux styles, le style décoratif et
le style que j'appellerai pittoresque au sens étymologique du
mot. S'il préfère le style décoratif, il s'efforcera, sans poursui-
vre le détail infiniment petit, de rendre, par l'habile agence-
ment de quelques couleurs adroitement choisies, l'aspect géné-
ral de l'objet ou du motif qu'il veut représenter; il lui suffira,
par exemple, pour reproduire l'œil d'un homme ou d'un animal,
de disposer avec art trois ou quatre petits cubes de marbre de
tons variés. Le travail ne sera ni fin ni minutieux; mais le
style de l'œuvre sera vigoureux et large. Le style pittoresque,
en mosaïque, c'est l'application à cet art tout spécial des pro-
cédés de la peinture; c'est la recherche de la nuance et de la
dégradation insensible des couleurs. L'artiste emploiera alors
des morceaux de marbre très petits, presque ténus, ne mesu-
rant pas quelquefois plus d'un millimètre de côté; l'exécution
de l'œuvre sera un véritable jeu de patience. Le fameux Sosos
 
Annotationen