DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Vitry, Paul: Les collections Pierpont Morgan
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0466
PARAVENT DÉCORÉ DE PEINTURES ATTRIBUÉES A LANCRET
LES COLLECTIONS PIERPONT MORGAN
a place qu’occupait Pierpont Morgan dans le monde de la curiosité .
avait quelque chose d’énorme et de singulier, autant ou presque qu’était
considérable, en son pays, sa situation d’homme d’affaires. Sa passion
d’amateur, ou plutôt d’acheteur, n’avait n’égale que ses talents — cer-
tains disent son génie — de financier.
De ce côté de l’Océan, sa personnalité, assez mal connue, autour de laquelle
des légendes se formaient peu à peu dès son vivant, prenait une allure épique :
il était le collectionneur américain idéal, rêvé, attendu ou redouté, suivant les
nas, l’auteur des razzias fantastiques auquel rien ne résistait et à qui, cependant,
quelques gestes libéraux de beau joueur avaient créé, çà et là, un commence-
ment d’auréole de bienfaiteur public. Lorsqu’on le savait à Paris, il n’y avait
pas une boutique d’antiquaire où sa visite ne fût escomptée, anoncée tout au
moins; pas un possesseur de trésor familial à négocier qui ne se remuât, in-
quiet, pour attirer son attention, bien qu’en réalité il fût assez peu accessible
et qu’il eût ses hommes de confiance qui lui suffisaient.
De l’autre côté de l’eau, on savait que Pierpont Morgan travaillait ferme. On
le disait généreux, car il travaillait volontiers pour le public. On connaissait ses
■décisions promptes et avisées: il avait, en certaines occasions,—tel le don
d’une admirable collection d’étoffes espagnoles au Musée de Cooper Union, à
New-York, — aidé, avec une bonne grâce pleine d’à propos, les efforts des plus
intelligents de ses compatriotes en matière d’art et d’éducation artistique. Le
Metropolitan Muséum de New-York lui devait énormément : dans toutes les
sections, il était intervenu utilement pour donner ou prêter une pièce capitale.
LES COLLECTIONS PIERPONT MORGAN
a place qu’occupait Pierpont Morgan dans le monde de la curiosité .
avait quelque chose d’énorme et de singulier, autant ou presque qu’était
considérable, en son pays, sa situation d’homme d’affaires. Sa passion
d’amateur, ou plutôt d’acheteur, n’avait n’égale que ses talents — cer-
tains disent son génie — de financier.
De ce côté de l’Océan, sa personnalité, assez mal connue, autour de laquelle
des légendes se formaient peu à peu dès son vivant, prenait une allure épique :
il était le collectionneur américain idéal, rêvé, attendu ou redouté, suivant les
nas, l’auteur des razzias fantastiques auquel rien ne résistait et à qui, cependant,
quelques gestes libéraux de beau joueur avaient créé, çà et là, un commence-
ment d’auréole de bienfaiteur public. Lorsqu’on le savait à Paris, il n’y avait
pas une boutique d’antiquaire où sa visite ne fût escomptée, anoncée tout au
moins; pas un possesseur de trésor familial à négocier qui ne se remuât, in-
quiet, pour attirer son attention, bien qu’en réalité il fût assez peu accessible
et qu’il eût ses hommes de confiance qui lui suffisaient.
De l’autre côté de l’eau, on savait que Pierpont Morgan travaillait ferme. On
le disait généreux, car il travaillait volontiers pour le public. On connaissait ses
■décisions promptes et avisées: il avait, en certaines occasions,—tel le don
d’une admirable collection d’étoffes espagnoles au Musée de Cooper Union, à
New-York, — aidé, avec une bonne grâce pleine d’à propos, les efforts des plus
intelligents de ses compatriotes en matière d’art et d’éducation artistique. Le
Metropolitan Muséum de New-York lui devait énormément : dans toutes les
sections, il était intervenu utilement pour donner ou prêter une pièce capitale.