ITART DÉCORATIF
ici l'architecte n'a pas été tout à fait libre. Et au
lieu de la main courante bien unie qu'il avait
rêvée, il a dû hérisser la rampe d'obstacles,
légers au reste s'ils étaient en nature, car le
vulgaire pissenlit, la fleur préférée, au dire de
Jules Laforgue, par les pâles et lunaires
Pierrots :
Ils ont comme chaton de bague
Le scarabée égyptien,
A leur boutonnière fait bien
Le pissenlit des terrains vagues.
en a fait les frais.
Cette rampe et l'escalier qu'elle dessert
s'arrêtent au premier étage, aux appartements
de réception. Pour desservir la partie supé-
rieure de l'hôtel, M. Schœllkopf a composé un
escalier plus étroit d'une menuiserie intéres-
sante et dont la rampe d'une hauteur inusitée,
un mètre cinquante, a pour but de protéger
ceux qui le parcourront du contact parfois
dangereux de l'ascenseur voisin.
Cette précaution permettra de se rendre
compte des soins tout particuliers que prend
des détails et commodités intérieures M. Schœll-
kopf. Dans la menuiserie des portes, par
exemple, il est l'auteur d'une innovation aussi
logique qu'heureuse. Les panneaux prennent
la forme trapézoïde afin de présenter dans la
CARDEILHAC THÉIÈRE (ANCOLIES) ET FLAMBEAUX (TULIPE)
partie médiane de la porte l'évidement d'un angle
aigu ouvert du côté de la serrure. Cette disposi-
tion au point de vue métier permet d'installer
une serrure lardée sans couper la porte et, au
point de vue pratique, empêche les maculatures.
Partout où M. Schœllkopf a été maître de
sa menuiserie ce système a été appliqué, ainsi
que celui des chambranles sans mouluration
dans lesquels les portes se trouvent comme
encadrées. Quitte à racheter ce que cette con-
ception a de sévère par la courbe heureuse du
ceintre terminal et l'ornementation d'une pivoine
taillée en plein bois.
Mais là s'arrête dans un intérieur l'initiative
de l'architecte. Ses préférences doivent être
subordonnées aux exigences des habitants du
lieu, à leur goût, à la mise en valeur des bibelots
qui leur sont chers. Aussi, notre discrétion
aidant, n'irons-nous pas plus avant dans la
description du logis. Notons cependant dans la
salle à manger la présence de la jolie glace en
cuivre repoussé et découpé du bon sculpteur
Rupert-Carabin.
Soucieux de la perfection de toutes les
parties de l'habitation qu'il a construite, M. Schœll-
kopf a tenu à donner une silhouette au derrière
de la construction, partie ordinairement sacrifiée
par les architectes, ((puisqu'elle ne se voit pas.))
La maçonnerie est en meulière et protégée
à la hauteur du comble par un auvent sous le-
quel s'abrite un chemin couvert desservant les
chambres ménagées sous la toiture. L'auvent
met une ligne colorée sur cette muraille forcé-
ment grise qui n'aurait sans cela comme note
ici l'architecte n'a pas été tout à fait libre. Et au
lieu de la main courante bien unie qu'il avait
rêvée, il a dû hérisser la rampe d'obstacles,
légers au reste s'ils étaient en nature, car le
vulgaire pissenlit, la fleur préférée, au dire de
Jules Laforgue, par les pâles et lunaires
Pierrots :
Ils ont comme chaton de bague
Le scarabée égyptien,
A leur boutonnière fait bien
Le pissenlit des terrains vagues.
en a fait les frais.
Cette rampe et l'escalier qu'elle dessert
s'arrêtent au premier étage, aux appartements
de réception. Pour desservir la partie supé-
rieure de l'hôtel, M. Schœllkopf a composé un
escalier plus étroit d'une menuiserie intéres-
sante et dont la rampe d'une hauteur inusitée,
un mètre cinquante, a pour but de protéger
ceux qui le parcourront du contact parfois
dangereux de l'ascenseur voisin.
Cette précaution permettra de se rendre
compte des soins tout particuliers que prend
des détails et commodités intérieures M. Schœll-
kopf. Dans la menuiserie des portes, par
exemple, il est l'auteur d'une innovation aussi
logique qu'heureuse. Les panneaux prennent
la forme trapézoïde afin de présenter dans la
CARDEILHAC THÉIÈRE (ANCOLIES) ET FLAMBEAUX (TULIPE)
partie médiane de la porte l'évidement d'un angle
aigu ouvert du côté de la serrure. Cette disposi-
tion au point de vue métier permet d'installer
une serrure lardée sans couper la porte et, au
point de vue pratique, empêche les maculatures.
Partout où M. Schœllkopf a été maître de
sa menuiserie ce système a été appliqué, ainsi
que celui des chambranles sans mouluration
dans lesquels les portes se trouvent comme
encadrées. Quitte à racheter ce que cette con-
ception a de sévère par la courbe heureuse du
ceintre terminal et l'ornementation d'une pivoine
taillée en plein bois.
Mais là s'arrête dans un intérieur l'initiative
de l'architecte. Ses préférences doivent être
subordonnées aux exigences des habitants du
lieu, à leur goût, à la mise en valeur des bibelots
qui leur sont chers. Aussi, notre discrétion
aidant, n'irons-nous pas plus avant dans la
description du logis. Notons cependant dans la
salle à manger la présence de la jolie glace en
cuivre repoussé et découpé du bon sculpteur
Rupert-Carabin.
Soucieux de la perfection de toutes les
parties de l'habitation qu'il a construite, M. Schœll-
kopf a tenu à donner une silhouette au derrière
de la construction, partie ordinairement sacrifiée
par les architectes, ((puisqu'elle ne se voit pas.))
La maçonnerie est en meulière et protégée
à la hauteur du comble par un auvent sous le-
quel s'abrite un chemin couvert desservant les
chambres ménagées sous la toiture. L'auvent
met une ligne colorée sur cette muraille forcé-
ment grise qui n'aurait sans cela comme note