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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 28 (Janvier 1901)
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Germain, Alphonse: Les bijoux de Vever
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0173

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JANVIER 1901


VE VE R

d'élégantes mondaines. Or, ce détail ne manque
pas d'importance. Le joyau et le bijou ne sont
pas faits pour être conservés sous vitrine, mais
bien pour être portés. Ce n'est pas formuler
d'impertinentes exigences que de leur demander
de répondre, en une certaine mesure, au degré
d'affinement des personnes auxquelles ils sont
destinés. C'est parce qu'ils avaient cette qualité
que les chefs-d'œuvre des arts somptuaires du
passé sont si dignes d'intérêt.
Les ouvrages entièrement dus à M. Vever
reflètent les goûts et l'idéal de l'élite actuelle;
Us ont en outre, le lecteur a pu s'en convaincre,
d'autres titres à l'admiration. En particulier sa
joaillerie élève à la hauteur de l'art ce qui ne fut
longtemps qu'un métier, et cela s'accomplit
d'une manière qui ralliera d'autant mieux les
suffrages qu'elle ne violente nullement les tra-
ditions.
C'est avec un délicat sentiment des concor-
dances que les lignes de cette joaillerie ont été
assouplies en réseaux décoratifs, leurs formes
rendues significatives, leurs brillants changés en
valeurs de tons, les colorations ardentes de leurs
gemmes alliées avec les fines nuances de leurs
émaux. Dans aucune d'elles, la nouveauté n'est
obtenue au détriment de l'équilibre et de la
logique. Et c'est pourquoi elles sont une mani-
festation de beauté. Un joaillier peut réaliser des
effets inédits, soit en représentant avec la fidé-
lité du copiste quelque plante fleurie, soit en

transformant à sa guise quelque corolle en antho-
zoaire; il ne saurait vraiment créer une œuvre
belle s'il néglige de proportionner ses délinéa-
tions, d'en raisonner les méandres, d'en assurer
la statique, s'il se plaît à l'incohérence et au
bizarre.
Très diverses sous leur apparente ressem-
blance, les pièces de M. Vever sont autant d'as-
pects d'une individualité éprise d'harmonie et
de style.
Scrutez leur air de famille et vous décou-
vrirez la physionomie propre de chacune. Toutes
ont le rayonnement de l'œuvre d'art et cette vie
mystérieuse qui éveille chez les sensitifs ces
correspondances chères aux poètes :
('Objets inanimés, avez-vous donc une âme?"
M. Vever a compris mieux que personne ce
que les affinés attendent du joyau. Destiné à
rehausser l'élégance d'un costume et non point
à le travestir en vêture d'idole, il convient qu'il
affirme non seulement l'opulence de celle qui le
porte, mais son goût, sa somme d'aristie. Et
comme il ne peut être partie intégrante des
formes sur lesquelles on l'applique, pour un
temps plutôt court, le joyau doit former un tout,
constituer une œuvre belle par ses propres res-
sources. Aussi, comme le sonnet, ne souffre-t-il
pas la médiocrité. Or, plusieurs des poèmes
lapidaires commentés au cours de ces pages


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