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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 6) — Paris, 1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.1318#0380
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370 TACTIQUE DES ARMÉES FRANÇAISES

fuir après un premier effort. Les Saxons, à cette vue, perdent toute
prudence, sortent de leurs positions et poursuivent les fuyards.
Guillaume lance alors des troupes fraîches sur les flancs des troupes
saxonnes débandées, les enveloppe, puis en même temps attaque
le camp, et obtient une victoire chèrement achetée, car le combat
se prolonge jusqu'à la nuit close.

La division de l'armée en trois colonnes d'attaque, dont une tenue
comme réserve pour profiter d'un moment opportun ou prévenir
une déroute ; la disposition des archers et arbalétriers sur les flancs
et en tète pour engager le combat et protéger la cavalerie; le strata-
gème si souvent employé, et qui a tant de fois réussi, de paraître fuir
ou opérer une retraite précipitée, afin de faire sortir l'ennemi d'une
position difficile à emporter, pour attaquer ses flancs et le déborder,
tout cela constitue une tactique parfaitement conforme au génie
normand.

Guillaume, d'ailleurs, après sa victoire, agit avec circonspec-
tion. Un corps de Normands ayant débarqué séparément, loin du
champ de bataille, s'est fait battre. Le duc n'entend pas que pa-
reille aventure puisse se renouveler. Donc, avant de marcher sur
Londres, il veut occuper la côte et avoir une bonne base d'opé-
ration; il tient à rester en communication avec le. continent pour
recevoir des renforts et approvisionnements, et prend ses mesures
en conséquence.

Plus tard nous voyons les Normands agir avec la même prudence,
lorsqu'ils vont conquérir l'Italie méridionale et la Sicile. Jamais ils
ne se lancent en aventuriers dans les contrées où ils prétendent im-
planter leur autorité. Ils se présentent comme des soldats de for-
tune, louent d'abord leurs services, se tiennent en communication
avec leurs recrues par la possession de points sur la côte ; puis, quand
ils se sentent assez forts, ils agissent pour leur propre compte, sans
qu'il leur advienne jamais de ces désastres provoqués par l'impré-
voyance ou l'ignorance des localités. Astucieux, peu scrupuleux
dans l'accomplissement de leurs engagements, ils n'en sont pas
moins pourvus de ce génie militaire qui consiste à ne rien aban-
donner au hasard.

Il semblerait que Philippe-Auguste essaya de donner à l'infanterie,
dans les batailles, l'importance qu'elle avait perdue. A la bataille dé
Bovines, les troupes des communes, non-seulement se battirent bra-
vement de part et d'autre, mais contribuèrent, du côté des Français
au succès de la journée, et du côté des Flamands à retarder longtemps
la victoire. D'après le témoignage de Guillaume le Breton, ces troupes
 
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