du peuple ; mais une multitude de sages s’en est
toujours moquée; ce grand nombre de sages, au
contraire, a toujours admis le juste ec l’injuste, tout-
autant, et même encore plus que le peuple.
La croyance aux sorciers, aux démoniaques etc.
est bien éloignée d’être nécessaire au genre-humain;
la croyance à la justice est d’une nécessité absolue ;
donc elle est un développement de la raison donnée
de dieu ; et l’idée des sorciers et des possédés etc. est
au contraire un pervertissement de cette même raison.
XXXIV.
Contre Locke.
Locke qui m’instruit , et qui m’apprend à me
défier de moi - même , ne se trompe-t-il pas
quelquefois comme moi-même ? Il veut prouver la
fausseté des idées innées ; mais n’ajoute-t-il pas une
bien mauvaise raison à de fort bonnes? Il avoue qu’il
n’est pas juste de faire bouillir son prochain dans une
chaudière , et de le manger. Il dit que cependant il
y a eu des nations d’anthropophages , et que ces
êtres pensans n’auraient pas mangé des hommes s’ils
avaient eu les idées du juste et de l’injuste , que je
suppose nécesfaires à l’espèce humaine. ( Voyez la queft.
XXXVI. )
Sans entrer ici dans la question s’il y a eu en effet
des nations d’anthropophages , ( 9 ) sans examiner les
<9) Voyez la note (a), Essai sur les mœurs et l’efprit des nations,
tome III. pag. 318.
toujours moquée; ce grand nombre de sages, au
contraire, a toujours admis le juste ec l’injuste, tout-
autant, et même encore plus que le peuple.
La croyance aux sorciers, aux démoniaques etc.
est bien éloignée d’être nécessaire au genre-humain;
la croyance à la justice est d’une nécessité absolue ;
donc elle est un développement de la raison donnée
de dieu ; et l’idée des sorciers et des possédés etc. est
au contraire un pervertissement de cette même raison.
XXXIV.
Contre Locke.
Locke qui m’instruit , et qui m’apprend à me
défier de moi - même , ne se trompe-t-il pas
quelquefois comme moi-même ? Il veut prouver la
fausseté des idées innées ; mais n’ajoute-t-il pas une
bien mauvaise raison à de fort bonnes? Il avoue qu’il
n’est pas juste de faire bouillir son prochain dans une
chaudière , et de le manger. Il dit que cependant il
y a eu des nations d’anthropophages , et que ces
êtres pensans n’auraient pas mangé des hommes s’ils
avaient eu les idées du juste et de l’injuste , que je
suppose nécesfaires à l’espèce humaine. ( Voyez la queft.
XXXVI. )
Sans entrer ici dans la question s’il y a eu en effet
des nations d’anthropophages , ( 9 ) sans examiner les
<9) Voyez la note (a), Essai sur les mœurs et l’efprit des nations,
tome III. pag. 318.