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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 6) — Paris, 1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.1318#0435
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PENDANT LE MOYEN AGE. 423

On formait ces haies avec les pelotons qui flanquaient des piquiers,
et si elles étaient chargées vigoureusement, les arquebusiers et archers
reprenaient leur position dans les batailles d'infanterie. Ces haies
se formaient aussi en carré ou en triangle, lorsqu'elles étaient
tournées ou enveloppées ; les officiers et sous-officiers portaient la
pertuisane, la vouge et l'épée.

Tous les exemples de tactique que nous venons de donner mon-
trent combien on abandonnait difficilement, malgré l'intervention
de l'artillerie, l'ancien ordre de combat profond, admis chez les
Grecs et les Romains et continué pendant toute la durée du moyen
âge. Au commencement du xvif siècle encore, cet ordre de combat
par batailles ou bataillons épais, composés de piquiers et flanqués
de porteurs de mousquets, était encore admis. Mais l'invention du
fusil à pierre, en rendant le tir de l'arme à feu de main plus rapide
et plus sûr, les perfectionnements considérables apportés à l'arme
de l'artillerie en campagne, durent faire modifier l'ordre de bataille
profond. Ce fut toute une révolution dans la tactique de combat: les
lignes de bataille s'étendirent ; par suite, le commandement dut
prévoir toutes les chances d'une action, étudier le terrain avec le
plus grand soin, et s'en rapporter, pour l'exécution, à un beaucoup
plus grand nombre d'officiers ; par conséquent, fournir des ordres
très-précis suivant telle ou telle éventualité. La guerre tendait
ainsi à devenir une science ardue, et la bravoure était reléguée au
second rang.

L'étude, le calcul, l'observation, la justesse du coup d'œil, toutes
ces facultés intellectuelles étaient désormais destinées à avoir raison
de la force aveugle et de la plus brillante bravoure.

Ce ne fut pas sans amertume que les derniers représentants de la
chevalerie virent poindre cet art de la guerre moderne : mais leurs
regrets ne purent ralentir la marche des choses ; ils ne l'éprouvèrent
que trop à leurs dépens. Il leur fallut bien en venir à abandonner,
non-seulement leurs armures de fer, mais leur manière de com-
battre. L'organisation des régiments de cavalerie fut le dernier
coup porté à la féodalité armée ; elle essaya de réagir, aussi long-
temps que cela fut possible, contre cette organisation et elle fit
à plusieurs reprises des tentatives pour en détruire ou ralentir
l'effet.

Plus que jamais la guerre tend à devenir une science dans
laquelle les succès sont assurés aux plus instruits et aux plus
prévoyants, aux plus vigilants; car, comme le dit le maréchal de
Montluc : « 11 ne faut pas que les chefs d'une armée aiment à dormir
 
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