25C
ENCYCLOPÉDIE DU SIÈCLE
ainsi dire, arrivent à d'incompréhensibles.,effets.
Puis viendront les charmeurs de serpents, ces
mallas, plus surprenants que les psylies de Lybie
dont parlent les historiens grecs et latins, et qui ne
se livrent qu'à des exercices gracieux bien qu'ef-
frayants avec les vipères naja, qu'ils font danser
aux sons du khama, espèce de biniou dont ils tirent
des airs pleins de douceur et de mélancolie.
Et ce n'est pas tout encore en ce qui concerne
ja pagode. Une large crypte en occupera le sous-
sol et, dans cette crypte, musée de cire, on se trou-
vera en présence de tous les personnages, de
toutes les scènes dramatiques qu'engendre le
fanatisme hindou : fakirs adoptant et gardant pen-
dant des années les attitudes les plus douloureuses
pour gagner le ciel ; yogis s'imposant les plus
cruels supplices pour se rapprocher de Brahma ;
sectateurs de Kâli et de Schiba, se martyrisant en
l'honneur des sanglantes divinités; pénitents volon-
taires, se faisant écraser sous les roues du char
les bijoux, les armes, les tissus, les poteries ; et
enfin un restaurant, où l'on pourra goûter aux
boissons et aux mets hindous, en même temps
qu'on y trouvera une excellente cuisine parisienne,
où les Tsiganes seront remplacés, pour charmer
les convives, par un orchestre de ces jolies musi-
ciennes indigènes dont nous avons parlé plus haut.
Et de même que la pagode, œuvre deM. Alphonse
Simil, le palais du gouvernement, les ateliers et
le restaurant, œuvres de MM. Leroux et Bitner,
seront du plus pur style hindou, ainsi qu'on peut
s'en rendre compte 17,
rue de Châteaudun, au
siège de la Société de
« l'Inde française »,
dont M. Paul Colom-
bier est le directeur
administrateur, et où
sont exposés les plans,
croquis, vues d'en-
La Sculpture française au XIXe siècle
(suite) (1)
L'audace manquait à Moine pour affranchir sa
pensée religieuse et souffrante; mais par contre
la hardiesse de Préault s'épuisait en improvisa-
tions énergiques, fougueuses, désordonnées et
trop tôt satisfaites : chefs-d'œuvre « manques »
œuvres essentielles, du moins à marquer l'impru-
dence d'un lyrisme si précipité, la nécessité d'une
L'Inde française a l'Exposition de 1900. — Exercices d'acrobates
et d'équilibristes.
de Jaggernaut; Thugs, se livrant à leurs épouvan-
tables crimes ; veuves acceptant \esuttee, c'est-à-
dire la mort dans les flammes sur le bûcher de
leur mari ; enfin tout ce qui naît de la superstition
et de l'attachement aux vieilles croyances du culte
brahmanique.
On voit que les spectacles divers, que les visi-
teurs de l'Exposition de 1900 trouveront dans la.
pagode de l'Inde française, seront une succession
d'émerveillements et de stupéfiantes surprises.
Cette section contiendra encore trois autres
édifices : un palais d'exposition pour tous les pro-
duits naturels ou manufacturés de nos établis-
sements de l'Inde ; des ateliers où des ouvriers, ou
plutôt des artistes indigènes, travailleront, sous
es yeux du public, les matières d'or et d'argent,
semble de cette inté-
ressante exhibition,
dont cet article ne
donne qu'une idée
ien incomplète.
Ne voulant confier
à personne le grou-
pement de son per-
sonnel, M. René de
Pont-Jest,' directeur
artistique de la So-
ciété , passera, dans
ce but, l'hiver pro-
chain aux Indes, et
il tient à ce point à la couleur locale, à ce que rien
ne détonne dans la reconstitution curieuse dont il
a la charge, qu'il a décidé de n'avoir chez lui que
des indigènes. Dans le restaurant, comme dans la
pagode et le palais du gouvernement, les gens
de service de tout ordre seront des Singalais, ces
Hindous à la peau cuivrée, aux formes élégantes,
à la physionomie intelligente et douce, dont le
Jardin d'acclimation a exhibé de si beaux spéci
mens il y a quelques années.
