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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 17 (Février 1900)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0252

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L'ART DÉCORATIF

Dans sa pâte éternellement onctueuse et trans-
parente, M. Henner modèle un visage d'Alsacienne
aux regards d'ombre, à la moue obstinée, au front
volontaire. M.Bonnat s'efforce à la grâce en esquis-
vant un assez pur profil de jeune fille, mais son
ébauche trahit une sécheresse qu'aggravera l'œuvre
achevée. La figure de M. Chabas s'accompagne
délicatement de voiles gris et beige ; la vieille dame
en noir de M. Benjamin Constant est d'une belle
facture, d'un sentiment noble et profond, le con-
seiller Loëw donne à M. Zwiller l'occasion d'une
énergique peinture.
Près d'une PzzyuGAz? cuivrée de M. Courtois,
d'une VAWr de M. Lefebvre, uneJ7M77<? zzzéz'zz aux
mines de Chloé perpétue la fine confiserie de M.
Bouguereau.
Sans manquer à la distinction du lieu, résumant
au contraire son caractère mondain, deux portraits
de M. Ferdinand Humbert vivent lâ d'une vie intense
et libre. En de claires harmonies de fourrure et de
gaze où chante la note d'une fleur, d'un bijou, d'un
ruban, ce sont deux visages de femmes, aux lèvres
minces, aux yeux spirituels et fiévreux. Elégances
tremblantes, grâce un peu maigre, affinée, fardée,
cernée, quasi morbide, charme aigu des moder-
nités, avec quel art ce peintre sait vous fixer, de
quelle touche prompte, légère et décisive !
Auprès de tant de justesse les audaces de M.
Carolus Duran semblent bien puériles. Ce décor
d'automne sans enveloppe ni nuance, ces P^z'^zz^zv-
ôtant leur chemise en molles et gauches atti-
tudes, et cette dame à la robe sombre qui chevau-
che son parapluie excitaient justement la verve des
chroniqueurs. Aux Pzzzjgzz^zz^^ de M. Duran il faut
préférer aussi la petite femme nue,blanche et rousse,
joli corps douillet, que l'humoriste Jean Veber
cramponne à l'échine du taureau dans son PzzJA^-
zfPz/7'0^^. Compositions et couleurs, je goûte
fort l'excessive fantaisie de toute la scène. C'est de
la mythologie à la façon d'Offenbach.
Voilà maintenant deux tableautins qui témoignent
d'une vision nette, d'une main sûre,d'un talent sobre
et mesuré, leÆhioGz' h Cozzzzzz'zz^zzzz de M. Le Goût-
Gérard, grouillant à plaisir, et le Vnov/zé zzzzv
zr/zgczzzzv ^77 AAy^^z'zzzû, de M. Paul Buffet, exquise
impression d'Orient avec la transparence des
ombres et la douceurmauve des collines surun ciel
vert. Le Jfozzp^/zzT <A Pz'é/znû de AI. Cadel indique
une âme rêveuse et assez haute, montre un site
heureusement choisi,des personnages dressés en des
poses expressives, mais la tonalité en est par trop
conventionnelle. Puis on n'y trouve ni plans, ni
valeurs. Les F/'zVTs J'oz' de AI. Guinier m'ont paru
d'un curieux effet décoratif.
J'arrive aux paysages proprement dits. Ils con-
tiennent plus de vérité, plus de vertu évocatrice
que bien des portraits. Je ne veux pas parler des
toiles de AIA1. Rigolet et Nozal, manifestement
arrangées et baignées de lumière factice —
l'Automne aux feux de Bengale ! -— mais des sincè-
res notations de AIAI. Saint-Germier, Dambeza,
Franc Lamy, Guignard, Toudouze, Bouchor, Zwille,
et surtout de AI. Albert Gosselin. En des œuvres
de coloration grave et sourde, cet artiste exprime
la solennité du crépuscule, la poésie de la nuit
commençante.
Il y a pas de sculptures, pas assez même pour le
décor. Je remarque des bustes d'Ernest Dubois, de
Puech et de Sicard, un grès de AI. Chalon et deux
cires de AI. Stanislas Lami, deux statuettes de fem-
mes joliment pétries, parées de claires nuances.
Cela est presque neuf et tout a fait charmant.
A T.

