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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0321

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Renaissance et progrès dé la vie municipale. 307

Pendant deux siècles au moins, jusqu'à la mort d'Alexandre
Sévère, la sécurité des personnes et des biens a été absolue
dans la Proconsulaire ; aucune invasion de tribus nomades n'a
détruit la prospérité renaissante, n'a entravé le développement
ni la merveilleuse diffusion de la richesse économique. Les
guerres lointaines contre les Maures ont beaucoup plutôt affermi
et assuré que menacé cette sécurité.

La paix intérieure n'a pas été moins générale ni moins conti-
nue. Où donc trouve-t-on avant Gordien la moindre trace de ces
jacqueries, de ces troubles qui ensanglantent les villes, de ces
brigandages commis par les indigènes ? Un jour, dans une
émeute, Vespasien, proconsul d'Afrique, reçoit à Hadrumète
une pluie de raves ; M. Monceaux ajoute, ce qui n'est dans aucun
texte et ce qui dénature l'épisode, que la populace voulut le
tuer. Capitolin (1) raconte que Pertinax, pendant son proconsu-
lat, dut apaiser, à Garthage, plusieurs mouvements populaires
excités par les prêtres et les diseurs d'oracles attachés au tem-
ple de la déesse Caelestis. Voilà les deux seules séditions, si le
mot lui-même n'est pas trop fort, qui aient éclaté dans la pro-
vince pendant les deux premiers siècles de l'empire. Justifient-
elles, en bonne méthode, les conclusions de M. Monceaux, sur-
tout quand d'innombrables documents prouvent, au contraire,
que la domination romaine a été spontanément acceptée par
tous les habitants, et que les mœurs romaines ont été en partie
adoptées par la majorité de la population? Est-il plus exact
d'affirmer que les Africains « étaient toujours prêts à soutenir
tout prétendant de leur race et "de leur pays qui se déclarait
contre l'empereur de Rome ou qui voulait se rendre indépen-
dant? » Glodius Macer, le rival de Galba, n'était pas né en Afri-
que. Septime Sévère, lorsqu'il se proclama empereur, n'était
pas aussi certain qu'on veut bien le dire du suffrage de ses
compatriotes, puisqu'il se crut obligé d'envoyer des légions en
Afrique pour empêcher son compétiteur Niger d'occuper l'un
des greniers de Rome (2). Enfin, Gordien n'était pas originaire
de la province qui lui décerna, pour son malheur, la couronne
impériale : par son père, il descendait des Gracques, par sa
mère de Trajan (3).

C'est en pleine paix que la Proconsulaire a vécu jusqu'au

(1) Capitolin, Pertinax, 4.

(2) Spartien, Sévère, 8.

(3) Capitolin, Gordien, 2.
 
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