Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Vingt-Deuxieme): Précis du siècle de Louis XV. — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90795482]

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.49769#0051
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
d'Ormea l’avaient plongé; et cette victime immolée à son père eût rétabli
ta paix et lui eût rendu sa gloire.
Le cardinal de Fleuri n’avait qu’une politique faible ou machiaveliste ;
le garde des sceaux Chauvelin n’avait point un génie plus élevé. Ils ne furent
frappés que delacrainte d'obliger le roi Charles de s’unir avec l'empereur ;
la nature , le devoir, l’honneur furent sacrifiés à un intérêt qui même
n’existait pas , et ils portèrent la pusillanimité jusqu’à ne pas oser faire
demander au nom du roi de France qu’on adoucit la prison de son grand-
père , tandis que le roi Charles et ses deux ministres étaient dans les plus
grandes inquiétudes sur le parti que la France pourrait prendre.
Fleuri avait peut-être des motifs plus persounels ; il craignait de rap-
procher Louis XV de son aïeul ; il n’ignoraitpas que Victor-Amédee blâmait
sa conduite , le soin qu’il avait d’éloigner le roi des affaires, de ne lui
laisser voir ni ses troupes ni ses places de guerre ni ses provinces, de favoriser
sa timidité naturelle qui l’empêchait de parler à ses sujets ou aux étrangers.
Quelques mois après on transporta le roi Victor àMoncarlier. Eivole était
placé sur le grand chemin de France à Rome , à la vue du palais de Turin,
dans les campagnes où le roi chasfait tous les jours. Un étranger que le roi
Victor avait traité avec cette affabilité franche , qui plaît tant dans les rois,
fut le seul qui osât s’intéresser à son infortune ; il fit sentir à d'Ormea combien
toutes ces circonstances rendaient plus odieuse encore la prison de ce mal-
heureux prince. On lui rendit sa femme à laquelle à'Ormea défendit sous
peine de la vie d’avouer qu’elle eût été enfermée au château de Céva. Il
mourut la même année. Dans ses derniers jours, il demandait à voir son
fils, promettant de ne lui faire aucun reproche. TFOrmca eut le crédit
d’empêcher une entrevue qui pouvait le perdre, en apprenant au roi que
toute cette horrible catastrophe était l’ouvrage de son ministre. Tel fut
la fin de Victor-Amédée , victime d’un sujet qu’il avait comblé de biens.
Les malheurs du père et du fils doivent apprendre aux princes à quels
revers, à quels crimes involontaires ils s’exposent, lorsque, plus frappés
des talens que de la probité , ils comptent la vertu pour rien dans le
choix de ceux qu’ils élèvent aux grahdes places.
Nous avons cru ces détails intéressans ; c’est d’ailleurs un devoir de
détruire des calomnies accréditées, même contre la mémoire des morts.
Qn avait accusé Victor d’inconstance, sa femme d’ambition , et tous deux
du projet de troubler leur pays pont satisfaire leur ambition. Us ne furent
coupables que de trop de sensibilité aux outrages d’un sujet ingrat.
Pourquoi ne pas apprendre à ceux que le récit de cet événement indigne
eu attendrit que le roi Charles Emmanuel fut trompé lui-même , qu’il ne
sut que lorsqu’il n’en était plus temps , et l’innocence des démarches de
son père, et l’insolente cruauté de ses persécuteurs ? Pourquoi ne pas
dévouer le vrai coupable au jugement de la postérité ’ z
 
Annotationen