NOVEMBRE 1900
dans sa peinture si intimement personnelle
toute une race se trouve exprimée, toute une
race éprise de son passé, de ses vieiiies mœurs,
de ses vieux rêves et de ses anciens dieux.
La Bosnie a confié à Mucha ie soin de tra-
duire son caractère héroïque et pittoresque. Sur
les murs intérieurs du pavillon du Quai d'Or-
say, à la hauteur du premier étage, l'artiste slave
déroule dans une série de fresques l'histoire de
l'antique province. Il décrit ses différents as-
pects à la période barbare, aux époques ro-
maines et chrétiennes, au temps des invasions,
il évoque ses guerriers aux cheveux tressés,
ses majestueux patriarches, ses adolescents
sveltes et beaux, la grâce flexible de ses fem-
mes. Le cycle se clôt sur une apothéose où la
Bosnie, sereine parmi les fleurs, groupe autour
d'elle artistes, ouvriers, fermiers, pasteurs,
portant dans leurs mains les produits de son
génie et de son sol. Au-dessus de ces composi-
tions, dans une pénombre transparente et noc-
turne, une frise laisse entrevoir les scènes suc-
cessives d'une légende locale, tout embaumée
de mystère et d'amour, tout imprégnée de clair
de lune. Imagination brillante et prodigue,
éprise des magnificences orientales, Mucha se
complaît au luxe des costumes, à la pompe des
cérémonies; pourtant, dans ses fresques comme
d'ailleurs dans ses affiches, il sait assourdir sa
couleur, la maintenir dans une gamme cons-
tamment douce et voilée, où les bleus, les vio-
lets, les gris et les roses s'harmonisent délicieu-
sement Pareille discrétion chez un artiste de sa
race ne laisse pas de nous surprendre. Mais il
faut songer qu'enfant de Bohême, Mucha est
aussi décorateur parisien et qu'il a reçu de nos
maîtres, pour dompter sa fougueuse nature, ce
frein d'or qu'on nomme le
5r
dans sa peinture si intimement personnelle
toute une race se trouve exprimée, toute une
race éprise de son passé, de ses vieiiies mœurs,
de ses vieux rêves et de ses anciens dieux.
La Bosnie a confié à Mucha ie soin de tra-
duire son caractère héroïque et pittoresque. Sur
les murs intérieurs du pavillon du Quai d'Or-
say, à la hauteur du premier étage, l'artiste slave
déroule dans une série de fresques l'histoire de
l'antique province. Il décrit ses différents as-
pects à la période barbare, aux époques ro-
maines et chrétiennes, au temps des invasions,
il évoque ses guerriers aux cheveux tressés,
ses majestueux patriarches, ses adolescents
sveltes et beaux, la grâce flexible de ses fem-
mes. Le cycle se clôt sur une apothéose où la
Bosnie, sereine parmi les fleurs, groupe autour
d'elle artistes, ouvriers, fermiers, pasteurs,
portant dans leurs mains les produits de son
génie et de son sol. Au-dessus de ces composi-
tions, dans une pénombre transparente et noc-
turne, une frise laisse entrevoir les scènes suc-
cessives d'une légende locale, tout embaumée
de mystère et d'amour, tout imprégnée de clair
de lune. Imagination brillante et prodigue,
éprise des magnificences orientales, Mucha se
complaît au luxe des costumes, à la pompe des
cérémonies; pourtant, dans ses fresques comme
d'ailleurs dans ses affiches, il sait assourdir sa
couleur, la maintenir dans une gamme cons-
tamment douce et voilée, où les bleus, les vio-
lets, les gris et les roses s'harmonisent délicieu-
sement Pareille discrétion chez un artiste de sa
race ne laisse pas de nous surprendre. Mais il
faut songer qu'enfant de Bohême, Mucha est
aussi décorateur parisien et qu'il a reçu de nos
maîtres, pour dompter sa fougueuse nature, ce
frein d'or qu'on nomme le
5r