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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI issue:
No. 27 (Décembre 1900)
DOI article:
Salvator, Rémy: La société moderne des beaux-arts: première exposition
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0116

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L'ART DECORATIF

aussitôt l'admiration du public spécial qui fré-
quentait ces expositions. Aujourd'hui M.
Khnopff nous donne d'une mysté-
rieuse profondeur; œuvre
d'une dramatique et hautaine interprétation. Je
n'aurais garde d'oublier cette délicieuse petite
hile d'un dessin si pur où l'artiste a saisi toute
la physionomie sérieuse et un peu mutine de
l'enfant. Les paysages de M. Khnopff sont d'une
beauté captivante. Il s'en dégage une intense
sensation de rêverie, un charme exquis et
impressionnant qui classent leur auteur parmi
les peintres les plus raffinés de la génération.
Quoique d'essence bien différente, l'art de
M. Granié n'est pas très éloigné de celui de
M. Khnopff. Il a le même souci du dessin
exact, le même amour du mystère. Les por-
traits qu'il nous offre sont d'une suavité extra-
ordinaire ; c'est toute une vie délicieuse et
charmante en ces figures aux courbes molles et
hnes d'une joliesse exquise; mais ce qui me
séduit en M. Granié c'est l'expression, — si je
puis me servir de ce terme, — qu'il donne aux

mains : il les peint avec la délicatesse d'un
Clouet. Je lui reprocherais pourtant de manquer
parfois de sentiment et d'avoir conservé, en
certaines de ses œuvres, cette sécheresse em-
pruntée aux primitifs allemands. Les lecteurs de
l'A?^ connaissent aussi ses remar-
quables enluminures qui nous ont donné la joie
de voir revivre cet art rare et précieux aban-
donné aujourd'hui.
M. Willaert est le peintre exquis des villes
calmes et mortes de la Belgique. On sent chez
lui un grand attachement aux eaux douces et
endormies, la nostalgie des rues tranquilles et
solitaires où passent rapides et effacées des
petites vieilles mystérieuses se hâtant vers
leurs demeures. Nul mieux que lui ne connaît
la vie intérieure et contemplative des êtres
repliés sur eux-mêmes qui s'enferment dans la
méditation et le silence, indifférents aux choses
extérieures, car ils possèdent en leurs âmes
closes une lumière plus belle que celle qui vient
du dehors. M. Willaert paraît délaisser aujour-
d'hui ses paysages habituels de Gand et de


INTÉRIEUR MARAICHIN

CH. MILCENDEAU

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