FEVRIER 1901
et selon la loi de la chose à embellir.
Les sculpteurs, soucieux de faire œuvre
nouvelle et imprévue, ne se sont pas toujours
rendu compte de cette nécessité. Leur ima-
gination s'est évertuée sans mesure ni disci-
pline, et de là tant d'œuvres incertaines où
triomphent, avec un vif désir d'originalité, un
manque total de réflexion, une ignorance ab-
solue des exigences de l'adaptation. Heu-
reusement, quelques artistes subtils se sont
inquiétés des conditions du genre, se sont
appliqués à la fusion logique de l'ornement et
de l'objet. Ils ont naturellement choisi ce qu'il
y a au monde de plus souple et de pius gra-
CH. R. PEYRE LA LAME (E. BLOT ÉD.)
deux, la tige, la fleur, le doux corps féminin.
Ces trois merveilles se sont prêtées sous leurs
mains à toutes les combinaisons, ont adopté
toutes les formes, suivi tous les contours, se
sont infléchies selon toutes les arabesques,
sans jamais rien perdre de leur aisance natu-
relle, de leur grâce élastique et vivante. Elles
ont uni leur sveltesse et leurs moyens de sé-
duction, la tige enlaçant le torse cambré, la
feuille tombant sur la rondeur des seins et des
hanches, la corolle s'épanouissant au bout des
bras flexibles. On a vu s'accomplir les méta-
morphoses de l'antique mythologie et des
figures exquises se muer en laurier, en nar-
cisse, en mol hyacinthe. Des maîtres ouvriers
comme Dampt, Desbois, Baffier, Alexandre et
Félix Charpentier, Vallgren, travaillant des
matières diverses, ont opéré ces prodiges, et
presque toujours leurs compositions ornemen-
tales, à côté de la plus neuve fantaisie, ont
laissé voir un sens exact, une préoccupation
réelle de la destination de l'objet.
C'est la maison Colin qui édite les œuvres
de M. Félix Charpentier, c'est aussi dans ses
vitrines qu'on rencontre la plupart des bibelots
modelés par un sculpteur abondant, avisé et
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et selon la loi de la chose à embellir.
Les sculpteurs, soucieux de faire œuvre
nouvelle et imprévue, ne se sont pas toujours
rendu compte de cette nécessité. Leur ima-
gination s'est évertuée sans mesure ni disci-
pline, et de là tant d'œuvres incertaines où
triomphent, avec un vif désir d'originalité, un
manque total de réflexion, une ignorance ab-
solue des exigences de l'adaptation. Heu-
reusement, quelques artistes subtils se sont
inquiétés des conditions du genre, se sont
appliqués à la fusion logique de l'ornement et
de l'objet. Ils ont naturellement choisi ce qu'il
y a au monde de plus souple et de pius gra-
CH. R. PEYRE LA LAME (E. BLOT ÉD.)
deux, la tige, la fleur, le doux corps féminin.
Ces trois merveilles se sont prêtées sous leurs
mains à toutes les combinaisons, ont adopté
toutes les formes, suivi tous les contours, se
sont infléchies selon toutes les arabesques,
sans jamais rien perdre de leur aisance natu-
relle, de leur grâce élastique et vivante. Elles
ont uni leur sveltesse et leurs moyens de sé-
duction, la tige enlaçant le torse cambré, la
feuille tombant sur la rondeur des seins et des
hanches, la corolle s'épanouissant au bout des
bras flexibles. On a vu s'accomplir les méta-
morphoses de l'antique mythologie et des
figures exquises se muer en laurier, en nar-
cisse, en mol hyacinthe. Des maîtres ouvriers
comme Dampt, Desbois, Baffier, Alexandre et
Félix Charpentier, Vallgren, travaillant des
matières diverses, ont opéré ces prodiges, et
presque toujours leurs compositions ornemen-
tales, à côté de la plus neuve fantaisie, ont
laissé voir un sens exact, une préoccupation
réelle de la destination de l'objet.
C'est la maison Colin qui édite les œuvres
de M. Félix Charpentier, c'est aussi dans ses
vitrines qu'on rencontre la plupart des bibelots
modelés par un sculpteur abondant, avisé et
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