FEVRIER 1901
ne saurait éprouver le contentement parfait.
On est surpris, piqué, amusé, mais on se
reproche vite de se laisser ainsi séduire. On a
conscience que tout cela pèche par excès d'in-
géniosité et que tant de fantaisie blesse un peu
la logique souveraine. On cherche vainement
chez le décorateur la préoccupation de l'objet,
de son sens propre, de sa forme normale et de
son caractère pratique. Un «sujet )), une scène
de genre ne sont pas des appareils lumineux.
Les conditions de l'éclairage électrique récla-
ment autre chose que des jouets gentiment
machinés. Le vrai luminaire moderne — dont
M. Dampt a réalisé quelques types — doit
concilier l'original et l'utile, nous révéler sous
la plus fine parure d'art le schéma voulu par la
raison, satisfaire en un mot à toutes les néces-
sités de l'objet usuel.
La statuette n'est point soumise à des
règles aussi étroites. La fantaisie peut s'y
MILLES SALOME (COLIN & 0-° ÉD.)
M. BOUVAL PARFUM DES FLEURES
(COLIN & C" ÉD.) o o
déployer sans contrainte dans les limites qui
s'imposent à toute sculpture. Les figurines que
nous reproduisons ici sont charmantes et
diverses, elles attestent les progrès accomplis
depuis quelques années par le bronze d'art.
Leur accent original, leur facture élégante et
serrée contrastent avec la banalité des modèles
commerciaux: troubadours, bergères, enfants
joufflus, nymphes, soubrettes sentimentales,
perpétuant de niaises et veules traditions. Rien
de poncif ni de vulgaire; un sens aigu d'artiste,
une technique de bon ouvrier s'appliquant à la
traduction des aspects de l'histoire, du rêve et
de la vie moderne.
Le rêve et la modernité se combinent dans
les statuettes de M. Bouval de façon très savou-
reuse. Nos abonnés se rappellent l'exquise
poésie du « Secret )), édité par la maison
Goldscheider, dont la photographie figurait,
dans notre numéro 23, au milieu de nombre
d'autres. Ils goûteront cette fois la fière allure,
ne saurait éprouver le contentement parfait.
On est surpris, piqué, amusé, mais on se
reproche vite de se laisser ainsi séduire. On a
conscience que tout cela pèche par excès d'in-
géniosité et que tant de fantaisie blesse un peu
la logique souveraine. On cherche vainement
chez le décorateur la préoccupation de l'objet,
de son sens propre, de sa forme normale et de
son caractère pratique. Un «sujet )), une scène
de genre ne sont pas des appareils lumineux.
Les conditions de l'éclairage électrique récla-
ment autre chose que des jouets gentiment
machinés. Le vrai luminaire moderne — dont
M. Dampt a réalisé quelques types — doit
concilier l'original et l'utile, nous révéler sous
la plus fine parure d'art le schéma voulu par la
raison, satisfaire en un mot à toutes les néces-
sités de l'objet usuel.
La statuette n'est point soumise à des
règles aussi étroites. La fantaisie peut s'y
MILLES SALOME (COLIN & 0-° ÉD.)
M. BOUVAL PARFUM DES FLEURES
(COLIN & C" ÉD.) o o
déployer sans contrainte dans les limites qui
s'imposent à toute sculpture. Les figurines que
nous reproduisons ici sont charmantes et
diverses, elles attestent les progrès accomplis
depuis quelques années par le bronze d'art.
Leur accent original, leur facture élégante et
serrée contrastent avec la banalité des modèles
commerciaux: troubadours, bergères, enfants
joufflus, nymphes, soubrettes sentimentales,
perpétuant de niaises et veules traditions. Rien
de poncif ni de vulgaire; un sens aigu d'artiste,
une technique de bon ouvrier s'appliquant à la
traduction des aspects de l'histoire, du rêve et
de la vie moderne.
Le rêve et la modernité se combinent dans
les statuettes de M. Bouval de façon très savou-
reuse. Nos abonnés se rappellent l'exquise
poésie du « Secret )), édité par la maison
Goldscheider, dont la photographie figurait,
dans notre numéro 23, au milieu de nombre
d'autres. Ils goûteront cette fois la fière allure,