Nous avons donc tout lieu d'être certain que le
million engagé dans l'affaire: « l'Inde française »
est un million bien placé. Aucun des visiteurs de
l'Exposition de 1900 (et ils seront nombreux), ne se
refusera l'instructif plaisir d'une excursion inou-
bliable dans un exotisme aussi savoureux.
conciliation entre les affirmations romantiques t
un dogme réaliste.
De race bourguignonne, attentif à la tradition,
mais ayant heureusement échappé aux périlleux
honneurs du prix de Rome, Rude connaîtra la part
qu'il faut faire à la science et la liberté qui con-
vient au génie. Monge lui a enseigné « l'applica-
tion de la mathématique a l'étude de la nature » ;
et c'est par cette étude scrupuleuse que le maître
s'achemine de la convention classique (Mercure)
à l'expression de la vie franche et jeune (Pécheur
jouant avec une tortue). Dès lors, si éloquente et
dramatique que soit l'idée, il sait la traduire par
l'intensité du mouvement, la robustesse ardente
et sévère de l'exécution. C'est le premier chef-
d'œuvre de la sculpture au xixe siècle que son
Départ des Volontaires de 1792 sur l'un des pieds
droits de l'Arc de triomphe de l'Étoile; c'est aussi
l'un des plus significatifs. Que Rude projette Ney
dans la fièvre des batailles, ou bien figure, à
l'exemple des gisants,la nudité tragique de Godefroy
Cavaignac. ou le réveil solennel de Napoléon à
Fixin, ou Monge et Bertrand dans la vérité du
visage, du geste, de l'allure, voila précisé l'idéal
d'un âge qui, indifférent aux conceptions reli-
gieuses et métaphysiques, prétendra concilier l'an-
tinomie des principes individuels et sociaux.
Veut-on suivre l'inquiétude croissante de cesen
timent? « La peinture en portraitet l'art du buste
avait dit Diderot, doivent être honorés chez m
(1) Voir page 247.
ENCYCLOPÉDIE DU SIÈCLE
ainsi dire, arrivent à d'incompréhensibles.,effets.
Puis viendront les charmeurs de serpents, ces
mallas, plus surprenants que les psylies de Lybie
dont parlent les historiens grecs et latins, et qui ne
se livrent qu'à des exercices gracieux bien qu'ef-
frayants avec les vipères naja, qu'ils font danser
aux sons du khama, espèce de biniou dont ils tirent
des airs pleins de douceur et de mélancolie.
Et ce n'est pas tout encore en ce qui concerne
ja pagode. Une large crypte en occupera le sous-
sol et, dans cette crypte, musée de cire, on se trou-
vera en présence de tous les personnages, de
toutes les scènes dramatiques qu'engendre le
fanatisme hindou : fakirs adoptant et gardant pen-
dant des années les attitudes les plus douloureuses
pour gagner le ciel ; yogis s'imposant les plus
cruels supplices pour se rapprocher de Brahma ;
sectateurs de Kâli et de Schiba, se martyrisant en
l'honneur des sanglantes divinités; pénitents volon-
taires, se faisant écraser sous les roues du char
les bijoux, les armes, les tissus, les poteries ; et
enfin un restaurant, où l'on pourra goûter aux
boissons et aux mets hindous, en même temps
qu'on y trouvera une excellente cuisine parisienne,
où les Tsiganes seront remplacés, pour charmer
les convives, par un orchestre de ces jolies musi-
ciennes indigènes dont nous avons parlé plus haut.
