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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 6 (Mars 1899)
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Quennell, Charles Henry Bourne: Le mobilier anglais
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Reproductions diverses
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0295

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L’ART DÉCORATIF 'GVW-

«Victorian style» — celui de la première partie
du règne de Victoria — le cas le plus déses-
péré de l’histoire du mobilier.
Les travaux de G. E. Street et de A. W.
Pugin (contemporains de ceux de Viollet le
Duc en France) furent le signal d’un retour
au style gothique des commencements du moyen-
âge. En même temps, ces architectes intro-
duisirent les méthodes de dessin basées sur la
construction, dont les artisans des écoles «d’Arts
and Crafts» font aujourd’hui leur première loi.
A. W. Pugin publia son album de projets
de meubles gothiques en 1835. Il rencontra
beaucoup d’adversaires et fut même tourné en
ridicule, mais exerça quant même une grande
influence.
L’exposition de 1851 rendit la vie à maintes
branches de l’art tombées en décadence. Un
catalogue des objets exposés donne un grand
nombre de coupes de meubles, pour la plupart
objets d’apparat imités des meubles français.
Le même ouvrage renferme une illustration de
la cour gothique de l’exposition, construite sous
l’inspiration de Pugin. Le texte explicatif d’un
des objets reproduits, une niche en bois de
chêne, fait remarquer que «la principale parti-
cularité de cette niche consiste en ce qu’elle
est dessinée d’après les anciens principes, en se
pliant aux convenances de la matière en laquelle
elle doit etre exécutée». Les conclusions de cette
remarque ont conduit loin. Depuis les jours
de Hepplewhite et de Sheraton, le métier du
dessinateur de meubles et de l’ébéniste n’était
plus que prétexte aux fantaisies les plus extra-
vagantes, sans souci des fonctions ni de la
construction. Les adeptes de la renaissance
gothique réagirent contre ces insanités; leurs
dessins furent rigoureusement appropriés aux
matières à traiter. Leur oeuvre fraya le chemin
dans lequel les écoles «d’Arts and Crafts» ont
trouvé le principe de leur prospérité.
Tout le monde sait quelle part revient
dans cette résurrection de l’art à William Morris,
le plus grand maître-artisan du siècle. William
Morris commença sa carrière dans l’atelier de
Street, et s’y nourrit des meilleures traditions
des inspirateurs de la renaissance gothique. Ses
rapports étroits avec les préraphaélites, la fon-
dation de l’imprimerie et des ateliers de Kelm-
scott, enfin, la création de la Société des
«Arts and Crafts» dont il resta le président,
correspondent aux phases du grand mouvement
artistique dont nous contemplons aujourd’hui
le plein essor, et dont nos illustrations repro-
duisent un assez grand nombre d’œuvres.
C. H. B. QUENNELL

REPRODUCTIONS DIVERSES
M. F. Krüger, dont une de nos pages re-
produit des verres qui se distinguent par la
correction de la forme, cumule avec l’art du
peintre et celui du verrier les fonctions de direc-
teur des «Ateliers Réunis pour l’art dans le
métier», à Munich. Nous avons eu souvent
l’occasion de reproduire des œuvres d’art appliqué
exécutées par cet établissement; quelques mots
de son organisation intéresseront sans doute.
IV Ses fondateurs ont été M. Krüger, déjà nommé,
M. H. Obrist, sculpteur, M. M. Dülfer, archi-
tecte, M. R. Riemerschmid, peintre et M. Rolfs,
conseiller de cour. C’est du Ier janvier 1898
qu’est datée la circulaire par laquelle ces Messieurs
annonçaient leur projet aux artistes de Munich
— on sait qu’il y en a beaucoup dans cette
ville — et les invitaient à s’y associer.
«Il existe maintenant — disait en substance
cette appel — beaucoup de personnes que le
nouvel art séduit, et qui ne demanderaient pas
mieux que de s’entourer de ses productions si
celles-ci ne coûtaient pas trop cher et si elles
savaient où les voir et les acheter. D’autre part,
nombre d’artistes ont d’excellents projets d’ob-
jets d’art appliqué tout prêts dans leurs car-
tons, mais ils ne savent par qui ni comment
les faire exécuter. Enfin, il ne manque pas
d’artisans et d’industriels capables et désireux
de sortir des sentiers battus, mais qui n’osent
affronter le risque de fabriquer par quantité de
quelque importance des objets dont la vente
serait problématique. Tandis que de leur côté,
des négociants entreprenants, qui ne cherchent
que l’occasion de mettre leur organisation
commerciale au service de la vente de tels ob-
jets, se demandent en vain qui les fait.»
«Voilà donc quatre catégories de personnes
auxquels il manque un trait d’union. Nous
voulons l’établir.»
A cet effet, les fondateurs proposaient la con-
stitution, entre les artistes et les intéressés des
diverses classes précitées, d’une société à respon-
sabilité limitée et capital variable, c’est-à-dire
avec un capital minimum de 100000 marcs
susceptible d’augmentation à mesure des sou-
scriptions, et divisé en actions de 500 marcs.
Les fonctions de cette société devaient être
d’assurer aux artistes l’exécution de leurs pro-
jets sans risque commercial pour eux et avec
rémunération par paiement du projet ou par
part dans le prix de vente ; de commander aux
artisans les objets à exécuter par quantités plus
ou moins fortes, sans risque commercial pour
eux; de fournir aux marchands les objets d’art
appliqué moderne ainsi créés et fabriqués; de
contribuer à les faire connaître au public par

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