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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 25 (Octobre 1900)
DOI Artikel:
Thomas, Albert: Les bijoutiers modernes à l'exposition universelle: Georges Fouquet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0020

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L'ART DECORATIF



G. FOUQUET FERRETS

flottantes, laissant deviner à leurs plis le jeu
harmonieux des muscles, la grâce des attitudes
et des lignes, ceux-ci veulent ressusciter les
armures d'or et de pierreries, où s'enchâssaient,
aux temps puniques, la nacre frémissante des
épaules et l'ivoire des gorges nues.
L'entreprise est assurément curieuse, elle
relève du plus grand art, mais peut-elle sembler
tout à fait opportune? Chaque époque réclame
son style. Notre siècle, siècle de la critique, de
la compréhension universelle, en même temps
qu'il accueille et chérit les formes d'art les plus
diverses, prétend aussi les unir dans un accord
discret et les modifier selon son goût bien
personnel. L'appareil oriental, encombrant,
jette aussi trop de rayons. Pour notre vie de
société, pour nos réceptions du jour et du soir,
il est besoin de bijoux plus discrets, parés de
couleurs moins vives, s'harmonisant sans effort
aux nuances délicates des toilettes, à leurs
reflets assoupis, à leur élégance volontairement
voilée.

Bien des femmes, même parmi les favo-
risées de la fortune, hésiteraient à revêtir les
trop splendides parures créées par l'imagination
de Mucha. Toutes, par contre, se plairaient aux
autres joyaux que, dans le plus aimable décor
de croissants argentés et de velours gris perle,
leur offre encore l'Exposition de M. Georges
Fouquet. L'orientalisme, c'est ici l'appoint auda-
cieux de l'artiste slave. Les œuvres d'accent
plus moderne ont été composées, quelques-
unes en collaboration avec M. Desroziers, par
le joaillier parisien.
Ces pendants de cou, ces plaques de collier,
ces boucles de ceinture, ces agrafes, ces bra-
celets et ces bagues doivent rallier tous les
suffrages. De proportions restreintes, d'agen-
cement ingénieux, tous prouvent un goût sûr,
une réelle distinction, un sens vrai de la déco-
ration florale. Ce que je disais dernièrement de
M. Socard, à propos de vitraux, je pourrais le
dire, à propos de bijoux, de M. Georges Fouquet.
Il use dans une très juste mesure du parti que
lui présente la fleur et, sans vouloir reproduire
de trop près la structure et la physionomie de
cette dernière, il lui emprunte des dispositions
très générales, des agencements de masses et
de lignes, des rythmes, des balancements, des
rapports, des alternances et surtout des qualités
pour ainsi dire abstraites, la souplesse, la grâce
délicieusement flexible. La stylisation modifie
profondément le thème initial. Ici, le chardon
s'accompagne de courbes de fantaisie, la corolle
du bleuet rayonne selon un mode inusité, des
pistils s'allongent démesurément, descendent en
cascades anormales, la fleur fragile du pissenlit,
la ((chandelle)) que s'amusent à souffler les
enfants des campagnes, inscrit sa grâce frisson-
nante en trois cercles symétriques, l'orchidée
se synthétise et les rameaux du gui, les larges
pétales de la pensée, les grappes violettes de
la glycine se plient au dessin conventionnel d'une
plaque ou d'un pendant. La faune apporte aussi
son tribut. Sur l'écaille d'un peigne se déploient
les ailes scellées d'un papillon ; deux paons
d'argent mêlent leurs cols et deviennent l'agrafe
d'un manteau.
Mais il serait difficile d'énumérer toutes les
heureuses compositions de M. Georges Fouquet;
il serait difficile surtout de dire l'adresse de
l'artiste à choisir ses matières, à les façonner,
à les assortir pour les plus riches et les plus
délicates harmonies. Les émaux, qui firent la
splendeur limpide des parures égyptiennes, il

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