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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0310

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296 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

Lares (1), Sicca Veneria (2) étaient des cités prospères. Il semble
même que l'œuvre de Massinissa n'ait pas été purement et ex-
clusivement matérielle : Salluste parle de « praefecti régis » qui
trahissent Jugurtha, et qui livrent à Metellus plusieurs villes
bien approvisionnées de froment (3). Le rôle de ces praefecti ne
révèle-t-il pas l'existence, dès cette époque, d'une véritable
organisation politique ?

Jusqu'où s'étendit cette métamorphose, et quelles en furent
les limites géographiques ? Il suffit, pour trouver la réponse à
cette question, de suivre attentivement la marche de Marius
sur Gapsa. Marius part de Lares et se dirige droit vers le sud ;
au bout de neuf jours, il arrive à deux milles romains de la cité
dont il veut s'emparer ; pendant ces neuf jours, il n'a rencontré
ni une ville, ni un champ cultivé ; dans le pays qu'il a traversé,
les Numides sont plutôt pasteurs que laboureurs : ils se nour-
rissent de lait et de gibier (4). Capsa même est une oasis envi-
ronnée de déserts (5). La description et le récit de Salluste sont
très significatifs : vers l'année 106 avant J.-C., le centre et le
sud de la future Proconsulaire n'avaient pas été conquis par la
charrue ; sauf Capsa et Thala, aucune agglomération urbaine
n'y existait, et encore ces deux places étaient-elles plutôt des
forteresses que de véritables cités. Hors du littoral, la vie sé-
dentaire et municipale ne s'était répandue que dans les Grandes
Plaines arrosées par le moyen Bagradas (les MeyaXa raSta d'Ap-
pien, Pwn., 68), et en partie dans les vallées de ses principaux
affluents.

Pendant le dernier siècle de la République, loin de faire de
nouveaux progrès, l'œuvre entreprise par Massinissa fut, sinon
anéantie, du moins fort ébranlée et fort compromise dans les
limites même qui viennent d'être fixées. Carthage avait été tota-
lement et méthodiquement détruite en 146 ; toutes les villes qui
avaient lié leurs destinées à celles de la métropole punique
avaient subi le même sort, en particulier Neferis, Tunis,

(1) Salluste, Jugurtha, 95.

(2) Id., ibid., 60.

(3) Id., ibid., 50.

(4) Salluste, op. cit., 94 : Numidae plerumque lacté et ferina carne ves-
cebantur ; — 95 : Quippe etiam inopia frumenti tentabatur, quod Numi-
dae pabulo pecoris magis quam arvo student.

(5) Id., ibid., 94 : Erat inter ingentes solitudines oppidum magnum at-
que valens, nomine Capsa... praeler oppido propinqua, alia omnia vasta,
inculta, egentia aquae.
 
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