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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0257

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LES COUTUMES FUNERAIRES. 243

plique très bien par la conception même que les Egyptiens et
les Phéniciens s'étaient faite de la mort. Pour que la destinée
future du défunt pût s'accomplir, il fallait que son corps de-
meurât éternellement dans le tombeau où il avait été déposé, et
qu'il eût toujours à sa portée le nombreux et complexe mobilier
funéraire qu'on y avait enfermé en même temps que lui : de là,
nécessité absolue de protéger la sépulture contre toute violation,
de la rendre en quelque sorte introuvable ou tout au moins d'en
interdire l'accès (1). Cette tradition se perpétua en Afrique
jusque sous la domination romaine, et, ce qui est fort curieux,
elle fut même observée dans certaines tombes à incinération.
Le mode de sépulture était alors, pour ainsi dire, en con-
tradiction avec le caractère et la disposition du tombeau.

Tandis que les coutumes importées jadis de l'Orient survi-
vaient à l'indépendance de Garthage, des idées venues d'ailleurs
et, avec ces idées, des rites nouveaux pénétraient dans l'Afrique
romaine. A côté des tombes où les morts étaient enfermés sans
communication matérielle avec le reste du monde, se dressaient
des monuments dont les vivants se servaient pour entrer en
relations directes avec le défunt. Les plus intéressants de ces
monuments sont les sépultures des affranchis impériaux de
Garthage, découvertes et si soigneusement décrites par le père
Delattre. Ge sont des cippes carrés, ayant en général lm,50 de
hauteur, et de 0m,50 à 1 mètre de largeur. Construits tous en
maçonnerie, ils renferment une ou plusieurs urnes remplies d'os-
sements calcinés ; chaque urne est recouverte d'une patère percée
d'un trou au centre et mise en communication avec l'extérieur au
moyen d'un tube en terre cuite. Ce tube est placé soit vertica-
lement, suivant l'axe du cippe, de façon à aboutir au centre de
la face supérieure, soit obliquement pour venir déboucher sur
une des parois latérales. C'est par ce tube que les libations
faites sur le cippe parvenaient jusqu'à l'urne cinéraire ; c'est
également dans ce tube qu'étaient introduites ces lamelles de
plomb roulées, sur lesquelles étaient gravées des imprécations
ou des prières adressées soit au défunt lui-même, soit au sou-
verain du royaume infernal (2).

(1) La violation des sépultures était- considérée, en Egypte, comme un
des crimes les plus odieux. 11 est dit, dans le Livre des Morts : « Je n'ai
pas enlevé les provisions ou les bandelettes des morts. » (Maspero, Histoire
ancienne des peuples de VOrient, 3rae éd., 1878, p. 45.)

(2) C. I. L., VIII, Suppl., p. 1301-1302; Revue archéologique, ann. 1888,
1er sem., p. 151 et suiv*
 
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