DOI Heft:
No. 27 (Décembre 1900)
DOI Artikel:Germain, Alphonse: Les tissus de tenture à l'exposition
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0139
DECEMBRE L900
daires. Les recherches excentriques, les tenta-
tives irréfléchies conçues au mépris des lois
naturelles, loin de servir à l'éclosion d'un style
nouveau, ne font que la retarder. Car on
n'obtient rien de viable, rien d'harmonieux, en
dehors du normal. Si l'art, dans ses manifes-
tations supérieures, s'élève au-dessus de la
nature, il n'en procède pas moins de la grande
inspiratrice, il ne lui reste pas moins attaché
par certains liens, comme l'enfant de génie reste
uni par des liens physiologiques à des parents
qui lui sont inférieurs cérébralement.
Aussi les artistes, même ceux doués d'une
vision synthétique, n'arriveront-ils jamais mieux
à l'entente du décor qu'en étudiant la nature
dans ses lois, ses effets et ses formes.
C'est en regardant les jeux de lignes pré-
sentés par les spectacles naturels que l'on
apprend à équilibrer les formes, à diriger les
lignes, par quoi les vides et les pleins d'un
motif offrent une harmonie. C'est en s'initiant à
la structure des plantes et de leurs fleurs, à leur
anatomie, que l'on se met en puissance de
réaliser une flore décorative. C'est enfin en
DUPLAN & C" (LYON)
interrogeant sans cesse les éléments fournis par
la nature sensible que l'on augmente ses moyens
de créer des effets nouveaux sans tomber dans
l'anormal. Car les éléments de décors ramenés
par chaque saison sont infiniment variés dans
leur unité et ne se ressemblent jamais exac-
tement quoique toujours identiques. Celui qui
ne tient pas compte de ces principes, dont tout
artiste a au moins l'intuition, risque fort de se
condamnera un art sans vie ou à une traduction
sans art de la vie extérieure.
Nos décorateurs d'étoffes ont des qualités
d'exécutants, de l'ingéniosité, une vision souvent
délicate et ils savent assez bien jouer des temtes.
Mais la plupart n'attachent pas assez d'impor-
tance à la construction, à l'arrangement expressif
de leurs motifs. Quand ils en auront compris ta
nécessité, quand ils seront convaincus qu'il n'y
a pas de beauté sans harmonie et pas d'har-
monie sans équilibre, ils arriveront vite à la
création d'œuvres supérieures. Et, par des
décors à la fois stylisés et vivants, ils se rat-
tacheront tout naturellement à la tradition
nationale. ALPHONSE GERMAIN.
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daires. Les recherches excentriques, les tenta-
tives irréfléchies conçues au mépris des lois
naturelles, loin de servir à l'éclosion d'un style
nouveau, ne font que la retarder. Car on
n'obtient rien de viable, rien d'harmonieux, en
dehors du normal. Si l'art, dans ses manifes-
tations supérieures, s'élève au-dessus de la
nature, il n'en procède pas moins de la grande
inspiratrice, il ne lui reste pas moins attaché
par certains liens, comme l'enfant de génie reste
uni par des liens physiologiques à des parents
qui lui sont inférieurs cérébralement.
Aussi les artistes, même ceux doués d'une
vision synthétique, n'arriveront-ils jamais mieux
à l'entente du décor qu'en étudiant la nature
dans ses lois, ses effets et ses formes.
C'est en regardant les jeux de lignes pré-
sentés par les spectacles naturels que l'on
apprend à équilibrer les formes, à diriger les
lignes, par quoi les vides et les pleins d'un
motif offrent une harmonie. C'est en s'initiant à
la structure des plantes et de leurs fleurs, à leur
anatomie, que l'on se met en puissance de
réaliser une flore décorative. C'est enfin en
DUPLAN & C" (LYON)
interrogeant sans cesse les éléments fournis par
la nature sensible que l'on augmente ses moyens
de créer des effets nouveaux sans tomber dans
l'anormal. Car les éléments de décors ramenés
par chaque saison sont infiniment variés dans
leur unité et ne se ressemblent jamais exac-
tement quoique toujours identiques. Celui qui
ne tient pas compte de ces principes, dont tout
artiste a au moins l'intuition, risque fort de se
condamnera un art sans vie ou à une traduction
sans art de la vie extérieure.
Nos décorateurs d'étoffes ont des qualités
d'exécutants, de l'ingéniosité, une vision souvent
délicate et ils savent assez bien jouer des temtes.
Mais la plupart n'attachent pas assez d'impor-
tance à la construction, à l'arrangement expressif
de leurs motifs. Quand ils en auront compris ta
nécessité, quand ils seront convaincus qu'il n'y
a pas de beauté sans harmonie et pas d'har-
monie sans équilibre, ils arriveront vite à la
création d'œuvres supérieures. Et, par des
décors à la fois stylisés et vivants, ils se rat-
tacheront tout naturellement à la tradition
nationale. ALPHONSE GERMAIN.
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