JANVIER 1901
m'inspire un travail si considérable, si juste-
ment dirigé, et si fécond en résultats heureux.
Dans la silhouette des grands meubles de la
salle à manger et de la chambre à coucher,
M Gaillard a pris manifestement son point de
départ dans le Louis XV, en ce sens qu'il s'est
appliqué à remplacer la ligne droite et les angles,
partout où c'est possible sans blesser la raison,
par les courbures qui plaisent à l'œil français
Il l'a fait avec un tact extrême. En partant de
cette idée, il est impossible de mieux répartir les
droites et les courbes, de mieux conduire ces
dernières, de déterminer avec plus de précision
et de finesse la convenance des unes ou des
autres à chaque place. Tout en gardant dans
l'aspect général quelque chose qui rappelle —
de très loin d'ailleurs — le Louis XV, le style
des meubles de AL Gaillard est supérieur à celui
de cette époque en ce qu'il donne une impres-
sion de vigueur qui fait défaut à celui-ci
Quant à l'ornementation sculpturale, elle
souligne les formes avec une vigoureuse pré-
cision; encore un caractère par lequel le style
de M. Gaillard s'éloigne du Louis XV, où la
sculpture tend souvent à affaiblir, par d'intem-
pestives interruptions des lignes, des profils déjà
manquant de décision par eux-mêmes. Ce défaut
capital du style Louis XV ne se manifeste qu'à
une ou deux places dans les meubles de M.
Gaillard. Cependant on pourra reprocher aux
meubles de la salle à manger l'abus des applica-
tions en bronze. Ces applications sont un
moyen d'effet très artificiel dont la présence
s'explique peu dans des meubles d'un si haut
ordre artistique; ici, l'entortillement de leurs des-
sins rend encore plus sensible le malaise qu'on
ressent devant l'introduction de telles choses
dans une œuvre d'un goût pur.
Dans la table et les sièges de la salle à
manger, nous ne retrouvons pas le même point
de départ que dans les grands meubles. Parti-
culièrement dans les sièges l'artiste semble
avoir voulu se dégager de tout précédent. Très
commodes, les chaises me paraissent un peu
lourdes, et présentant un certain manque de
rapport avec le reste. Je ne risque cette obser-
m'inspire un travail si considérable, si juste-
ment dirigé, et si fécond en résultats heureux.
Dans la silhouette des grands meubles de la
salle à manger et de la chambre à coucher,
M Gaillard a pris manifestement son point de
départ dans le Louis XV, en ce sens qu'il s'est
appliqué à remplacer la ligne droite et les angles,
partout où c'est possible sans blesser la raison,
par les courbures qui plaisent à l'œil français
Il l'a fait avec un tact extrême. En partant de
cette idée, il est impossible de mieux répartir les
droites et les courbes, de mieux conduire ces
dernières, de déterminer avec plus de précision
et de finesse la convenance des unes ou des
autres à chaque place. Tout en gardant dans
l'aspect général quelque chose qui rappelle —
de très loin d'ailleurs — le Louis XV, le style
des meubles de AL Gaillard est supérieur à celui
de cette époque en ce qu'il donne une impres-
sion de vigueur qui fait défaut à celui-ci
Quant à l'ornementation sculpturale, elle
souligne les formes avec une vigoureuse pré-
cision; encore un caractère par lequel le style
de M. Gaillard s'éloigne du Louis XV, où la
sculpture tend souvent à affaiblir, par d'intem-
pestives interruptions des lignes, des profils déjà
manquant de décision par eux-mêmes. Ce défaut
capital du style Louis XV ne se manifeste qu'à
une ou deux places dans les meubles de M.
Gaillard. Cependant on pourra reprocher aux
meubles de la salle à manger l'abus des applica-
tions en bronze. Ces applications sont un
moyen d'effet très artificiel dont la présence
s'explique peu dans des meubles d'un si haut
ordre artistique; ici, l'entortillement de leurs des-
sins rend encore plus sensible le malaise qu'on
ressent devant l'introduction de telles choses
dans une œuvre d'un goût pur.
Dans la table et les sièges de la salle à
manger, nous ne retrouvons pas le même point
de départ que dans les grands meubles. Parti-
culièrement dans les sièges l'artiste semble
avoir voulu se dégager de tout précédent. Très
commodes, les chaises me paraissent un peu
lourdes, et présentant un certain manque de
rapport avec le reste. Je ne risque cette obser-