Il y a mille raisons de ne pas décourager la femme
qui s'applique à se faire une place dans l'art ; mais
il y en a tout autant de ne pas l'encourager à choisir
des voies dans lesquels elle n'a que de faibles
chances de réussite.
Au lieu de dire quelques mots de l'Exposition des
femmes artistes à la galerie Georges Petit, il vaut
donc mieux de ne louer ni blâmer les œuvres qui s'y
trouvaient, et de représenter aux femmes que la
remise en honneur des arts décoratifs leur offre
mille occasions de faire valoir leurs dons: leur goût,
leur finesse, leur adresse, leur subtilité. Dans ces
arts, la puissance synthétique que la nature leur a
refusée n'est pas nécessaire comme dans les beaux-
arts ; après une bonne éducation artistique, une
femme peut, faire aussi bien que l'homme d'aptitudes
équivalentes, et mieux dans certaines branches.
Faire de bons ouvrages décoratifs, dans lesquels
peut se trouver une carrière fructueuse, ne vaut-il
pas mieux que de pâlir sur des toiles médiocres qui
ne se vendent pas ? J.
*yous APPRENONS que la Ville de Paris et la
Compagnie du Alétropolitain, renonçant à
A faire exécuter les projets de gares primés
au Concours, ont chargé M. Hector Gui-
mard de ce travail, sur des plans remarquablement
nouveaux de cet architecte, qui viennent d'être
approuvés.

ux MUSÉES. — Le 30 janvier a eu lieu l'ouver-
/A ture de la salle réservée aux dessins de Puvis
JL A de Chavannes au Alusée du Luxembourg,
AI. Léonce Bénédite, conservateur du Alusée,
y a classé 13 dessins offerts au musée à différentes
époques par le grand artiste, et 201 dessins
remis par sa famille ; le reste des études recueillies
par la succession est donné à la ville de Paris et à
celle de Lyon, ville natale de Puvis de Cha-
vannes.
Dix-sept des dessins du Luxembourg appartien-
nent aux commencements delà carrière de l'artiste.
Vingt-trois, faits de 1861 à 186^. se rapportent à
la série du musée d'Amiens, la Pnz'v, la Gzzz?z'/'z?,
le Pzûzzz'rPG zzzzP'A, PzzJzz^ ^7*o
Puis, cinq études préparatoires au C/zzzz'Ax-
ALTJV et à la ^zrz'zzA-P^A^oz^A de l'hôtel de
ville de Poitiers, et un grand nombre de recherches
pour les décorations du Panthéon: .if zzz'zz A Gzvzgpz'A)?
^7? ^7'/<?7'<?.s,le PznûAz/AzTrfzzf <7<? Pzzz'z7,laVz7z7/z?^s^
<A? Pzrz'/zA-Gcz/z^pz'Az? ; les études pour la décoration
de la Sorbonne, pour celle de l'Hôtel de ville, pour
la bibliothèque de Boston.
Enfin, les recherches pour les tableaux de cheva-
let, parmi lesquels la VzJL/nzzrz? (1866), la DAoJ/zz-
fz'ozz <7^ ^G Anzz-Pzr^z*z'xA (i8yo) L Pz'^ozz-uovzz^zzz*
(i8yi), rpx7e7az7z<rzz(i8y2), la PnwzJ/G zLPAAgzz7'.s
(1875), lVzz/hzzf ^z'oJzjgzz^ (18/9), Dozzzv (1884).
Une autre série de dessins au crayon montre
les préludes du portrait de la princesse Cantacuzène
(Aime Puvis de Chavannes) et de portraits d'inti-
mes et d'élèves du maitres.
Toutes les pièces sont expliquées dans un catalo-
logue détaillé, et précédé d'une excellente préface
par AI. L. Bénédite.
La consécration d'une salle du Luxembourg aux
études par lesquelles Puvis de Chavannes se pré-
parait à ses œuvres est plus qu'un hommage rendu
à la gloire la plus pure de l'art français moderne ;
c'est le plus haut des exemples. Exemple de l'ap-
plication au travail, du labeur assidu, de la modes-

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