DOI Heft:
No. 17 (Février 1900)
DOI Artikel:Layard, Arthur: Frank Brangwyn
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0228
L'ART DÉCORATIF
des fois jugée, par des admirateurs ou par des
adversaires ; mais aucun critique ne parait avoir
réussi jusqu'ici à donner une appréciation juste
et bien établie de son talent.
M. Stanley Little (du LA/AD) lui-même,
quoiqu'admirateur sincère et sympathique de
M. Brangwyn, parait avoir rencontré de grosses
difficultés à saisir son sujet. Quant aux écrivains
des revues d'art du Continent, qui, soit dit en
passant, ont puisé librement à l'article de M.
Little, ils semblent s'étrc trouvés de même
complètement inhabiles à pénétrer jusqu'à l'in-
time la vision particulière à notre peintre.
Réfutation doit être faite de suite de la re-
marque de AL Little — répétée par les autres
critiques comme l'eussent fait des perroquets —
que «le dessin de Al. Brangwyn est quelquefois,
sinon souvent fautif.) Peut-être cet écrivain
est-il admirateur d'un genre de dessin dont
il serait très-désirable de donner une définition
concise — quelqu'expression comme celle de
«musique de qui fait si bien
comprendre ce qu'elle veut dire, dans un autre
art — de ce dessin impeccable, plein de dé-
fauts dans son irrépréhensibilité, sans sentiment,
sans tempérament, sans intérêt. S'il en est
ainsi, on comprend sa désapprobation pour
les lignes vibrantes de vie de Al. Brangwyn,
pour leur superbe liberté, en même temps im-
prégnée Tune sorte d'austérité, trait le plus
caractéristique de l'œuvre de cet artiste. Et nous
croyons être dans le vrai, en pensant que la
clef de l'art de Al. Brangwyn se trouve dans
l'entendement exact de cette combinaison très-
remarquable et bien pondérée de liberté et
d'austérité, de fougue rebelle et de retenue,
et que la pierre d'achoppement des critiques
a été surtout de n'avoir pas saisi cela. Posses-
seurs de cette clef, il nous devient facile d'ex-
plorer les nombreux domaines de l'art cultivés
par ce très-versatile artiste.
Telle sa ligne, telle sa couleur. Au premier
coup d'œil, elle surprend par sa splendeur, par
l'audacieuse juxtaposition de larges masses de
tons somptueux; — mais à l'arrangement du
tout préside une puissante possession de soi-
même, et l'ensemble donne cet effet satis-
faisant qui résulte de la critique sévère de sa
propre œuvre par l'artiste. Dans toutes ses
toiles, il existe un large plan général de déco-
FRANK BRANGWYN
LE SANG DE LA GRAPPE (TABLEAU)
202
des fois jugée, par des admirateurs ou par des
adversaires ; mais aucun critique ne parait avoir
réussi jusqu'ici à donner une appréciation juste
et bien établie de son talent.
M. Stanley Little (du LA/AD) lui-même,
quoiqu'admirateur sincère et sympathique de
M. Brangwyn, parait avoir rencontré de grosses
difficultés à saisir son sujet. Quant aux écrivains
des revues d'art du Continent, qui, soit dit en
passant, ont puisé librement à l'article de M.
Little, ils semblent s'étrc trouvés de même
complètement inhabiles à pénétrer jusqu'à l'in-
time la vision particulière à notre peintre.
Réfutation doit être faite de suite de la re-
marque de AL Little — répétée par les autres
critiques comme l'eussent fait des perroquets —
que «le dessin de Al. Brangwyn est quelquefois,
sinon souvent fautif.) Peut-être cet écrivain
est-il admirateur d'un genre de dessin dont
il serait très-désirable de donner une définition
concise — quelqu'expression comme celle de
«musique de qui fait si bien
comprendre ce qu'elle veut dire, dans un autre
art — de ce dessin impeccable, plein de dé-
fauts dans son irrépréhensibilité, sans sentiment,
sans tempérament, sans intérêt. S'il en est
ainsi, on comprend sa désapprobation pour
les lignes vibrantes de vie de Al. Brangwyn,
pour leur superbe liberté, en même temps im-
prégnée Tune sorte d'austérité, trait le plus
caractéristique de l'œuvre de cet artiste. Et nous
croyons être dans le vrai, en pensant que la
clef de l'art de Al. Brangwyn se trouve dans
l'entendement exact de cette combinaison très-
remarquable et bien pondérée de liberté et
d'austérité, de fougue rebelle et de retenue,
et que la pierre d'achoppement des critiques
a été surtout de n'avoir pas saisi cela. Posses-
seurs de cette clef, il nous devient facile d'ex-
plorer les nombreux domaines de l'art cultivés
par ce très-versatile artiste.
Telle sa ligne, telle sa couleur. Au premier
coup d'œil, elle surprend par sa splendeur, par
l'audacieuse juxtaposition de larges masses de
tons somptueux; — mais à l'arrangement du
tout préside une puissante possession de soi-
même, et l'ensemble donne cet effet satis-
faisant qui résulte de la critique sévère de sa
propre œuvre par l'artiste. Dans toutes ses
toiles, il existe un large plan général de déco-
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