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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0174

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ï 60 LES CITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

ment à l'empire du barbare Maximin avait donc ouvert une ère
de troubles et d'anarchie; les tétrarques et Constantin essayè-
rent, mais en vain, d'en atténuer les déplorables effets; ils ne
réussirent même pas à enrayer la ruine du pays. Le pouvoir
central devait être fatalement impuissant à restaurer l'œuvre
qui, deux siècles plus tôt, avait été lentement édifiée par l'étroite
et constante collaboration de la nature, des indigènes et de la
civilisation romaine. La richesse économique ne se décrète pas;
la prospérité d'une vaste contrée ne s'importe pas tout entière
du dehors, par voies et moyens officiels.

Si, en effet, comme je me suis efforcé de le prouver, tout ou
presque tout paraît avoir été romain dans les antiques cités
africaines, si peu d'édifices y avaient conservé l'empreinte de
la civilisation punique, il ne faudrait pourtant pas en conclure
que cette transformation matérielle ait été l'œuvre du gouver-
nement impérial, ni même qu'elle ait été imposée par lui. Les
dédicaces des monuments, les inscriptions gravées sur les bases
des statues et sur les colonnes milliaires nous apprennent
comment, par qui et souvent avec quelles ressources les monu-
ments ont été élevés, les statues érigées, les routes construites.
Examinons de près tous ces textes ; ils nous révéleront à qui
doivent surtout revenir la gloire et l'honneur d'avoir aussi heu-
reusement, aussi complètement changé l'aspect du pays.

Quels ont été dans l'Afrique proconsulaire, aux trois premiers
siècles de l'empire, les représentants officiels et autorisés du
gouvernement central? Jusqu'en l'année 37 ou 39, c'est-à-dire
jusqu'au moment où l'empereur Caligula donna à un légat pro-
préteur le commandement des troupes légionnaires cantonnées
dans la province, toute l'autorité était restée réunie entre les
mains du proconsul qui siégeait à Cartilage. Après cette date ,
l'administration du territoire pacifié et civil fut laissée au pro-
consul ; mais sur ce territoire même , dans certains cas excep-
tionnels , lorsqu'il s'agissait, par exemple, de fortifier un point
stratégique ou de construire une route militaire, le légat pro-
préteur de la légion IIP Auguste pouvait et devait intervenir.

Quant aux curatores reipubiicae, véritables fonctionnaires im-
périaux chargés d'administrer les villes aux lieu et place
des magistrats locaux, l'institution n'en devint générale dans
cette province, que sous la tétrarchie et au quatrième siè-
cle (1). Dans les limites chronologiques que je me suis

(1) Voir liv. III, chap. iv et v, et Appendices, II.
 
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