Et de même que la pagode, œuvre deM. Alphonse
Simil, le palais du gouvernement, les ateliers et
le restaurant, œuvres de MM. Leroux et Bitner,
seront du plus pur style hindou, ainsi qu'on peut
s'en rendre compte 17,
rue de Châteaudun, au
siège de la Société de
« l'Inde française »,
dont M. Paul Colom-
bier est le directeur
administrateur, et où
sont exposés les plans,
croquis, vues d'en-
La Sculpture française au XIXe siècle
(suite) (1)
L'audace manquait à Moine pour affranchir sa
pensée religieuse et souffrante; mais par contre
la hardiesse de Préault s'épuisait en improvisa-
tions énergiques, fougueuses, désordonnées et
trop tôt satisfaites : chefs-d'œuvre « manques »
œuvres essentielles, du moins à marquer l'impru-
dence d'un lyrisme si précipité, la nécessité d'une
L'Inde française a l'Exposition de 1900. — Exercices d'acrobates
et d'équilibristes.
de Jaggernaut; Thugs, se livrant à leurs épouvan-
tables crimes ; veuves acceptant \esuttee, c'est-à-
dire la mort dans les flammes sur le bûcher de
leur mari ; enfin tout ce qui naît de la superstition
et de l'attachement aux vieilles croyances du culte
brahmanique.
On voit que les spectacles divers, que les visi-
teurs de l'Exposition de 1900 trouveront dans la.
pagode de l'Inde française, seront une succession
d'émerveillements et de stupéfiantes surprises.
Cette section contiendra encore trois autres
édifices : un palais d'exposition pour tous les pro-
duits naturels ou manufacturés de nos établis-
sements de l'Inde ; des ateliers où des ouvriers, ou
plutôt des artistes indigènes, travailleront, sous
es yeux du public, les matières d'or et d'argent,
semble de cette inté-
ressante exhibition,
dont cet article ne
donne qu'une idée
ien incomplète.
Ne voulant confier
à personne le grou-
pement de son per-
sonnel, M. René de
Pont-Jest,' directeur
artistique de la So-
ciété , passera, dans
ce but, l'hiver pro-
chain aux Indes, et
il tient à ce point à la couleur locale, à ce que rien
ne détonne dans la reconstitution curieuse dont il
a la charge, qu'il a décidé de n'avoir chez lui que
des indigènes. Dans le restaurant, comme dans la
pagode et le palais du gouvernement, les gens
de service de tout ordre seront des Singalais, ces
Hindous à la peau cuivrée, aux formes élégantes,
à la physionomie intelligente et douce, dont le
Jardin d'acclimation a exhibé de si beaux spéci
mens il y a quelques années.
Nous avons donc tout lieu d'être certain que le
million engagé dans l'affaire: « l'Inde française »
est un million bien placé. Aucun des visiteurs de
l'Exposition de 1900 (et ils seront nombreux), ne se
refusera l'instructif plaisir d'une excursion inou-
bliable dans un exotisme aussi savoureux.
conciliation entre les affirmations romantiques t
un dogme réaliste.
De race bourguignonne, attentif à la tradition,
mais ayant heureusement échappé aux périlleux
honneurs du prix de Rome, Rude connaîtra la part
qu'il faut faire à la science et la liberté qui con-
vient au génie. Monge lui a enseigné « l'applica-
tion de la mathématique a l'étude de la nature » ;
et c'est par cette étude scrupuleuse que le maître
s'achemine de la convention classique (Mercure)
à l'expression de la vie franche et jeune (Pécheur
jouant avec une tortue). Dès lors, si éloquente et
dramatique que soit l'idée, il sait la traduire par
l'intensité du mouvement, la robustesse ardente
et sévère de l'exécution. C'est le premier chef-
d'œuvre de la sculpture au xixe siècle que son
Départ des Volontaires de 1792 sur l'un des pieds
droits de l'Arc de triomphe de l'Étoile; c'est aussi
l'un des plus significatifs. Que Rude projette Ney
dans la fièvre des batailles, ou bien figure, à
l'exemple des gisants,la nudité tragique de Godefroy
Cavaignac. ou le réveil solennel de Napoléon à
Fixin, ou Monge et Bertrand dans la vérité du
visage, du geste, de l'allure, voila précisé l'idéal
d'un âge qui, indifférent aux conceptions reli-
gieuses et métaphysiques, prétendra concilier l'an-
tinomie des principes individuels et sociaux.
Veut-on suivre l'inquiétude croissante de cesen
timent? « La peinture en portraitet l'art du buste
avait dit Diderot, doivent être honorés chez m
(1) Voir page 247.