JANVIER 1901
révéleront les ouvrages dont nous venons de
parler en trouveront peut-être les formes vigou-
reuses à l'excès. Qu'ils se rappellent que la
nature même des pierres oblige à cette vigueur.
Plus que jamais, d'ailleurs, en ces jours où l'on
se montre, avec raison, sobre de parure somp-
tueuse, le joyau, souvent solitaire sur un cor-
sage ou une coiffure, gagne à se profiler en
contours énergiques Vues dans la réalité, ces
mêmes pièces, dont l'image matérialise l'appa-
rence, prennent, par leur scintillement, leur
splendeur, quelque chose d'aérien. Et sur les
fiers diadèmes à décor printanier.
« Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
L'éclat des brillants diminue l'épaisseur des
traits de construction, la corpulence des arma-
tures. Ces joyaux sont comme des dessins de
lumière stellaire.
Les pièces où les formes humaines ont été
assujetties au rôle décoratif sont aussi remar-
quablement équilibrées que celles des séries pré-
cédentes. Le pendant qui nous fait apparaître
une créature légendaire, quelque sœur d'Ariel,
au buste d'agathe taillée en camée, au corselet
chargé d'un rubis, à la robe d'émail opaque
jaune fresque, aux ailes de diamant et d'émail
transparent d'un vert cendré si affectif, ce pen-
dant excelle par l'ordonnance de ses parties et
le dessin de sa configuration comme par l'ingé-
niosité de sa facture. Il faut en dire autant du
pendant sur lequel deux figurines aux formes
VE VER
juvéniles se tiennent affrontées, l'une de dos,
l'autre de face, et se donnent la main par-dessus
le brillant obligatoire. C'est surtout grâce aux
attitudes des figurines qu'il répond à son but.
L'émail et l'or ciselé ne font que vêtir de colo-
rations charmantes les ossatures des motifs; du
seul arrangement de celles-ci dépend l'harmonie
générale. Dues aux matières précieuses ou aux
émaux, les tonalités les plus rares n'ont qu'une
puissance complétive ou explétive.
Et si le groupe qui fait revivre, au fronton
d'un peigne, l'antique et toujours jeune idylle
de Daphnis et Chloé réalise excellemment l'effet
désirable, n'en cherchons pas la cause ailleurs
qu'en les attitudes de ces amants avant la lettre.
La posture des corps, l'enlacement des bras
disent la chasteté de l'étreinte; l'inclinaison des
têtes, dont les lèvres se rencontrent sans
fièvre, proclame la tendresse des baisers qui
s'échangent. Ces âmes sont blanches comme
l'ivoire qui nous les révèle. Quant aux formes,
synthétisées avec tact, elles se détachent de
l'ensemble sans nuire à son unité. Nous n'avons
pas en face de nous un sujet juché sur un objet,
mais une œuvre dont rien ne trouble l'orga-
nisme.
Le pendant où le doux et mélancolique
profil d'une jeune Bretonne est élégamment
encadré par les rubans de sa coiffe est rendu
séduisant au possible par un travail d'une
adresse merveilleuse. L'ensemble offre une pro-
iq3
VEVER
révéleront les ouvrages dont nous venons de
parler en trouveront peut-être les formes vigou-
reuses à l'excès. Qu'ils se rappellent que la
nature même des pierres oblige à cette vigueur.
Plus que jamais, d'ailleurs, en ces jours où l'on
se montre, avec raison, sobre de parure somp-
tueuse, le joyau, souvent solitaire sur un cor-
sage ou une coiffure, gagne à se profiler en
contours énergiques Vues dans la réalité, ces
mêmes pièces, dont l'image matérialise l'appa-
rence, prennent, par leur scintillement, leur
splendeur, quelque chose d'aérien. Et sur les
fiers diadèmes à décor printanier.
« Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
L'éclat des brillants diminue l'épaisseur des
traits de construction, la corpulence des arma-
tures. Ces joyaux sont comme des dessins de
lumière stellaire.
Les pièces où les formes humaines ont été
assujetties au rôle décoratif sont aussi remar-
quablement équilibrées que celles des séries pré-
cédentes. Le pendant qui nous fait apparaître
une créature légendaire, quelque sœur d'Ariel,
au buste d'agathe taillée en camée, au corselet
chargé d'un rubis, à la robe d'émail opaque
jaune fresque, aux ailes de diamant et d'émail
transparent d'un vert cendré si affectif, ce pen-
dant excelle par l'ordonnance de ses parties et
le dessin de sa configuration comme par l'ingé-
niosité de sa facture. Il faut en dire autant du
pendant sur lequel deux figurines aux formes
VE VER
juvéniles se tiennent affrontées, l'une de dos,
l'autre de face, et se donnent la main par-dessus
le brillant obligatoire. C'est surtout grâce aux
attitudes des figurines qu'il répond à son but.
L'émail et l'or ciselé ne font que vêtir de colo-
rations charmantes les ossatures des motifs; du
seul arrangement de celles-ci dépend l'harmonie
générale. Dues aux matières précieuses ou aux
émaux, les tonalités les plus rares n'ont qu'une
puissance complétive ou explétive.
Et si le groupe qui fait revivre, au fronton
d'un peigne, l'antique et toujours jeune idylle
de Daphnis et Chloé réalise excellemment l'effet
désirable, n'en cherchons pas la cause ailleurs
qu'en les attitudes de ces amants avant la lettre.
La posture des corps, l'enlacement des bras
disent la chasteté de l'étreinte; l'inclinaison des
têtes, dont les lèvres se rencontrent sans
fièvre, proclame la tendresse des baisers qui
s'échangent. Ces âmes sont blanches comme
l'ivoire qui nous les révèle. Quant aux formes,
synthétisées avec tact, elles se détachent de
l'ensemble sans nuire à son unité. Nous n'avons
pas en face de nous un sujet juché sur un objet,
mais une œuvre dont rien ne trouble l'orga-
nisme.
Le pendant où le doux et mélancolique
profil d'une jeune Bretonne est élégamment
encadré par les rubans de sa coiffe est rendu
séduisant au possible par un travail d'une
adresse merveilleuse. L'ensemble offre une pro-
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