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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0362

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348

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE

tées distinctes l'une de l'autre, la ville proprement dite et la
campagne. Cette dualité, dont seules les inscriptions nous ont
révélé l'existence, y apparaît sous plusieurs formes. Quelques
textes épigraphiques contiennent les expressions : pagus et civi-
tas (1), utraque pars civitatis (2). Il en résulte que la ville et la
campagne, le plus souvent réunies en fait, ne constituaient ce-
pendant pas en droit un élément unique, qu'elles étaient sépa-
rables et qu'elles pouvaient ne pas agir de concert.

C'est ce que prouvent d'autres documents. Ici, en effet, est
mentionnée une double assemblée municipale, uterque ordo: là
sont cités des patroni pagi, qui ne sont pas en même temps pa-
troni civitatis ; là enfin soit le pagus. soit la civitas ou les cives,
sont nommés seuls (3).

Ailleurs, une seule et même commune semble avoir porté un
double nom. Sur une inscription trouvée à Hr Bichga, on lit :
Civitas Rir. Aq. Sacar. (4), et sur plusieurs textes découverts au
même endroit : Municipium Bisicense (5). De même, dans la val-

. (1) Decuriones pagi et civitatis : C. I. L., VIII, 1548 (Agbia) ; — Patrorms
pagi et civitatis : C. I. L., VIII, 1494; SuppL, 15520 (Thugga); pagus et ci-
ves : id., ibid., 1482 (Thugga) ; pagus et civitas : id., ibid., 1494; Bulletin
archéologique du Comité, ann. 1892, p. 154-155 (Numiulis); Bulletin de la
Société d'Oran, ann. 1893, p. 173, 174 (Thugga).

(2) C. I. L., VIII, 1419 = SuppL, 15212 (Thignica).

(3) C. I. L., VIII, 1478, 1479, 1495; SuppL, 15519, 15529; Bulletin archéo-
logique du Comité, ann. 1892, p. 154-155; Bulletin de la Société d'Oran,
ann. 1893, p. 173; Carton, Découvertes..., n° 530. — Le plus important de
tous ces textes est la dédicace du Capitole de Numiulis : « . ... Memmius
Pecuarius Marcellinus, cum suo et L. Memmii Marcelli Pecuariani, decu-
rionis civ(itatis), flaminis divi Nervae designati, filii sui, nomine templum
Capitoli liberalitate sua faciendum ex seslertiis XX millia n{ummum)
patriae suae pago et civitati Numiulitanae promisisset, et ob honorem fla-
moni Juniae Saturninae uxoris suae ex decreto utriusq(ue) ordinis ses-

tertium IV millia n(ummum) in id opus proc....., multiplicata pecunia

solo suo extruxit et marmoribus et statuis omniq{ue) cultu exornavit
itemq{ue) dedicavit; ob quam dedicationeyn decurionibus utriusq(ue) ordi-
nis sportulas... dédit. » On y voit : 1° que le pagus et la civitas de Numiulis
ne formaient qu'une cité, puisque Memmius Pecuarius appelle les deux en-
semble sa patrie; 2* que deux assemblées municipales, dont les membres
étaient également des décurions, coexistaient dans cette cité ; 3° que le fils
de Memmius Pecuarius n'était décurion que de la ville, decurio civitatis.

(4) C. /. L., VIII, SuppL, 12286.

(5) Id. , ibid., SuppL, 12296, 12301. — Il n'y a pas lieu de penser que le
nom de Bisica ait été artificiellement importé dans le pays par le gouver-
nement impérial, lorsque la cité fut transformée en municipe; ce nom est
bien indigène; il figure sur l'épitaphe d'un certain Zopyrus, Tironis filius,
qui fut l'un des undecimprimi de la ville, et qui vivait, par conséquent, à
 
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