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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

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No. 28 (Janvier 1901)
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Saunier, Charles: Une nouvelle construction de Ch. Plumet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0190

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L'ART DECORATIF

gens trop pressés et depuis, fort heureusement,
assagis. L'édifice est confortable, logique, bien
français, et par ces trois qualités il s'apparente
aux belles habitations médiévales dont nous
parlions plus haut.
Dès l'abord, la construction de M. Plumet
est faite pour séduire : deux façades bien
assises, un pignon élégant et élancé qui sou-
ligne les proportions du comble, dont la masse
sombre est allégée par les encadrements aigus,
en pierre blanche et grès cérame ajouré, des
lucarnes. En bas, le hall et les salons. Au pre-
mier étage, une galerie couverte dont les arcs bien
rythmés sontsoutenus par des colonnettes qui re-
posent sur des corbeaux; au-dessus, un balcon
marquant la démarcation entre les appartements
d'apparat et les pièces intimes. Tout en haut du pig-
non estun élégant bow-window comme accroché.
Des chaînes de belle pierre blanche sou-
lignent les angles de la construction et l'enca-
drement des fenêtres, le remplissage étant fait, à
partir du premier étage,par un petit appareil en
grès cérame, discrètement émaillé et décoré
d'ornements en spirale.
Il ne saurait, y avoir de jardin à Paris :
les fleurs s'y étioleraient et la place manque;
mais la serre, cet appartement d'hiver où
les plantes rares vivent de leur vie étrange,
est possible. Et ici elle est de vastes proportions,
escaladant la hauteur de l'édihce au moyen d'un
assbemlage de légères armatures de fer où s'en-
châssent ici de larges glaces, plus haut un pla-
fond de carreaux en verre fondu à travers
lesquels la lumière du ciel s'irise.
Cette serre ou plutôt ce vaste passage
vitré réunit l'hôtel principal aux communs,
construction plus légère à deux étages, où le
fer et les matériaux céramiques ont été lar-
gement mis à contribution et toujours dans un
sens aussi élégant que logique.
Mais l'intérieur? Franchissons cette grille
dont les montants verticaux sont réunis par des
courbes infléchies, de menus arcs d'où s'é-
chappent, avec une souplesse de volubilis, des
tiges de fer forgé. Un perron se présente pré-
cédé d'un porche sur l'arc duquel reposent des
colonnettes du plus gracieux effet.
La lumière ainsi tamisée pénètre dans le
vestibule avec une douceur infinie, soulignant
de blanc la sveltesse du massif de maçonnerie
de la cage d'escalier, rendant plus légers les
motifs en fer forgé delà rampe et de l'ascenseur,
plus fines les appliques électriques composées
par M. Tony Selmersheim.

Avec tout son pittoresque, cette construction
vaut donc surtout par la ligne, l'ornement pro-
prement dit n'étant employé qu'avec une
extrême discrétion par M. Plumet. Comme
ailleurs, c'est la fleur du tournesol qui décore
les corbeaux, les balustres du balcon. C'est là
la seule note colorée, et encore, si peu, avec les
fuseaux de briques émaillées qui forment les
clefs des arcs d'une partie des fenêtres.
Réjouissons-nous de l'exemple donné par
les rares architectes qui, comme M. Plumet,
cherchent la beauté dans la simplicité et l'har-
monie. Cet idéal est si nouveau, et si éloigné de
ceux de la vieille école, qui confondent richesse
avec beauté!
Qu'on ne confonde d'ailleurs pas cette sim-
plicité avec la nudité, encore moins la rusticité.
C'est la simplicité inséparable de la vraie distinc-
tion, celle où tout est délicat, où derrière chaque
chose se cache l'étude critique d'un esprit fin
et délié. En fait, dans l'œuvre dont nous parlons,
il n'y a pas un détail qui ne soit extrêmement
recherché. Le choix des matériaux fait naître
une polychromie non violente et vulgaire
comme celle qu'on obtient, par exemple, de cer-
taines applications de faïences colorées, mais
douce, fondue, presque insensible, n'apportant
aucune note criarde dans la blancheur de l'en-
semble. La construction trouve des effets d'une
rare élégance par la manière dont certaines
saillies viennent comme mourir dans la masse;
par l'adresse délicate avec laquelle l'intersection
des lignes et des surfaces prend un charme que
les lieux-communs de la sculpture, ressource
commode pour l'incapacité décorative de l'archi-
tecte vulgaire, ne sauraient leur donner; par une
mouluration dans laquelle les duretés des angles
sont évitées sans tomber dans la mollesse. M.
Plumet sait tirer un parti décoratif inédit de prin-
cipes constructifs non nouveaux sans doute, mais
qu'on n'avait jamais mis en évidence sous des
formes si lucides ; exemple, les colonnettes et leurs
arcatures sur lesquelles repose le balcon du se-
cond étage, dans la façade donnant sur l'avenue du
Bois, et celles par lesquelles le poids du balcon
du premier, dans la cour, se répartit sur tous les
points de la voûte de l'entrée. En un mot, l'inté-
rêt n'est cherché nulle part dans l'ornement
ajouté en superfétation; il naît des partis ingé-
nieux tirés de chaque particularité de la construc-
tion, toujours avec un sens exquis des conve-
nances et du goût.
C'est le grand mérite de l'œuvre deM.
Plumet. Rien n'est plus facile que d'entasser

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