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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

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No. 28 (Janvier 1901)
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Thomas, Albert: Un décorateur: E. Bonnencontre
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Saunier, Charles: Une nouvelle construction de Ch. Plumet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0182

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L'ART DECORATIF

naissons deM. Bonnencontre certaines analyses
fort curieuses de branches, de feuillages, de
corolles. Ses études de figures sont encore plus
typiques. A côté des toiles dont nous avons
parlé, nous en reproduisons quelques-unes. Il
est excellent parfois de confronter la composi-
tion avec la note de nature qui a servi à l'éta-
blir. On verra persister de l'une à l'autre une
précision quasi précieuse, mais on comprendra
comment la minutie de l'étude se concilie dans
l'œuvre faite avec le beau caractère et, pour
tout dire, avec le style.
C'est que le dessin de M. Bonnencontre est
essentiellement décoratif, il ne modèle pas, il
découpe ; à travers toutes ses subtilités, il
demeure rigoureusement linéaire. De plus, il
ne se pique pas d'une fidélité servile vis-à-vis
des choses et des êtres; devant l'objet lui-même,
et sans en avoir trop l'air, il choisit un peu, il
arrange, épure un profil, accentue une courbe,
dispose les plis d'une écharpe suivant le mode
d'une gerbe rayonnante ou d'une cascade
symétrique. Puis, subordonnant, toujours et
quand même, le détail à la silhouette, il peut se
déployer pour d'amples figures, pour de vastes
et majestueux paysages. Cette grandeur est fort
ordonnée. Méthodique autant qu'un architecte,
l'artiste calcule ses proportions, répartit ses
masses, les balance, les alterne, distribue les
rappels de formes et, dans la disposition de ses
arbres, de ses lacs, de ses coteaux, de ses
nuées, dans le groupement de ses divers per-
sonnages, observe constamment les lois du
rythme souverain.
Le rythme, c'est le mouvement selon lequel
la matière s'anime et s'organise, c'est la pensée
visible dans son action sur les choses, c'est
l'affirmation triomphante de l'esprit. Principe
de raison et d'harmonie suprême, déesse invo-
quée par Renan dans une immortelle prière le
jour où du sommet de l'Acropole le grand spi-
ritualiste aperçut la beauté de l'idéal antique,
l'Eurythonée qui gouverne l'art grec gouverne
Part de tous les temps. Aucune création ne peut
vivre en dehors de son empire. Le charme de
la couleur, le piquant du sujet, l'intensité même
de l'expression, tout cela n'est rien sans l'équi-
libre de l'ensemble et la juste relation des
parties. Cette vertu mystérieuse du rythme, bien
des peintres à notre époque l'ont cependant
méconnue ; aussi leurs notes parfois aiguës et
parfois exquises ne sont-elles pas vraiment des
œuvres. Par bonheur, au-dessus des tentatives
impressionnistes, la tradition du grand art s'est

poursuivie et, grâce à l'adorable arabesque de
Corot, la ligne de Puvis de Chavannes a con-
tinué la ligne du Poussin. Mais je ne dois pas
accabler M. Bonnencontre sous le poids de
pareils noms. Comme beaucoup d'artistes de
talent, il suit, dans la mesure de son souffle et
de ses torces, la route tracée par le génie ; pour
mieux se pénétrer du caractère de sa race, il va
l'étudier chez les maîtres qui l'ont le plus magni-
fiquement résumé. Il nous a donné déjà quelques
toiles aimables et d'une distinction bien fran-
çaise. Avec sa compréhension du rythme et de
la grâce, son adresse de dessinateur et de colo-
riste, il en produira de nouvelles où notre esprit
national n'hésitera pas davantage à se recon-
naître. ALBERT THOMAS.

UNE
NOUVELLE CONSTRUCTION
DE CH. PLUMET
'andis que les constructions de la rue Réau-
j mur, point initial du concours jadis organisé
en vue de primer les plus belles parmi les façades
des maisons récemment construites à Paris, ne
donnèrent aucun résultat architectural intéres-
sant, des habitations élevées ces temps derniers
dans l'ouest parisien témoignent de recherches
d'un haut intérêt.
Il semble que cette portion de Paris qui,
tout en étant encore la ville, a néanmoins la
poésie de la campagne, grâce à ses longues
avenues dont les frondaisons ondulent si majes-
tueusement dans la pourpre des crépuscules ves-
péraux avant d'aller se confondre dans la masse
sombre du Bois de Boulogne, il semble que ces
quartiers adorables soient le cadre rêvé pour
l'édification des maisons où l'architecte cherche
à faire œuvre nouveau. Dans ce décor, aux
grandes lignes vertes ou dorées selon la saison,
aux ciels si radieux parfois, l'artiste se sent plus
libre et perçoit avec acuité les lois de l'harmonie
et de la proportion. Dans les étroites voies tra-
cées au cordeau des quartiers du centre, les
règlements draconiens qui régissent les construc-
tions apparaissent implacables, tandis qu'au
milieu de cette nature libre ils semblent ne plus
exister pour celui qui, tout à son rêve harmo-
nieux, redevient le créateur des grandes
époques, de ces temps où le metteur en œuvre
n'avait d'autres bornes à son imagination que
le rationalisme et la logique sans lesquels il n'y
a pas de créations durables. Époques qui enfan-
tèrent des chefs-d'œuvre comme l'hôtel de

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