L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

L'ART DÉCORATIF

Mais, maigre son grand mérite, cette œuvre
ne saurait, à notre avis, entrer en iigne avec les
solides productions des fabriques de M. Emile
Muller. Si le grès cérame a pris en France une
importance extrême, c'est grâce à ce fabricant
qui a cru assez à l'avenir de ce produit pour
consacrer à son expansion la plus grande partie
des bénéfices assurés par la vente des briques

et des tuiles qui portent son nom. C'est des ate-
liers Muller que sont sortis
d'Alexandre Charpentier, la <A; /rana?'/, de
la porte monumentale, l'FA?, du sculpteur Da-
gonet et la jolie frise de de M. Camille
Lefèvre.
Mais ce n'est pas tout. C'est en grès Muller
qu'a été exécuté l'autel dessiné par l'architecte


FAÏENCERIES DE D1G0IN ET VITRY-LE-FRANÇOIS CHEMINÉE EN GRÈS

Charles Genuys pour la maison Poussielgue-
Rusand.
Il semblait jusqu'ici que là, plus qu'ail-
leurs, l'innovation fut difficile. Les exigences
symboliques liaient les artistes. Et, depuis Las-
sus et Viollet-le-Duc, tout l'effort des architectes
se résumait à restituer avec la plus scrupuleuse
science les admirables autels du X1IP siècle.

Eh bien, M. Genuys a fait œuvre franche-
ment moderne et de ligne, et de matériaux et de
décoration. La base et l'autel, qui est inscrit, mais
fort librement, dans une ogive surbaissée sont
en grès. La teinte verte de l'émail donne aux
lignes extérieures l'apparence de deux tiges de
lis qui, dans une pose infléchie, iraient se re-
joindre pour se confondre au sommet en une

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