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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 25 (Octobre 1900)
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Thomas, Albert: Les bijoutiers modernes à l'exposition universelle: Georges Fouquet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0017

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OCTOBRE 1900

ce pendant que deux chaînes croisées, aux
crochets bizarrement tordus, le maintiennent
iui-mème sous des bras adorables. Ici, cinq
épaulières d'or, avec incrustations d'émail vertes
et roses, sur lesquelles se pose, caprice original
où l'intervention de M. Fouquet se devine, un
scarabée naturel du Brésil, portant une plaque
merveilleusement ouvrée, offrant sous un cou-
ronnement de fleurs d'œillets une délicieuse
miniature sur ivoire. On y reconnaît la femme
chère à l'artiste hongrois, la même qui, dans
ses estampes, rêve et s'alanguit en des paysages
joliment irréels, contre le fût des arbres roux,
dans le rayonnement des ciels mauves, parmi
la jonchée des lys, des pavots et des chrysan-
thèmes. Elle est assise, sa tunique forme des
plis harmonieux; les coudes aux genoux, les
mains près des tempes, elle écoute dans l'air
subtil le murmure innombrable des sèves et sa
chevelure se répand autour d'elle en ondes
souples enlaçant l'ondoyante souplesse de son
corps. Son visage si clair au sourire lointain,
sourire des Isis et des Sphinx, nous le ren-
controns encore sur deux pendants de col, au
bout de la toujours fantasque chaînette, et c'est
lui qui, finement sculpté, dans un ample enrou-
lement de cheveux d'or, ceint d'une auréole
d'opale à pointes d'émail rose et à bordure de
perles, fait l'ornement d'un troisième devant de
corsage en se complétant, à droite et à gauche,
par des ailes de chimères, incrustées d'écaille
et d'opale laiteuse. Mais la pièce la plus hardie,
c'est la parure de tête qui figure dans nos
reproductions. Une crête ornée de grenats en
cabochons; deux branches soudées de part et
d'autre à cette crête, agrémentées d'ailettes
émaillées; à l'extrémité de chaque branche, un
grand cercle d'or entourant l'oreille et soutenant
une pendeloque, croissant et rosace de tur-
quoises, que termine un groupe tintinnabullant
de pierres enchâssées.
Voilà qui ferait le ravissement des, poètes,
des stylistes et de M. Léon Riotor. Sous ces
ornements somptueux, les femmes leur sem-
bleraient de fabuleuses impératrices, d'inacces-
sibles Salammbô. Aussi les bijoux de Mucha
imposent-ils le souvenir de Flaubert. Après
les avoir contemplés, on aime à relire chez
le prestigieux romancier les pages où les mer-
cenaires ébahis voient apparaître la fille d'A-
milcar Barca: « Sa chevelure, poudrée de sable
« violet et réunie en forme de tour, selon la
«mode des vierges chananéennes, la faisait

« paraître plus grande. Des tresses de perles
« attachées à ses tempes descendaient jusqu'aux
« coins de sa bouche, rose comme une grenade
« entr'ouverte. Il y avait sur sa poitrine un
« assemblage de pierres lumineuses imitant par
« leurs bigarrures les écailles d'une murène.
« Ses bras, garnis de diamants, sortaient nus de
« sa tunique sans manches, étoilée de fleurs
« rouges sur fond tout noir. Elle portait entre
« les chevilles une chaînette d'or pour régler sa
« marche, et son grand manteau de pourpre
« sombre, taillé dans une étoffe inconnue, traînait
« derrière elle, faisant à chacun de ses pas
« comme une large vague qui la suivait. ))
Cette image de voluptueuse splendeur, où
se sont concentrés toutes les flammes et tous
les prestiges de l'Orient, elle habite aujourd'hui
les rêves de nos joailliers. Avec les robes



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