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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 6) — Paris, 1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.1318#0382
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372 TACTIQUE DES ARMÉES FRANÇAISES

services; elles étaient plus embarrassantes qu'utiles, en retardant la
marche de la cavalerie, principale force des armées d'alors.

Mais, pour se rendre un compte exact de la tactique des armées
de la grande époque féodale, il est nécessaire de connaître les con-
ditions de formation de ces armées. Juger la tactique militaire du
xii° siècle en prenant pour type, soit la tactique romaine, soit la
lactique moderne, c'est tomber gratuitement dans la plus étrange
confusion; car, si la stratégie ne se modifie que d'une manière
relative dans le cours des siècles, il n'en est pas ainsi de la tac-
tique, qui change en raison de la composition des troupes, de leur
armement et des milieux. Nous l'avons éprouvé récemment, et la
tactique des armées françaises en Algérie ne peut être et n'est pas
la même que celle qu'il faut adopter en face des grandes armées
continentales.

Dire que les armées féodales étaient dépourvues de toute tactique,
c'est prétendre à peu près qu'un pays n'a pas de littérature, parce
que vous n'en comprenez pas le langage. La féodalité possédait la
seule tactique qui pût être appropriée à son organisation militaire
et aux armes dont elle se servait. Et il faudrait être dépourvu de
sens pour ne pas admettre, par exemple, que si l'invention de l'ar-
tillerie a dû apporter dans la tactique les modifications les plus
profondes, ce n'est pas une raison pour que les armées, avant celte
époque, fussent dépourvues de celle qui convenait à leur organisa-
tion et à leur armement.

Cette organisation, nul ne l'ignore, dépendait du régime féo-
dal même. Celui qui tenait un fief devait le service militaire attaché
à'ce fief, à la demande du suzerain, et dans des conditions définies,
soit comme temps, soit comme objet. Les barons arrivaient donc au
rendez-vous assigné, avec leurs chevaliers et leurs hommes liges à
pied ou à cheval. Les communes devaient également fournir des
hommes d'armes et des piétons, commandés par des capitaines. S'il
s'agissait d'une grande entreprise commandée par le roi, il est évi-
dent que ces troupes, arrivant de toutes parts, celles-ci du Poitou,
celles-là de Picardie ou de Champagne, de Bourgogne ou d'Au-
vergne, ne pouvaient avoir l'unité d'organisation des armées ro-
maines ou de celles de nos jours. Elles différaient par l'armement,
les habitudes, et même le langage. Vouloir les fondre en quelques
jours eût été une entreprise impossible et même dangereuse eu
bien des cas. Il fallait donc, tout en les faisant concourir vers un
but, leur laisser une certaine indépendance, soit dans les mouve-
ments, soit dans la manière de camper, d'agir et de combattre.
 
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