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« Ne vîmes-nous point depuis lors (1681) notre ville agrandie et embellie
de toute manière, nos routes devenues plus commodes et plus magnifiques,
et le nombre de nos concitoyens augmenté de jour en jour? L’étranger s’unit
à l’indigène, et son désir de partager nos demeures est l’éloge le plus exempt
de soupçon que l’on puisse faire du gouvernement de la France. A la
suite de la prospérité apparaissent les arts, les amis, les embellisseurs de la
vie Où trouvons-nous pour cela des modèles plus heureux, des compagnons
plus joyeux, qu’auprès de la nation vers laquelle, unanimes, regardent toutes
les autres? Auprès de la nation qui, plus que toute autre, est née avec le senti-
ment du beau, auprès de nos frères français !.. .. Les fils de la France nous
montrent les agréments des relations quotidiennes, les complaisances de la
vie domestique ; soyons en cela leurs élèves dociles et reconnaissants ! N’ef-
façons point les traits qui nous sont propres, ne devenons point ce que nous
ne devons pas être, mais restons nous-mêmes, tout en nous servant de ces
enseignements. Nous jouirons alors d’un nouvel avantage de notre alliance :
nous mériterons d’une part d’être estimés, d’autre part d’être aimés de tout
le monde ! Nous partagerons ainsi, au sein de la paix, avec tous les fils de la
France, les bienfaits du puissant royaume auquel nous appartenons ; au sein
de la paix, nous pourrons être, avec nos frères, satisfaits, réjouis et heureux ! »
IX. PIÈCES JUSTIFICATIVES
i. Ordonnance du Magistrat de Strasbourg du 23 juin 1685, concernant
le costume féminin.
Archives de la Ville de Strasbourg, Mandats et Règlements 1681—1709,
fol. 35 «■
Nous les Prêteurs, les Consuls, et les Magistrats de Strasbourg, Sçavoir faisons : Quoyque
parmy les autres reglements de Police, nous ayons tousjours eu un soin particulier de
supprimer le luxe qui s’exerce en diverse maniéré, dans les habits, et principalement dans
ceux des femmes et des filles : Nous avons pourtant remarqué avec un deplasir sensible,
que ledit luxe, au lieu de diminuer, va augmentant de jour en jour, et que les Or-
donnances, que nous avons faict publier a ce sujet, quoyque tres-salutaires, ne sont au-
cunement observées ; Mais qu’en leur place, parmy le sexe il domine une certaine ému-
lation de l’emporter l’une sur l’autre en somptuosité et en dépense excessive, sur tout en
des marchandises estrangeres, comme fourrures et toutes sortes de peleterie : Ce qui enleve
hors du pays des sommes fort considérables d’argent comptant, et contribue notablement à
appauvrir les familles, et a surcharger ceux, qui commencent de nouveaux ménagés :
Outre que la plus part des frais se consument en habillements, qui ne sont ny decents, ny
Utiles et de durée, A quoy voulants remédier et ayants d’ailleurs observé, que dans
« Ne vîmes-nous point depuis lors (1681) notre ville agrandie et embellie
de toute manière, nos routes devenues plus commodes et plus magnifiques,
et le nombre de nos concitoyens augmenté de jour en jour? L’étranger s’unit
à l’indigène, et son désir de partager nos demeures est l’éloge le plus exempt
de soupçon que l’on puisse faire du gouvernement de la France. A la
suite de la prospérité apparaissent les arts, les amis, les embellisseurs de la
vie Où trouvons-nous pour cela des modèles plus heureux, des compagnons
plus joyeux, qu’auprès de la nation vers laquelle, unanimes, regardent toutes
les autres? Auprès de la nation qui, plus que toute autre, est née avec le senti-
ment du beau, auprès de nos frères français !.. .. Les fils de la France nous
montrent les agréments des relations quotidiennes, les complaisances de la
vie domestique ; soyons en cela leurs élèves dociles et reconnaissants ! N’ef-
façons point les traits qui nous sont propres, ne devenons point ce que nous
ne devons pas être, mais restons nous-mêmes, tout en nous servant de ces
enseignements. Nous jouirons alors d’un nouvel avantage de notre alliance :
nous mériterons d’une part d’être estimés, d’autre part d’être aimés de tout
le monde ! Nous partagerons ainsi, au sein de la paix, avec tous les fils de la
France, les bienfaits du puissant royaume auquel nous appartenons ; au sein
de la paix, nous pourrons être, avec nos frères, satisfaits, réjouis et heureux ! »
IX. PIÈCES JUSTIFICATIVES
i. Ordonnance du Magistrat de Strasbourg du 23 juin 1685, concernant
le costume féminin.
Archives de la Ville de Strasbourg, Mandats et Règlements 1681—1709,
fol. 35 «■
Nous les Prêteurs, les Consuls, et les Magistrats de Strasbourg, Sçavoir faisons : Quoyque
parmy les autres reglements de Police, nous ayons tousjours eu un soin particulier de
supprimer le luxe qui s’exerce en diverse maniéré, dans les habits, et principalement dans
ceux des femmes et des filles : Nous avons pourtant remarqué avec un deplasir sensible,
que ledit luxe, au lieu de diminuer, va augmentant de jour en jour, et que les Or-
donnances, que nous avons faict publier a ce sujet, quoyque tres-salutaires, ne sont au-
cunement observées ; Mais qu’en leur place, parmy le sexe il domine une certaine ému-
lation de l’emporter l’une sur l’autre en somptuosité et en dépense excessive, sur tout en
des marchandises estrangeres, comme fourrures et toutes sortes de peleterie : Ce qui enleve
hors du pays des sommes fort considérables d’argent comptant, et contribue notablement à
appauvrir les familles, et a surcharger ceux, qui commencent de nouveaux ménagés :
Outre que la plus part des frais se consument en habillements, qui ne sont ny decents, ny
Utiles et de durée, A quoy voulants remédier et ayants d’ailleurs observé, que dans