DOI Heft:
No. 25 (Octobre 1900)
DOI Artikel:Bans, Georges: Les gares du métropolitain de Paris
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0055
OCTOBRE 1900
l'arêtier formant en même temps gouttière.
C'est justement le contraire d'une toiture ordi-
naire; et l'on doit convenir qu'ici. l'idée de l'ar-
chitecte de prendre le contrepied d'un usage
général était d'abord excellente au point de vue
pratique (l'inconvénient de la pluie dégoulinant
des bords de la marquise étant évité par cette
disposition) et qu'elle a été réalisée avec beau-
coup de bonheur. La surface contournée de la
verrière, résultant de l'inclinaison variable aux
divers points, intéressera tous les géomètres, et
son aspect, qui rappelle la libellule déployant
ses ailes légères, est tout à fait plaisant.
On connaît les habitudes de modelage de
M. Guimard, imprécis, insaisissable, échappant
aux définitions familières à l'œil. Dans la cir-
constance actuelle, elles l'ont servi à merveille.
L'ossature des édicules est, en effet, tout
entière en fonte, et ce genre de modelé convient
à ce métal plus qu'à aucune autre matière: on
le dirait fait exprès pour elle. La grossièreté
naturelle de la fonte, le caractère pâteux de ses
creux et de ses côtes, qui la rendent impropre
à tout moulage exigeant du fini, sont, au con-
traire, mis en valeur par ce modelé où creux et
côtes naissent, se développent, meurent sans
arêtes, sans formes nettement déterminées. 11
n'est pas exagéré de dire que personne jusqu'ici
n'avait traité la fonte avec autant de bonheur
que l'a fait M. Guimard. Les soubassements en
pierre, traités dans le même esprit, mais beau-
coup plus sobrement, comme de raison, pré-
sentent un intérêt ordinairement absent de cette
partie des constructions. Egalement intéressants
les panneaux qui remplissent les cadres de
l'ossature ; ils sont en lave d'Auvergne émaillée,
seulement dégrossie sur toute leur surface,
excepté les bords qui sont polis, et d'une couleur
inattendue, vert d'eau à reflets jaunâtres.
M. Guimard a été moins heureux, dans
l'ornementation au pochoir de la peinture
glacée des parois de l'escalier. En poursuivant
avec trop de fixité la recherche de l'unité dans
ses œuvres, M. Guimard en vient à oublier
que la décoration peinte des surfaces répond
non seulement à des convenances, mais à des
buts très différents de ceux du modelage des
matières, et que ce qui est qualité dans l'un peut
H. GUIMARD, ARCHITECTE
GARES DU MÉTROPOLITAIN DE PARIS
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l'arêtier formant en même temps gouttière.
C'est justement le contraire d'une toiture ordi-
naire; et l'on doit convenir qu'ici. l'idée de l'ar-
chitecte de prendre le contrepied d'un usage
général était d'abord excellente au point de vue
pratique (l'inconvénient de la pluie dégoulinant
des bords de la marquise étant évité par cette
disposition) et qu'elle a été réalisée avec beau-
coup de bonheur. La surface contournée de la
verrière, résultant de l'inclinaison variable aux
divers points, intéressera tous les géomètres, et
son aspect, qui rappelle la libellule déployant
ses ailes légères, est tout à fait plaisant.
On connaît les habitudes de modelage de
M. Guimard, imprécis, insaisissable, échappant
aux définitions familières à l'œil. Dans la cir-
constance actuelle, elles l'ont servi à merveille.
L'ossature des édicules est, en effet, tout
entière en fonte, et ce genre de modelé convient
à ce métal plus qu'à aucune autre matière: on
le dirait fait exprès pour elle. La grossièreté
naturelle de la fonte, le caractère pâteux de ses
creux et de ses côtes, qui la rendent impropre
à tout moulage exigeant du fini, sont, au con-
traire, mis en valeur par ce modelé où creux et
côtes naissent, se développent, meurent sans
arêtes, sans formes nettement déterminées. 11
n'est pas exagéré de dire que personne jusqu'ici
n'avait traité la fonte avec autant de bonheur
que l'a fait M. Guimard. Les soubassements en
pierre, traités dans le même esprit, mais beau-
coup plus sobrement, comme de raison, pré-
sentent un intérêt ordinairement absent de cette
partie des constructions. Egalement intéressants
les panneaux qui remplissent les cadres de
l'ossature ; ils sont en lave d'Auvergne émaillée,
seulement dégrossie sur toute leur surface,
excepté les bords qui sont polis, et d'une couleur
inattendue, vert d'eau à reflets jaunâtres.
M. Guimard a été moins heureux, dans
l'ornementation au pochoir de la peinture
glacée des parois de l'escalier. En poursuivant
avec trop de fixité la recherche de l'unité dans
ses œuvres, M. Guimard en vient à oublier
que la décoration peinte des surfaces répond
non seulement à des convenances, mais à des
buts très différents de ceux du modelage des
matières, et que ce qui est qualité dans l'un peut
H. GUIMARD, ARCHITECTE
GARES DU MÉTROPOLITAIN DE PARIS
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