L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

JANVIER 1901

femme ignorante d'elle-méme est curieuse de son
propre secret chez ses compagnes.
Donc, le petit Salon des femmes artistes est
d'ordinaire très visité et encore plus discuté. Il
y a les bienveillances de ceux chez qui toute
approche de la femme comporte une offrande de
« pommade a : politique excellente avec la femme
vulgaire, pas toujours mauvaise avec les autres;
il y a les malveillances systématiques qui tiennent
pour dogme que la femme est incapable de rien.
Je suis de la troisième catégorie: ceux qui
se demandent. Encore que je préfère que ja
plus haute ambition de la femme soit de plaire,
je trouve bien que d'autres en aient de diffé-
rentes ; l'état psychologique d'exception qui lait
l'artiste se rencontre aussi bien dans un sexe
que dans l'autre. Mais il est rare que cet état
puisse se satisfaire chez la femme. L'œuvre d'art,
étant synthèse,ne peut être conçue que par l'esprit
synthétique; or l'espric féminin est purement ana-
lyste. De là la difficulté de la femme à créer dans
beaucoup de genres et son succès dans d'autres,
comme le tableau de heurs, où l'observation fait
tout. Le penchant des grandes artistes créatrices,
comme des grandes femmes d'action à revêtir
le costume masculin s'explique par là; leur nature
même les assimile à l'homme. Elles s'étaient trom-
pées de sexe en naissant, et reprennent le vrai.
Cependant, quand l'homme parle de la femme,
il a toujours plus de chances de se tromper que
de dire vrai. Donc, tout cela ne tire pas à consé-
quence; l'opinion la plus juste ici, c'est de ne pas
en avoir. En dépit de toutes les dissertations, le
Salon des femmes artistes révèle chaque année
qu'à défaut de grands chefs-d'œuvre il sort d'elles
des œuvres fort honorables. Les noms de M"""
Fleury, Delsarte, Carpentier, — je ne nomme que
celles dont les envois sont déjà signalés à l'heure
où j'écris, — assurent qu'il en sera de même cette
fois-ci. J.

^ u CONSEIL MUNICIPAL, M. Labusquière a dé-
/A posé les deux propositions suivantes relaiives
à l'enseignement du dessin :
« Art. L''. — Il est créé
un certificat spécial pour l'enseignement du dessin
dans les écoles primaires.
a Art. 2. — Les examens dont le programme
sera dressé ultérieurement auront lieu après
ceux du certificat d'études.
« Art. 3. — Nul ne sera admis à concourir pour
l'admission dans les écoles professionnelles s'il
n'est pourvu du certificat susmentionné, o
ZLMiww!? a Art. LA — Il sera pro-
cédé à une réorganisation des cours de dessin
pour les adultes sur les bases suivantes :
« <%) Cours d'adultes primaires dont les élèves
pourront se présenter à des examens pour le
certificat primaire de dessin.
a Cours d'adultes secondaires de modelage

et de dessin où ne seront admis que ceux qu
seront pourvus du certificat primaire.
a r) Cours supérieurs de dessin et de modelage.
Ces cours devront être faits sur un programme
approprié aux besoins de l'industrie. Ils compor-
teront l'étude d'après le modèle vivant, la compo-
sition, des conférences sur l'histoire de l'art.
Durant l'automne et l'hiver, durant le printemps
et l'été, les cours seront transformés en excur-
sions à la campagne; ils seront faits sur la nature
même.
a Art. 2. — Il est créé un certificat secondaire
de dessin et de modelage. Le programme des
examens pour l'obtention de ce certificat sera
ultérieurement établi.
a Art. 3. — Nul ne sera admis à suivre les cours
supérieurs de dessin et de modelage s'il n'est
pourvu du certificat secondaire.
a Art. q. — Un certificat supérieur de dessin est
créé. Le programme de l'examen pour l'obtention
de ce certificat sera ultérieurement établi, a
A l'appui de ces deux propositions, M. Labus-
quière a fait l'exposé des motifs suivant :
a II est devenu évident que le dessin ét le
modelage ont pris une place très importante dans
l'enseignement populaire; le dessin plus particu-
lièrement, trop spécialement peut-être, joue un
grand rôle pédagogique, puisqu'il est éducateur
de l'œil et de la main.
a Enseignés avec méthode, ils doivent faciliter
l'éclosion de vocations artistiques; ils sont des
facteurs puissants du développement industriel
par leurs applications si variées.
a On ne saurait donc trop porter son attention
sur le développement de ce double enseignement.
a L'enseignement du dessin à l'école primaire,
qui plus particulièrement nous occupe en ce
moment, doit être surveillé de très près; il doit
avoir une sanction qui lui donne son caractère
d'utilité réelle et incite les élèves à ne le point
négliger.
a 11 importe aussi de réorganiser les cours
publics qui, en fait, sont des cours postscolaires
suivis par de jeunes apprentis soucieux de per-
fectionner les connaissances acquises à l'école ;
par des ouvriers qui, aux prises avec la pratique
de leur profession, comprennent touie la valeur
d'une éducation artistique.
a II importe aussi d'assurer un meilleur recrute-
ment de nos écoles professionnelles, où un grand
nombre d'élèves arrivent trop insuffisamment
préparés.
a Je tiens à ajouter un mot pour appeler toute
l'attention sur ces projets de délibération. Dans
une de nos dernières séances je disais qu'une des
puissances économiques qui a le mieux manifesté
son développement n'avait pas exposé ses mé-
thodes d'enseignement. Et ce qui est important,
non seulement, dis-je, cette puissance n'a pas
exposé ses méthodes d'enseignement, mais elle

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