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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

DOI Heft:
No. 17 (Février 1900)
DOI Artikel:
Obrist, Hermann: Pourquoi ecrire sur l'art?
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0218

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L'ART DÉCORATIF


pouvait dégoûter de modeier et de peindre les
jeunes gens qui n'ont pas ce qu'il faut pour
cela ! La prophylaxe dans l'art, quelle pensée
saisissante !
Notre programme: Trois fois par semaine
d'octobre à juillet, leçon par la vue. Projections
sur grande échelle. Spectacle comparatif des
plus odieuses bâtisses modernes et des anciens
marchés; de l'exposition de tableaux de genre
au chei-lieu de province allemand et d'une
collection privée française; de complets à 30 marcs
et de costumes de paysans de la Forêt-Noïre en
1830; de projets de jeunes gens de talent et de
projets de fruits secs. Devant chaque spectacle,
discussion ; chacun peut parler cinq minutes.
Interdiction de la continuer les images disparues.
Les parlottes de brasseries resteraient-elles un

besoin? Faudrait-il encore lire les articles de
critique? Qui s'amuserait encore à écrire des
brochures ?
«Rêve, et rêve présomptueux — objecte-t-on
encore. Qui donc oserait se faire ainsi seul
juge du bon et du mauvais? Approuver et
blâmer pour enseigner le peuple, lorsqu'il est
reconnu, au prix de peines infinies, que tout
n'est que question de goût dans l'art, et que
chacun doit suivre librement son instinct! Tout
n'est que relatif. Croirait-on pas que vous pré-
tendez, l'an 1900, qu'il existe une mesure du
bon et du mauvais art?»
C'est justement ce que nous contestons. Oui,
c'est à la science de la mesure de l'art que
nous voulons parvenir. Quand l'art est-il
artistique, quand n'est-il que convention à la
hauteur du petit bourgeois? Quand immortel,
quand éphémère? Qu'est-ce que l'art?
La réponse est si simple, si près de nous,
si anciennement sentie et connue!
Prenons un exemple. Rendons-nous avec la
professeur Mommsen chez un photographe à
la mode et choisissons le plus insignifiant de
vingt portraits pour le placer à côté du portrait
de Mommsen par Lenbach.
Quelle est la différence? Ici, l'image d'un
homme ni particulièrement intelligent, ni parti-
culièrement bête ; ni particulièrement vif, ni
particulièrement grave; ni particulièrement posé,
ni particulièrement éclairé, ni particulièrement
rien du tout. Peut-être le portrait d'un bon
tailleur retiré des affaires. Là, une tête où tout
fait ressortir l'intensité de l'expression. Tout ce
qui n'est pas elle est laissé de côté; pas de
détail du vêtement ou d'accessoires de fond
qui distraie de l'intellectualité de ce visage.
Tout ce que la pensée et les passions ont
accumulé sur cette face dans le cours d'une
longue vie y ressort avec la plus extrême acuité.
Les rides profondes creusées par le travail de
l'esprit, les plis ironiques encadrant les yeux et
la bouche, le pétillement des prunelles infati-
gablement pénétrantes, la dureté des tempes et
du menton desséchés par cinquante ans de labeur
du cerveau, la finesse du dialecticien sur les
lèvres serrées, tout est rendu avec une sûreté
magistrale. Chaque point de lumière, chaque
ombre met le principal en relief; tout l'inutile

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