L'ART DECORATIF
ferme plus qu'aucune autre ; elle montre des
œuvres extrêmement caractéristiques et remar-
quâmes à beaucoup d'égards.
Deux traits frappent aussitôt dans ces ou-
vrages. D'abord ies couleurs, extrêmement
franches et vives, mais non criardes. Cette vision
de la couleur chez ie peuple norvégien est
évidemment la conséquence des aspects sous
lesquels la nature se montre à lui. Dans l'at-
mosphère diluée du Nord, dans ces pays où la
brume n'existe pas, les objets ne sont pas
estompés comme chez nous; non seulement
les couleurs gardent tout leur éclat, mais
celui-ci s'accroît encore par les phénomènes
de réfraction de lumière particuliers à ce
ciel. Il est naturel qu'un peuple rende la cou-
leur et l'aime tel qu'il la voit. Si nous nous
complaisons aux demi-teintes, nous Français,
c'est parce que notre climat nous montre tout
en demi-teintes. Les couleurs éclatantes nous
GERHARD MUNTHE
TAPISSERIE DU MUSÉE DE TRONTHJEM
étourdissent d'abord; c'est ce qui nous arrive
avec les tapisseries norvégiennes. On s'y fait
d'ailleurs vite, et l'apprentissage fait, on recon-
naît que les artistes du Nord les assortissent
admirablement, et l'on prend goût à leur beauté.
L'autre caractère des tapisseries norvé-
giennes est d'être dessinées avec un sens
remarquable de la décoration. La prétention
déplacée ici de représenter littéralement la vie
ou la nature, même de la rappeler, si commune
chez nous, est absente de ces travaux. Les
figures, quand il y en a, ont des formes, des
attitudes, des draperies presque purement ima-
ginaires; néanmoins, le sentiment que l'artiste
veut rendre s'en dégage toujours d'une manière
intense. Les fonds des scènes à personnages
sont traités tantôt à très grands traits, tantôt,
— comme c'est le cas pour certaines œuvres de
M. Gerhard Munthe, — d'une manière ornemen-
tale tout à fait conventionnelle, avec des dessins
d'éléments naturels curieusement stylisés, se
rapportant plus ou moins directement au sujet.
Quant aux tapisseries florales (où la fleur subit
toujours une transformation profonde qui la
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ferme plus qu'aucune autre ; elle montre des
œuvres extrêmement caractéristiques et remar-
quâmes à beaucoup d'égards.
Deux traits frappent aussitôt dans ces ou-
vrages. D'abord ies couleurs, extrêmement
franches et vives, mais non criardes. Cette vision
de la couleur chez ie peuple norvégien est
évidemment la conséquence des aspects sous
lesquels la nature se montre à lui. Dans l'at-
mosphère diluée du Nord, dans ces pays où la
brume n'existe pas, les objets ne sont pas
estompés comme chez nous; non seulement
les couleurs gardent tout leur éclat, mais
celui-ci s'accroît encore par les phénomènes
de réfraction de lumière particuliers à ce
ciel. Il est naturel qu'un peuple rende la cou-
leur et l'aime tel qu'il la voit. Si nous nous
complaisons aux demi-teintes, nous Français,
c'est parce que notre climat nous montre tout
en demi-teintes. Les couleurs éclatantes nous
GERHARD MUNTHE
TAPISSERIE DU MUSÉE DE TRONTHJEM
étourdissent d'abord; c'est ce qui nous arrive
avec les tapisseries norvégiennes. On s'y fait
d'ailleurs vite, et l'apprentissage fait, on recon-
naît que les artistes du Nord les assortissent
admirablement, et l'on prend goût à leur beauté.
L'autre caractère des tapisseries norvé-
giennes est d'être dessinées avec un sens
remarquable de la décoration. La prétention
déplacée ici de représenter littéralement la vie
ou la nature, même de la rappeler, si commune
chez nous, est absente de ces travaux. Les
figures, quand il y en a, ont des formes, des
attitudes, des draperies presque purement ima-
ginaires; néanmoins, le sentiment que l'artiste
veut rendre s'en dégage toujours d'une manière
intense. Les fonds des scènes à personnages
sont traités tantôt à très grands traits, tantôt,
— comme c'est le cas pour certaines œuvres de
M. Gerhard Munthe, — d'une manière ornemen-
tale tout à fait conventionnelle, avec des dessins
d'éléments naturels curieusement stylisés, se
rapportant plus ou moins directement au sujet.
Quant aux tapisseries florales (où la fleur subit
toujours une transformation profonde qui la
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